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 Lone Wolves

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Kriss M. Grimm
SUCKER FOR PAIN

Kriss M. Grimm
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↳ Opinion Politique : Chaos, Violence rule her world. Freedom could kill her, but she’d rather go on.
↳ Niveau de Compétences : Niveau 2 - Teenage Monster
↳ Playlist : Between the bars - Elliott Smith ¦ Seven Nation Army - The White Stripes ¦ John and Jehn - Vampire ¦ Bashung - Madame Rêve ¦ Queen - Killer Queen ¦ Hubert Félix Thiéfaine - Les Dingues et les Paumés

↳ Citation : Madness is the emergency exit. You can just step outside, and close the door on all those dreadful things that happened. You can lock them away. Forever.
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MessageSujet: Lone Wolves   Lone Wolves EmptyLun 18 Juin - 21:16


Lone Wolves

   
The cold suffocating dark goes on forever and we are alone, live our lives, lacking anything better to do. Born from oblivion; go into oblivion. There is nothing else. Existence is random. - Rorshach


La fraîcheur de la nuit excite sa peau de nacre, que traversent des vagues de frissons. L’humidité du ciel relève sa chevelure, mèches qui s’arrondissent, fourchent et se collent à sa peau. Il y a une brume fraîche, une petite pluie. Une rosée qui ne s’est pas levée au crépuscule et ne le fera pas davantage à l’aube, désœuvrée et perdue, dans les heures longues de la nuit. Une nuit sans fin, elle tremble. Ses sens sont en effusion, profusion d’appels et de retours, éruptions d’impressions lointaines. Elle sent tout. Une vieille odeur d’essence qui colle au béton et brûle son odorat, le parfum d’Andy, plus doux, une odeur de femme, mais de femme brûlée par le sel et l’amer, par tout ce qui perds les âmes et les transforme. Et ses lèvres pleine d’alcool, un whisky ambre, fumé, terre brûlée de monde perdus, trouvé dans le fin fond d’un placard d’un homme trop riche pour être vivant. Au nombre de deux, jumelles d’outrance, posées il y a quelques heures devant Andy comme des trophées et une invitation à la décadence. Kriss tremble, une vibration étrangère, proche de celle d’une ruche ou des ailes d’un colibri. Une vibration qui l’embrase, chaleur dans ses jambes titubantes, chaleur dans ses yeux brûlants. La peau de Kriss crépite, électrique, frappée par l’air humide. Elle sent la nuit, comme un voile sur sa peau, qui tire, tire pour entrer sous le cuir, dans le derme pale, ce vestige d’humanité, et rejoindre le sang noir qui glisse dans ses veines. Le rythme du monde est plus lent, pétrole purulent qui lentement descend la vallée de ses pensées confuses. Kriss entends des bruits, des frémissements, une chouette lointaine, des pas qui se rapprochent. Et les ombres joueuses qui grandissent, grandissent. Ses lèvres exsangues se saisissent de cette cigarette qu’elle glisse à sa bouche. Aspire. Et la décharge d’alcool est plus forte, plus virulente. Poison qui peine à diluer son sang noir, mais qui après la première bouteille, lui offre l’ivresse enfin. Et le vol léger des âmes qui ne se moquent plus que de rien, qui planent, avions de papier, traversant les rues sans retrouver leur chemin.
 
Sa main cherche celle d’Andy, effleure son poignet, glisse jusque ses doigts, papillons nocturnes qui se posent à peine, comme un souffle d’air, une caresse légère. Ses doigts entrelacent les siens. Pour ne plus sentir qu’Elle. Et pas la nuit si fraîche, les étoiles si lointaines. Pour sentir sa chaleur glisser le long de son poignet jusque son cœur, pulsion d’un sang qu’elle sent passer entre les veines de l’humaine. Pulsation d’énergie, aura délicieuse dont elle n’aspire le nectar, mais qui la rassure, qui l’affame et l’apaise à la fois. Parce que ses sens sont trop volages, parce que le monde est une multitude de minuscules informations qui immenses ravagent son esprit, elle se concentre. Tenir la main d’Andy la concentre. Son âme ne touche plus que la sienne, et son cœur tente de tenir le rythme plus vivant de celle qui n’est encore métamorphosée par la magie noire. Ses doigts se serrent, se referment. Elle lui tient la main comme elle le ferait d’une amante, comme elle le faisait d’une sœur.
 
Une perle mémorielle explose. Pluie multicolore, chatoiement soudain, embrasement du cœur, ivresse du sang. Le visage de sa sœur. Depuis la mort du père, les réminiscences sont brutales et invasives. Kriss aimerait pouvoir mentir et souffler son amnésie, mais elle serait mensongère. Kriss tenait la main de sa sœur, elle l’emmenait quelque part. Et pourtant elle ne sait pas, si c‘est Andy qui l’entraîne ou elle qui dirige. Tout se bouscule, La connexion est fine. Les sens sont floués. Il est rare qu’elle s’abandonne ainsi, complètement, dans les bras d’une ivresse si profonde, qu’elle ne sait plus vraiment ni la couleur du ciel, ni ces lumières grésillantes et mouvantes, si elles viennent vers elle ou si elles s’éloignent. Sa main est faible, elle tient à peine celle d’Andy. Et pourtant ses doigts se resserrent, une inquiétude le long des phalanges, un pressentiment du corps qui ne touche pourtant l'esprit embué par l’ambre. Sa sœur a manqué un battement de cœur, puis un deuxième. Elle se rappelle sa main, qui était dans la sienne. Elle ne rappelle le silence des veines. Comme si tout cessait. Elle ne rappelle la lente ascension de l’angoisse autour d’elles. Elle se rappelle la lente propagation du froid dans ses doigts. Les os durs et solides et pourtant, légers. Les muscles compactes. Les ongles soudain menaçants. Et les cris, les hurlements, quand enfin on les trouva.
 
Mais la main d’Andy est chaude, et le sang court toujours dans ses veines. Alors ses lèvres happent un autre appel d’air. Inspire la fumée, enfume les sens. Vrille le sens du monde, dans ses pupilles animales. Ses paupières sont pales, maladives. Et ses cheveux sauvages. Et pourtant, il n’y a ni rides au creux de ses yeux, ni soucis dans la commissure de ses lèvres. Le visage de Kriss est complètement détendu comme il ne le fut pendant des jours, des semaines. Une torpeur enlace son corps. Une douceur réchauffe son cœur. La cigarette glisse de ses doigts, encore inachevée, emportée par un courant d’air, ou un frisson dans sa main. Qu’importe, l’incandescence s’est déjà éprise de son essence la plus profonde, et ses yeux sont déjà plein du brouillard délicieux des astres perdus. Son pas s’arrête, comme si le feu de la cigarette était l’essence de son moteur. Mais ses yeux ne se baissent pas à sa recherche, au contraire ils se lèvent, regardent le ciel. Sur son visage pleure la nuit, rosée nocturne qui glisse comme des larmes fines sur le voile de sa peau. Son cœur manque un battement, comme blessé par l’impact à venir. Et sa main se serre plus fort autour de celle d’Andy. Les ombres crient, tout autour d’elle. Lui hurlent de courir. Mais Kriss a les jambes faibles et le cœur en disette, elle n’a plus envie de courir.
 
Alors, qu’importe. Qu’importe si les miliciens ont enfin retrouvé sa trace. Et qu’ils sont là pour venger un des leurs. Qu’importe si on lui passe les fers et enferme son âme insaisissable. Qu’importe s’il s’agit encore d’un de ses assassins à la solde dont ne sait qui. Qu’importe même s’il s’agit d’un de ces oiseaux dont elle a laissé la vie et qui ne rêve que de dépecer la sienne. Qu’importe, Minotaure est mort et elle est fatiguée de courir.

Uppercut. Le jour arrive, lumière dans ses yeux, brutale. Quelques voix d'hommes, qu'elle ne comprends pas. L'ivresse la rend insensible à la langue, ne compte que leurs postures, autour d'elles, menaçantes. Ils sont apparus comme une meute de loups autour de la proie solitaire. Furtifs, fugaces, invisibles et silencieux, et soudain, la babine humide et le croc grondant prêt à  les mordre. Kriss tente de reprendre ses esprits mais sa pupille est toujours dilatée et elle ne voit que cette lumière qu'on projette dans son regard. Cela va trop vite, ou est-elle trop lente ? On la tire en arrière. Ses doigts se serrent encore, plus fort, jusqu’à ce que s’en soit douloureux, jusqu’à ce qu’elle garde la marque des phalanges d’Andy dans les siennes alors même que le contact ne se perds. Le corps se débat. Elle feule comme une chatte en colère. Ses ongles griffent le vide. Un voile noir et étouffant passe sur son visage. Elle ne peut plus respirer, elle ne peut plus voir. Ses mains chassent dans le vide, mais elle ne touche pas de peau à qui elle puisse voler l’énergie. On la soulève, ses jambes frappent l'espace. Elle perds la notion du haut et du bas. Elle perds sa liberté dans un soubresaut d’échine. L'homme qui la tient referme plus fort ses bras.

Et puis, soudain, un coup dans la nuque. La douleur est fulgurante, un infime millième de secondes. Et puis, la nuit l'embrasse, elle sombre dans l'inconscience. Et tout disparait, avalés par les ténèbres grinçantes.

Une voix grave, rauque, crache, menaçante.

Hey, toi, faut pas abîmer la marchandise.
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Andy Serra
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Andy Serra
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MessageSujet: Re: Lone Wolves   Lone Wolves EmptyJeu 21 Juin - 15:49


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Lone Wolves

Et pendant quelques instants je m'obstinai à vouloir comprendre ce mystère ; mais bientôt l'irrésistible Indifférence s'abattit sur moi, et j'en fus plus lourdement accablé qu'ils ne l'étaient eux-mêmes par leurs écrasantes Chimères. (c) Baudelaire
- icons (c) DΛNDELION -





Les yeux clos et sous le front, les divagations, les et si et les peut-être.  Tout un tas d’informations triées et rangées dans la caboche bousillées. Réminiscences qui heurtent et cognent, foutent à terre. Le visage de l’insolent qui se dessine encore et toujours derrière les paupières. Boucles brunes aux paroles acerbes, acidité rongeant la boîte crânienne.  Le faire taire et oublier. Oublier son existence, ses contours et le timbre de l’idiome. Oublier qu’il a un jour été quelqu’un pour ne devenir qu’un mirage pour des bouts de tout, des bouts de rien.
Les prunelles s’égarent et se posent tout autour avant de trouver leurs vis-à-vis. Petite carcasse féminine qui m’accompagne dans l’ivresse. Kriss. Innocence étampée sur la gueule, jeunesse embrassant ses traits. Je ne me souviens plus vraiment comment tout a commencé. Commencé vraiment. Après les cris et la terreur, après les coups de griffes et les coups de sang. Les promesses muettes, celles que l’on se fait quand on est gosses. Une envie devenue besoin et Kriss est là. Les lèvres s’ouvrent et ingèrent le liquide amer qui bousille et brûle l’œsophage. Et peu importe, peu importe si ça pique, si ça chauffe, si ça anesthésie. Peu importe du moment que l’on est en vie. Il n’y a jamais les mots, que des silences éloquents. Compagne reposante et apaisante, un peu plus chaude qu’une bouteille de whisky ou de rhum. Humidité dérangeante, le nase renifle bruyamment. Poison liquide que j’avale et avale jusqu’à ce que les perceptions se brouillent, jusqu’à ce qu’il y ait du vide dans mon crâne ou du trop plein de rien. Agression des sens, flotte qui imbibe les fringues et les os. Frissons parcourant l’échine, un peu plus encore lorsque les tiges fines se glissent sur mon poignet. Contact que je voudrais repousser, arracher mais que je laisse finalement faire. Parce que c’est toi. Air de poupée, Kriss c’est celle qu’on voudrait cajoler et protéger du monde entier. Et je sais pas, j’en sais rien, le pourquoi. Peut-être parce que j’ai placé en toi des espoirs égoïstes, qui m’appartiennent. Te donner le choix, là où moi, j’ai dû me diriger dans le couloir de la mort. Et te sauver de toi et de moi et des autres. Peut-être ou peut-être pas.

Fracture de l’espace-temps.
Ciel qui se charge d’électricité et le zèbre d’éclairs contraires. Et dans les artères, quelques silhouettes se pressent pour se mettre à l’abri quand on avance, qu’on marche sous la pluie. Flotte salvatrice qui goutte en rythme sur la boîte crânienne et qui fouette la terre. Et elle s’arrête, Kriss, bâton mouillé qu’elle porte à ses lèvres dans un nuage bleuâtre comme pour en changer le dernier qui gît à nos pieds avant de disparaître dans une bouche d’égout.
Ronronnement de moteur et le museau se dresse et les orbes fouillent les environs. Véhicule imposant et sombre, si rare dans ce chaos. Les phalanges s’enlacent et se serrent. Et dans le crâne se jouent une multitude de scénarios. Ennemis trop nombreux pour qu’on puisse les compter. Les muscles se crispent et les os semblent rouiller. Les portes claquent et les silhouettes pareilles à des ombres fondent sur nous comme un jour d’orage ou de tempête. Y a les ordres et les cris, les cliquetis de flingues qu’on charge et les balles qu’on chambre. Sourde à leurs revendications, je n’entends rien, ne sens que la main qui s’arrache à ma pogne et que je veux tenir et retenir. Et des beuglements, encore. Les quilles s’animent et cherchent à fuir, à retrouver la fille pour partir vite et partir loin. Mais ils la tiennent déjà, fauve qui feule, crache, griffe et qu’ils immobilisent. Et ils sont où les yeux de Kriss ? Et ils sont où ses petits doigts dans les miens ? Et il est où son parfum de baies sauvages ? Je grogne, enrage, écrabouille des petons, donne des coups de coudes et de poings. Et la crosse cogne l’arrière du crâne et c’est le noir.
Corps qui retombe sur l’asphalte, s’égratigne et s’étale.
Et le vide, rien que le vide et le sombre. Chute interminable, noyade.

Ça bourdonne à l’encéphale, migraine qui enserre les tempes. Fines mailles de tissu sombre qui recouvre la gueule quand tous les membres sont attachés. Et j’entends. Le bruit du moteur, les respirations, les quintes de toux et les conversations. Je peux tout entendre mais ne rien voir. Fines mailles qui recouvrent la gueule à l’en faire suffoquer et d’où rien ne filtre. Je m’agite dans un sursaut et la godasse embrasse les côtes. Expiration et douleur. Je geins et couine, petit animal blessé. Le myocarde éclate, se bute dans sa cage. Trogne qui repose sur le dur, odeurs de merde et d’essence se mélangent et font froncer les naseaux. Pédale de frein qu’il écrase, le type. Les corps sont ballotés et se choquent. Et sa flagrance dénote de la crasse ambiante.

« Kriss ! »

Prénom qui s’échappe des lippes et qui s’étouffe dans le tissu. Je me tortille comme un vers, cherche à retrouver son odeur et sa chaleur. Les poignes se serrent autour des membres, insultent et frappent pour rendre plus sage, plus docile. Claquements de paumes qui se jointent, rires et blagues.

« J’te ramène ce que tu m’as demandé, un joli p’tit lot celui-là, tu m’en diras des nouvelles. »

La lueur des néons blancs apparaît soudainement, éclate les pupilles et aveugle. Grimace étampée à la gueule, je sens des doigts froids serrer la mâchoire pour redresser le minois avant que le noir ne refasse surface. Tirée à même le sol, l’échine s’esquinte sur les aspérités avant d’être relâchée. Les cheveux s’emmêlent et se collent sur la tronche alors qu’il retire enfin cette saloperie du visage. Les mirettes peinent à s’habituer à la luminosité. Cage dont les contours se dessinent. Et les membres voudraient se démettre, arracher les liens qui m’empêchent de bouger.
Je hurle en sachant pertinemment que cela ne va servir à rien, qu’ils seront sourds à mes plaintes, à mes insultes. Fauve qui rugit et veut se sortir d’ici. Et tout à côté, la frêle silhouette. Kriss posée dans une cage juste à côté. Je rampe jusqu’au bout de ma prison, attends que ces bouffons dégagent.

« Hey, hey, tu n’as rien ? »

Pas encore ne cesse de me répéter ma raison.

« Est-ce que tu les connais, ces types ? »

C’est peut-être une erreur de casting, une ressemblance malencontreuse. Peut-être qu’elle s’est mis à dos la ville entière en quelques jours. Non. Impossible. Chercher un lien de cause à effet ne m’aide en rien. Je me bouffe les lèvres, mordille et arrache des bouts de peau.
Tout déraille lorsque le type débarque. Costard beaucoup trop propre, le mec est un putain de cliché du bad boy des bas quartiers qui veut se la jouer. A ses côtés, un foutu gars qui se ratatine dans une blouse blanche, pas vraiment blanche.

« Regarde ça, doc, du premier choix. Elles sont jeunes à toi de me dire si elles sont en bonne santé, les chattes qui trainent ont cette foutue tendance à choper des saloperies. »

Il ricane.

« Ferme ta gueule fils de chien, j’suis certaine qu’on est plus saine que ce qui traîne entre tes chicots. »

L’invective qui lui tire un sourire narquois. C’est qu’il les aime bien un peu revêche, c’est plus jouissif de les voir se soumettre. Il s’accroupit, garde une certaine distance de sécurité.

« Parfait, on va commencer par toi si tu y tiens tant que ça ma jolie. »

Mouvement de tête, les clés tintent contre la ferraille et la porte s’ouvre. Y a pas vraiment de délicatesse quand on me tire, tête cognant le béton. Pièce blanche avec en son centre un fauteuil, le même que possèdent les dentistes mais avec des bracelets de fer en plus.
On m’harnache comme si j’étais la pire des criminelles. Décharge électrique parcourant le système nerveux pour me rendre plus malléable. Et le vide encore, le vide toujours.



Corps éreinté balancé par terre, Andy respire, Andy dort ou Andy crève. Le médecin désigne l’autre cage, largue ses consignes pour ne pas qu’on ne lui abîme sa jolie frimousse. Simple caprice, puisque de son physique, il s’en fout. Le docteur Frick se moque des galbes et des courbes, il n’est là que pour étudier les gènes de cette jeune génération, cet entre-deux qui a connu l’avant et l’après chaos. Génération d’égarés qu’il se moque de sacrifier au nom de la science. Le chercheur sait parfaitement que l’immunité envers les créatures mi-mortes, mi-vivantes est une affaire de génétique et il compte bien le prouver en isolant la souche. Virus qu’il injecte dans le corps de ses patients qui n’ont rien de volontaires. Il attend, il regarde, cette saloperie bouffer les tissus et les organes. Mais jusqu’à présent, ils crèvent ou se transforment. Oh le docteur Frick a tout un tas d’idées enfoncées dans le crâne. C’est qu’il ne recule devant rien, exalte devant l’étendue infernale de cette population. Draybreakers qu’il n’oublie pas, qu’il espère un jour pouvoir attraper dans ses filets. Mais ils sont coriaces et planqués, difficiles à trouver.

Kriss est à son tour forcée de s’asseoir, attachée jusqu’à ce collier de ferraille qui lui enserre le cou. Décharge administrée pour lui remettre les idées en place. Et le sang se révèle autre, goudron emplissant l’éprouvette. Substance qu’il veut analyser sous toutes ses formes. Et il se réjouit. Se réjouit d’assister aux prémices de l’après chaos. Ses longs doigts écrasent le visage de la poupée, serrent trop fort la mâchoire pour l’empêcher de parler.

« Et dire que je ne t’attendais plus. Tu as mis longtemps à venir me voir. »

Tout à sa folie, il sifflote, passe l’échantillon sanguin au microscope.

« Ramenez-la en cellule et ne vous approchez pas d’elle. Laissons-la vider ses batteries pour mieux les lui recharger par après. »



(C) MR. CHAOTIK


Dernière édition par Andy Serra le Mar 3 Juil - 23:42, édité 1 fois
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Kriss M. Grimm
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MessageSujet: Re: Lone Wolves   Lone Wolves EmptyLun 25 Juin - 22:57


Lone Wolves

   
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Kriss entends son nom et c'est comme une bourrasque lointaine. Un coup de vent qui gravit les profondeurs de son subconscient, qui s’élance et s'avance, qui s'enfonce et se lève. Un vent furieux, plein d'une angoisse sonnante. Il n'est pas temps de dormir. La voix d'Andy  glisse sur des prémisses de conscience, se saisit d'une bribe d'attention et tire, la rappelant à la réalité, mais ses paupières sont encore lourdes. L'alcool glisse le long de ses veines, en change la nature. Chaque seconde qui passe la rapproche d'un état d'éveil, mais ses sens sont obscurcis et elle peine à franchir ces barrières floues qui la retiennent. Il lui semble être étendu quelque part, elle ne peut pas voir. Le moteur gronde sous elles. Elles sont perdues. On les perds. Il est trop tard pour essayer de comprendre où le camion les emmène. Il est trop tard pour se débattre encore. Il est trop tard. Elles ne sont plus libres. Cette liberté leur fut volée. Elle souffle.

Je suis là.

Sa voix est rauque, souffle difficile au travers le tissu. Un coup de pied la fait taire. Le moteur s’éteint, les portes s’ouvrent. On les prends, on les tire, on les traîne. Et c'est douloureux, c'est bouleversant, c'est humiliant. Elle perds ses repères, elle chute et tombe, manque de rouler sur le sol. Kriss se laisse  pourtant vaguement faire, poupée dont on enlève le voile. Ses yeux sont vagues encore mais le froid chasse l'ivresse. Ses pupilles animales font le tour de la cage, cherche la défaillance, mais le fer est parfait et l'espace trop fin, son corps est de bien trop d'os pour pouvoir le traverser. A l'amie qui s’inquiète, elle réponds doucement.

Pas de casse.

Quelques bleus, peut-être, mais rien qui ne lui soit étranger. Eux par contre, ne lui rappellent rien.

Non, je ne crois pas.

Il y a une rumeur qui court dans les rues sombres de la nouvelle Orléans. Il y a une rumeur qui souffle une brise d’inquiétudes et de méfiances. Une rumeur qui s'est échouée à son oreille mais qui en ces temps de grand tourments n'a éveillée que son indifférence. Il y a des gosses qui disparaissent, des sdfs, des junkies, des gens qui ont 20, 25 ans mais tout à peine. Il y a des gosses qui disparaissent et qu'on retrouve parfois, le corps abandonné dans un coin de rue, avec des blessures qui ne ressemblent à rien aux morsures des morts vivants. Kriss se rapproche d'Andy, ses yeux l’auscultent, elle semble aller bien. Dans ses prunelles brillent la même colère. L'humaine vibre, furieuse, elle peut presque sentir ses émotions tant elles sont fortes. Elle lui rappelle la première fois qu'elle fut prise au piège. Mais leurs ravisseurs reviennent vite, il n'y a pas le temps de fomenter un plan, elle n'a, en outre, encore aucune idée qui tienne la route. Ils arrivent. Un docteur, malgré la violence des bouledogues dont il s'entoure, c'est peut-être lui la vraie source de cette embuscade. Ils s'emparent d'Andy. Sa tête se pose contre le sol, elle entends les sons qui se propagent, compte les pas, s'imagine la scène. Et puis, alors que son ouïe fine entends les gémissements, ses paupières se ferment.  Puissent-ils être maudits ceux qui osèrent s'emparer d'elle. Puissent-ils être maudits, et pourris jusque la moelle.

Les paupières ne se rouvrent que quand ils reviennent, sur le terrible spectacle de son amie. La colère dévore les iris clairs, fureur profonde. Kriss fait tant de cauchemars, elle a tant passé de temps dans une illusion que parfois elle oublie le blanc du noir, et ses notions de bien et de mal sont tellement flouées qu'elle ne fait guerre la différence. Mais cette fois ci c'est clair comme l'eau de rivière qui frappe les pierres et hélas, c'est bien réel, ce n'est pas une cage virtuelle. Kriss ne sait pas où elles sont, ni comment sortir, ce n'est pas un jeu d'espionnage ou une mission à ciel ouvert. Elle a déjà perdu, elle est déjà prise au piège.

L'attention se retourne sur elle, ils s'emparent de ses bras et la force à les suivre. Kriss est presque docile. Parfois ressembler à une poupée est suffisant pour baisser leurs défenses et attentions, parfois il y a une ouverture  qu'elle puisse saisir, une fraction de seconde qui échappe au temps et à l'espace, une fissure même infime.  Cette fois, pourtant, ils sont d'une minutie presque scientifique. Rien n'est laissé au hasard et ses beaux yeux tristes ne semblent toucher personne. Sa peau tendre est enfermée dans des bracelets de fer. Un collier enferme son cou, froideur désagréable, prémisse d'esclavage. Le mercenaire se tourne vers elle, laisse glisser son regard sur ses courbes, comme s'il en fut le détenteur. Mais un signe du scientifique lui rappelle qu'il n'y a pas de temps  à perdre. Un sourire vicieux sur les lèvres, les mots putrescents, il lui susurre.

Désolée Chérie.

Avant de lancer des vagues d'électricité. Et c'est alors, comme un feu d'artifices. Mille couleurs qui se mélangent, qui se dérangent, qui explosent. Son corps se tends, l'air crépite. L'électricité la traverse comme une vague de douleurs, oscillantes et montantes, violentes et arythmiques. Cela ne dure qu'une poignée de secondes, mais cela arrête son cœur, son souffle et même son âme brûle sous la violence de l'uppercut. L'homme s'amuse, il recommence. Et c'est comme si tous ses sens devenaient des incandescences. Comme si le sang noir s'enflammait dans ses chairs, qu'il s’éveillait, fleuve d’épines le long des dermes trop tendres. Kriss brûle, Phoenix sans renaissance, oiseau noir à qui l'on coupe les ailes. Sacrifiée au nom d'une blouse blanche et d'un esprit fou. Quand cela s’arrête enfin, son cœur bat plus fort et elle n'a plus guère l'envie de jouer la poupée docile. Kriss se débat malgré les fers, refusant qu'on se saisisse de son bras. L'esprit est fou, et récalcitrant, elle leur refuse la moindre victoire comme réveillée par les douleurs et animée par la revanche. Mais l'aiguille trouve vite la veine et le sang noir glisse le long du tuyau. Une crainte passe sur son visage, elle cherche les yeux du scientifique. Ce qu'elle y voit alors la terrifie. La victoire. Il sait ce que le sang noir signifie. Il sait ce qu'elle est. Pire, il jubile.  Ses paroles confirment sa crainte. La sentence la fait taire. Comment peut-elle s’échapper s'ils connaissent sa vraie nature? Kriss perds l'effet de surprise avant même l'attaque.

Alors qu'ils la ramènent  à sa cage, le scientifique apostrophe le mercenaire.

Mets la en face. Il faut l'isoler, faut pas qu'elle puisse toucher l'autre sans notre accord.

Les heures passent, l’âme trépasse. De perle en perle sur un collier d'ennui, les secondes s’égrènent. L'air est froid. La faim s'invite comme une vieille amie, dame faucheuse, ombres qui l'encerclent. Kriss n'est encore la marionnettiste qui les agite comme des pantins. Les ombres sont joueuses, sauvages, elles s'amusent sur le sol, elles mordillent sa peau. Les ombres l'agacent. Parce qu'elle a faim et que la faim ronge. Alors parfois, pour mieux passer le temps, elle lance des petites pierres sur les ombres qui tombent, rebondissent, occupant son ouïe et ses sens carnivores. Ou alors, elle parle, quelques mots, sans grand sens, c'est qu'il leur manque une bouteille et de quoi parler. Elle tente de ne songer à rien quand ils se saisissent d'Andy encore, mais chaque fois ses dents se serrent et se serrent plus forts. Une noirceur éclot dans son regard, une noirceur qu'elle avait chassée, loin, loin, depuis son échappée du labyrinthe. Une noirceur pourtant qui n'avait jamais quitté son ombre et qu'elle retrouve enfin. Une dureté quand elle aimerait être aussi légère qu'un papillon et s'envoler au travers des grilles de fer.

Raconte moi, raconte moi tout ce qui se passe la-bas.

Chaque fois qu'ils passent, ses ravisseurs la regardent, notent scrupuleusement quelques notes sur un cahier de laboratoire. Kriss les ignore, mais elle sent leurs attentions comme une camisole sur ses pulsions.

A une heure perdue du jour qui s'est levé ou de la nuit suivante, leur ravisseur ramène enfin de la nourriture et de l'eau, qu'il offre à Andy avant de repartir. L’odeur est alléchante mais elle en connaît déjà le goût, cendres et fumées. Alors que le geôlier passe près de sa cage, elle tente de se saisir sa cheville, la faim la rendant rapide, mais pas assez. Il s’échappe dans une menace moqueuse. Sa tête se repose contre l'acier, ses yeux se ferment. La faim est une sensation douloureuse, une sensation obsédante. C'est comme un deuxième cœur qui bat dans son ventre. C'est comme une aura autour d'elle, électrique et effrayante. Quand elle a faim, Kriss ne pense qu'à se nourrir et ne voit plus qu'au travers de sa faim. Ses prunelles brillent d'un désir qu'elle ne peut assouvir. Tournant la tête, croisant les yeux d'Andy au travers de la cage, elle a comme une provocation sur les lèvres. C'est qu'elle est amère, et qu'elle craint le rejet.

Andy, j'te l'ai jamais dis, mais je suis pas tout à fait humaine.

La métaphore est risible. Il y a comme du défi dans sa voix. En vérité c'est la première fois qu’elle l'annonce à quelqu'un qui ne s'en doute pas encore. Et malgré leurs moments ensemble, elles  parlent peu, aussi Kriss ne sait vraiment si Andy a déjà croisé des gens comme elle, ou comme ces autres, ceux à la peau qui se nécrosent et aux âmes pleines de violence, qui semblent toujours croiser son chemin, comme si elle en était attirée comme l'abeille par le miel. Kriss n'est pas comme eux, elle est différente.

Il y a un an, je me suis fait mordre par un mort-vivant.

Cela la fait sourire un peu, c'est comme si depuis la mort de son père elle ne se souciait plus du tissu de mensonges qui était sa vie. Kriss aimerait en tirer les fils, les dénouer, défaire la matrice et anéantir son architecture pourtant soignée. Peut-être, inconsciemment, elle aimerait revenir aux origines. Mais cela lui semble impossible de revenir en arrière. Alors, c'est comme une nouvelle tare, un nouveau besoin. Comme si elle menaçait d'en brûler les bords et de voir si la toile pouvait voler, l'emmener loin, loin d'ici. Si elle pouvait s’échapper, encore, du labyrinthe et de Minotaure. Kriss aimerait savoir si elle peut être libre et libre vraiment, si jamais elle levait les voiles sur tout ses masques et se découvrait enfin, dans son entièreté et sa pureté, malgré ses vices et ses blessures.

Sa tête se repose contre l'acier. Un bruit de pas au loin qui se rapproche la fait taire. L'homme est moqueur.

On se lève Mesdemoiselles, c'est l'heure du grand show.

Et puis, jetant un œil  Andy, dans une fausse inquiétude, condescendance presque cruelle.

J’espère que tu as bien repris des forces, tu vas bien morfler.

On les attrape, on les enserre. Les hommes qui s'emparent de Kriss ont des gants, dans un sursaut elle tente de sauter au visage de celui qui entre en premier dans la cage, mais ses réflexes sont plus lents. La faim la rend faible, elle perds sa vitesse et son sens d’équilibre. Ils se saisissent d'elle comme si elle fut sans force et la traînent sans ménagement. Dans la salle d'examen, on les attache, toutes les deux, l'une en face de l'autre, sur de grandes plaques de métal, froides et sur roulettes. Des bracelets de métal retiennent leurs poignets, des colliers de fer leurs gorges. Le tout semble avoir été fait à la va-vite, comme sous le coup d'une inspiration fugace.

Le scientifique s'empresse autour d'elles, les auscultant en silence. De chacune, il fait des prises de sang, les passe au microscope, prend quelques notes. Et c'est comme des lames de fer dans sa peau si tendre. Sa nature carnivore est sur un fil tranchant, la moindre perte d’énergie est une brûlure. Animal en cage, ses yeux prédateurs suivent l'homme. D'un geste, il demande à ses molosses de rapprocher les femmes, puis d'ouvrir le bracelet de fer de Kriss. L'homme racle la gorge, soudain sous le joug d'une excitation palpable.

Il est temps de nous montrer de quoi tu es capable.
Vas-y, fais le, touche la peau de cette garce et vole lui son énergie.

Une frayeur passe dans le regard de Kriss, elle n'aime pas être forcée, et encore moins être étudiée. Mais ses yeux s'adoucissent, et un sourire passe sur ses lèvres gercées. Sa voix s’élève, moqueuse.

Je n'aime pas qu'on insulte mes amies.

Ses yeux se tournent vers Andy. Elle lui lance un sourire, bien que faible. Et puis, avec une provocation presque chantante sa voix s'amuse.

Le monsieur te doit des excuses je crois.

La voix du docteur claque, brutale, et une vague d'électricité les bouscule. Debout, c'est comme encore plus douloureux. Il y a les muscles de posture qui tentent de garder le cap. Et les vagues de synapses  qui font trembler le corps épileptique. La tête frappe le métal, le collier violente le cou. La décharge est plus longue, pour brûler les dernières traces d’énergie de la voleuse et peut-être, dompter leurs esprits belliqueux. Mais quand elle cesse, Kriss murmure, de tout le fiel de son cœur, de tout le venin de son âme.

Tu n'as pas compris, tu as peut-être mis la main sur moi, mais ce que tu cherches, je ne te le donnerais pas et il te restera inaccessible.

D'un claquement de langue, il ordonne une nouvelle décharge. La brûlure est plus profonde, elle fait valser ses yeux, puis son sang. Le cœur s’affaiblit, la nuit tends. Quand on les ramène à leurs cages respectives, il y a comme une odeur de fumée et de peau brûlée. Ses membres sont faibles, elle ne marche plus d'elle même. Alors qu'il referme le verrou, le scientifique susurre.

Tu sais, j'ai tout le temps du monde.
Ce que je veux, tu me le donneras.

Étendue sur le sol, Kriss rassemble ses bras autour de ses jambes qu'elle serre, et se laisse attraper par les limbes. Son esprit dérive, se perds, son corps tremble, s'endort. L’âme est blessée, le corps est faible. Le repos qu'il cherche, l’énergie à laquelle il aspire, lui sont inaccessibles. Quand elle se réveille, quelques heures après, Kriss n'a plus la force de se lever. Elle reste assise contre l'acier de sa cage. Ses sens sont comme des lames de verre sous sa peau, la ravageant de toute part. L’ouïe la brutalise, vague de notes, de pluies, d'ultrasons, de sensations lointaines, de hurlements si proches. Le moindre frémissement dans l'air devient une blessure. La vue lui est impossible, elle garde les yeux clos. L'odorat lui soulève le cœur. Des odeurs de mort et de sang, des odeurs de faiblesses humaines et de putrescences. Le toucher est la seule chose qui l'apaise, le froid des barres dans son dos, bien que douloureuses, est rassurant.

Un homme vient, nourrit Andy. Et le bruit de ses pas fait froncer ses sourcils, il s'en rend compte et revient avec une matraque. En suit une heure de brutalités symphoniques, d'insultes et de bruit de métal contre métal, si proche de ses oreilles. Torture sinueuse, elle brûle ses sens, cette énergie qu'elle aimerait garder en réserve et qui pulse autour d'elle. La violence des tympans rend fou son cœur. Elle a les mains plaquées contre ses oreilles, mais les sons filtrent. Quand enfin tout cela cesse, elle est si pale qu'elle semble mourante. Des cernes couvrent son visage, si bleus, si sombres, qu'elle semble déjà avoir tirée sa révérence. Leurs ravisseurs reviennent, s'emparent d'elle et d'Andy. Cette fois ci elle ne se débat même pas, ils la portent davantage qu'ils ne la tiennent. Ses chevilles traînent au sol, son corps est si léger qu'elle semble aussi fluette qu'un oiseau. Ses chairs se sont resserrées autour de ses os. Sa peau est bleutée par endroit et ses cheveux sont sans brillants. Elle a bien maigre allure. Les hommes les installent de nouveau, cette fois ci directement l'une en face de l'autre, et libèrent une main de Kriss.

Allez Princesse, ne te fais pas prier.

La voix du scientifique est presque douce, mais les yeux de Kriss sont toujours aussi sombres, elle ne réponds pas, gardant toutes ses forces. Sa tête se pose contre l'acier, elle regarde fixement Andy, comme pour oublier tout le reste. Un mercenaire perds patience, et s'avance, en sortant un brutal:

Hey Boss moi je sais comment la faire chanter.

Il dégaine son flingue. L'acier du fusil dans sa main est brillant. Une seconde Kriss songe qu'il lui réserve la balle, qu'il menace sa vie. Elle voit presque une libération dans la menace. Dans le labyrinthe la mort était toujours la solution, l’échappatoire.

Elle est comme toutes ces chiennes …

Il pose le canon du flingue sur la tempe d'Andy. Les yeux de Kriss sont stupéfaits, sa tête se redresse.

… A se balader en meute.

Une peur passe dans ses yeux, un moment de panique peut-être, qui fait sourire le scientifique. D'un mouvement de tête, il donne son accord au mercenaire avant de susurrer, vainqueur.

Je crois que tu as compris la nouvelle règle du jeu.

Le mercenaire commence son décompte. 3 il la regarde. Elle hésite, il n'y a pas de mauvaise mort mais certaines peuvent être longues. Une infime part d'elle songe que ce serait un cadeau que de donner un échappatoire à Andy maintenant. Que cette chance ne se représentera peut-être pas de sitôt. Une infime part d'elle est sans espoir. 2 il retire la sécurité. Le bruit du métal frappe son tympan, elle peut en sentir l'odeur glacée. Ses pupilles s’écarquillent. 1 Kriss lève sa main, sa main faible au poignet presque creux, maintenant qu'elle se meurt de faim. Et sa peau touche la peau d'Andy, sa main retrouve l'entrelacement de ses doigts, sa chaleur presque tendre et sa douceur pourtant marquée par la dureté de la vie ici bas. Ses doigts se referment, elle souffle.

Je suis désolée.

Sa faim fut en cage trop longtemps, elle est brutale, violente, elle se jette sur l'aura d'Andy sans douceur ni finesse. Son âme carnivore dévore l’énergie de l'humaine. Et c'est comme si elle revivait. Les couleurs sur son visage. La peau sur ses os. Les chairs qui s’épanouissent. Un fleuve vivant qui passe dans ses veines noires et en ravive l'essence. Ses pupilles sont des astres sombres qui ne soient dans des lumières fulgurantes. Le Phoenix renaît de ses cendres. Posés sur Andy, ses yeux la regardent pourtant sans joie, une défaite vrillant ses iris.
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Andy Serra
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MessageSujet: Re: Lone Wolves   Lone Wolves EmptyMer 4 Juil - 18:11


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Lone Wolves

Et pendant quelques instants je m'obstinai à vouloir comprendre ce mystère ; mais bientôt l'irrésistible Indifférence s'abattit sur moi, et j'en fus plus lourdement accablé qu'ils ne l'étaient eux-mêmes par leurs écrasantes Chimères. (c) Baudelaire
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Brisures de vie, brisures de moi. Amas de chair recroquevillé dans un coin de sa cage. Jambes serrées tout contre le torse, la tête enfouie entre les genoux pour ne plus voir ou entendre. Môme fêlée qui ne sait plus parler, qui s’engouffre dans son mutisme et ses silences. Les pensées vagabondes, se heurtent aux murs humides et froids jusqu’à ce que tout se disloque. Sous le front, les cauchemars. Chimères voraces qui mordent la psyché et distillent leur poison. L’enfermement apporte ses vices, réminiscences cruelles qui me rappellent combien je ne suis rien. Rien qu’un corps trop maigre, coincé derrière des barreaux de fer. Je suffoque, visage exsangue, la panique dardant la tripaille. Mais j’ose plus bouger, tout juste respirer. La peur de retrouver le bâton de douleur qui crache son jus ; électricité parcourant le système à en cramer chaque putain de neurones. Clébard devenu trop docile. La violence en habitude ; la douleur des poings qui heurtent la carne et le corps maltraité, mais jamais, jamais ça. Est-ce que tu sais ce que ça fait ? Ce que ça fait vraiment ? Cette décharge qui irradie partout, qui flingue les sens ? Ça brûle sous le derme, d’une brûlure vive et intense. Et ça gratte. Ça gratte si fort que je voudrais m’en arracher la peau. Ça rend fou, ouais, vraiment fou. Ça anime les ombres, ces putains d’ombres qui cachent les monstres. Solitude rongeant le tangible puisqu’il n’y a plus de minutes ni d’heures, puisqu’il n’y a plus vraiment elle, la fille, Kriss. Temps dissolu, les secondes qui se perdent dans les minutes et les heures sans plus aucune notion réelle. Alors je compte, je compte dans mon crâne. Secondes qui se décharnent jusqu’à ce qu’on me la ramène. Les mots se chevauchent et s’emmêlent. Bouillie de syllabes inintelligible. Langue épaisse qui peine à laisser filtrer les phrases, ne sort que du gosier que des sons qui n’ont rien à voir avec le langage. Et ils emmènent à nouveau. Silhouette qu’ils portent avec trop d’aisance malgré les maigres forces. Je m’accroche aux barreaux, me retourne les ongles sur la pierre du couloir étriqué. Je geins et feule, ne parviens qu’à recevoir des coups encore et des coups toujours. Ceux que je connais, ceux qui apaisent la cervelle détraquée.

Je supplie, répète inlassablement des « pas ça, pas encore, s’il vous plaît. » Des s’il vous plaît dont il se fout, lui, enfonçant à nouveau le bâton entre les côtes. Je m’étouffe avec ma propre langue, bave comme un putain de clébard malade. Écume salissant les lippes et son regard, son regard à lui, vicelard et dérangé. Ses doigts s’enfoncent dans les joues, dans les chairs molles. Il baragouine des conneries qui ne trouvent aucun sens. Aliéné qui parle au nom d’une science. Expériences douteuses et le venin qu’il veut pouvoir injecter dans les veines. Mais plus tard. Il a besoin encore de me voir en vie pour pousser son vice jusqu’au bout. Sang qu’il analyse, fioles qui s’entassent sur la tablette avec des étiquettes et des codes couleurs. Vision trouble et pourtant, je peux le voir. Je n’ai plus d’existence propre, ne suis qu’un numéro de dossier. Alors je gueule « Andy ! C’est Andy ! ». Mais il ne semble pas comprendre, ce bâtard. Tu me dépouilles de tout, de tout ce que je suis. Caresse faite à la trogne qui se pare d’une grimace. Il assure et rassure.

« Tout ça, ce sera vite terminé, tu verras. Et tu pourras être fière de toi, de ce que tu accomplis au nom du monde et de l’humanité tout entière. »

Des délires, des délires dont je me fous. Je m’en tape de faire avancer la science, que le monde soit fier ou qu’il ne le soit pas. Je m’en fous, d’ailleurs, du monde, des gens, des gamins qui crèvent, des SDF qui se font becter, des contaminés, des morts-vivants, des vieux esseulés, de l’humanité. Je m’en fous, putain. Je veux juste rentrer.
Carcasse vide qui s’étale sur le froid du sol. Tête mollassonne qui ne sait pas se redresser, mais pivote et retrouve la poupée. Et raconter, mais raconter quoi ? Quand y a plus rien qui ne veut fonctionner, quand il m’ampute de la parole à trop me foudroyer. Bouffe rejetée malgré la faim qui tiraille et la soif qui rend la bouche pâteuse. La peur d’une drogue inodore, d’ingérer du poison ou quelque chose du genre.
Et devant les pupilles, petit jeu macabre qui s’anime. Kriss dont les orbes se tordent d’envie et de besoin ; Kriss qui se jette sur le gras du bide et ne récole rien que du mépris et des rires. La moquerie sur le bout de la langue avant qu’il ne disparaisse dans l’angle. Battements de cils. L’incompréhension peignant les traits jusqu’à ce qu’elle avoue. La morsure et avec elle, son poison. Les pensées s’écorchent sur ce bâtard de Madsen. Connard dont la blessure se rappelle à mes pensées lui offrant une saloperie d’immunité. Y a pas de réponse en retour, qu’un regard qui reste inchangé parce que je m’en branle de ce qu’elle est. J’y connais rien, ne saisis pas vraiment comment ça fonctionne tout ça. Pour moi, c’est juste qu’elle a la capacité de survivre en dehors des murs. Et j’ai envie de lui dire qu’on a qu’à partir, quitter la Nouvelle-Orléans et migrer quelque part plus au Nord ou ailleurs, peu importe où, juste ailleurs. Je m’asphyxie, j’ai besoin de vivre. Et tant pis pour le chaos, pour le vide et le rien autour. Qu’est-ce qu’on en sait au fond ? Peut-être bien qu’il existe un endroit, une île paumée au beau milieu d’un océan déchaîné où il n’y a pas la mort à chaque recoin. Peut-être qu’on nous ment depuis toutes ces années, pour nous parquer dans un même endroit comme des scélérats que l’on garderait prisonniers. Mascarade que j’imagine, dont je me persuade même puisque du tangible, il ne reste plus rien.

Sursaut lorsque ça s’anime, que les types reviennent et nous tirent. La force qu’il espère que j’ai quand je ne suis qu’un corps flasque et déshydraté. Carcasse plaquée sur le métal, les fixations enserrent et mordent les chairs. Invective qui ne vient plus, les mots ravalés, coincés à la trachée. Cathéter qui s’enfonce dans les bras bleuis de trop être piqués. Précieux liquide qui s’échappe encore alors qu’il analyse et étudie toujours dans un silence de plomb. L’ordre claque entre ses ratiches, cette main qu’il veut voir libre pour assister à quelque chose de grandiose. Le vol de mon énergie. Les mirettes se parent d’incompréhension, les sourcils se tordent autant que la bouille qui ne saisit rien de ce qu’on lui demande, à Kriss. L’insulte même pas relevée, le "garce" même pas entendue à dire vrai. Et Kriss qui ne veut pas être sage et docile, ne veut pas écouter et faire ce qu’on lui dit. Filaments bleus parcourant le derme, mordant chaque muscle, annihilant la cognition. Tête qui dodeline et les suppliques au bout des lèvres pour qu’elle fasse ce qu’ils demandent pour que tout s’arrête, peu importe les conséquences, peu importe de quoi il s’agit vraiment. Et encore, le trou noir qui me gobe et m’avale pour me recracher des minutes ou des heures plus tard. La perte de connaissance et les yeux qui papillonnent quand les membres ne sont que courbatures. La fraîcheur du sol est presque reposante ; elle apaise le front brûlant. Gouttes d’eau qui rythment l’espace-temps. Des plocs qui tombent dans une cadence merdique. Alors je les compte, paupières closes. Un, deux, trois… Dix… Froc mouillé, pisse qui s’est déversée pendant l’absence. L’odeur d’urine chatouille les naseaux, se mélange avec la moisissure des murs.

Bouffe qu’il apporte, le chien. Pitance jetée à même le sol comme pour défoncer les dernières onces d’humanité. Animal plus que femme. La flotte dévale le gosier sec et les bouts de viande forment un tas gluant derrière les lèvres. Mâche que je néglige, morceaux trop gros qui se coincent dans la gorge. Y a même pas de honte quand je relève les prunelles sur le minois dévasté de ma compagne. Doigts sales, parsemés de sauce grasse que je lèche sans pudeur. Mais la moitié laissée pour la lui tendre, la lui donner. Cette moitié qu’on me refuse lui offrir. Gardien de merde venant nuire à mes projets. Il cogne dans la gamelle, la renverse et écrabouille tout de ses godasses. La matraque cogne chaque barreau dans une mélodie grinçante et assourdissante. Et elle a mal, Kriss. Mimines qu’elle fixe à ses oreilles pour limiter le bourdonnement. J’arrive à gueuler un « Arrête ! », tente de choper ses quilles qui passent à proximité ; n’arrive à obtenir que des insultes et un coup de matraque qui marque durement les avant-bras. Je me recroqueville, imite Kriss en me ratatinant dans un coin jusqu’à ce qu’il se lasse et qu’il s’en aille pour mieux revenir. Pas le temps de causer, de s’enquérir de son état qui semble se dégrader à vue d’œil sans que je ne comprenne vraiment pourquoi. Je reste sage, les laissent m’emmener, tente une œillade en direction de la fille qui n’a même plus la force de marcher. Ses petons raclent sur le sol. Et la même rengaine, les délires encore exposés, de ceux dont je ne saisis rien. La peur tiraille le bedon lorsque le canon mord la tempe. Cliquetis trop familier, balle chambrée. Et moi, je pige toujours pas ce qu’il attend ; ne cherche pas à l’encourager dans sa décision de me buter. Main qu’elle lève, la douce. Et son désolé qui ne trouve rien en retour. Mais t’es désolée pour quoi au juste ? Parce que tu vas les laisser me buter, que tu voulais pas ? Parce que y a des trucs que tu me dis pas et que je devrais savoir ? Putain, Kriss, t’es désolée pour quoi ?!

Ça.

Les doigts s’entrelacent et le réconfort de sa pogne nichée dans la mienne est de trop courte durée. Il n’y a plus rien de tendre ou d’apaisant. Sa main n’est que meurtrissure. Sensation dérangeante que tout navigue jusqu’à elle, jusqu’à cette main qu’elle tient trop solidement. Ça happe et ça avale, millier de morsures faites à l’âme. Infimes vibrations et picotements désagréables. Des fragments d’une vie, comme si cette salope était en train de me quitter. Alors c’est vrai ce qu’on dit ? Qu’on revoit toute sa vie défiler devant ses yeux avant de crever…
La jeunesse fracassée, entrecoupée d’odeurs et de lieux. Des visages qui n’ont plus la moindre importance, qui restent flous. Les cris, les cris partout, tout le temps. Les hurlements du mec de ma mère et elle qui chavire sur le béton après un énième tabassage. Injustice cruelle. Et pourtant elle reste, pourtant elle retourne tapiner au coin de la rue pour lui refiler le moindre de ses billets farouchement gagnés. Les larmes qui barbouillent le minois et le vague à l’âme. Tony. Tony la raclure qui a enfoncé la carcasse dans le sale des Favelas. Vie qu’il a dirigée et carne qu’il a maltraitée. Jalousie et possessivité, petit animal qu’il voulait précieusement garder. Mais j’étais pas comme ça, pas de ces filles-là. Pas comme ma mère. J’étais celle qui répliquait à chaque coup qu’il donnait. Celle qui mordait et crachait et dégobillait insultes et autres conneries. Et Gaspar. Ce Gaspar devenu Tobias. Premier amour, première déception, première déchirure à l’intime. Et le vide à l’existence, bribes ridicules, la solitude en compagne et les monstres planqués dans la caboche. Ça martyrise le myocarde qui déraille et ne sait plus comment battre. Je suffoque, m’essouffle, ne trouve pas les mots pour l’implorer d’arrêter. Son teint reprend vie, ses pommettes retrouvent un joli rose et ses cernes disparaissent à mesure que les miennes se creusent. Gorge sèche, les lèvres se gercent. Y a plus la force, plus rien du tout. Et je plonge dans l’inconscience totale ou la mort, j’en sais trop rien. Paroles tout autour, déformées. Les sons si proches devenus lointains. Le rien.



Il ne rate rien de cet échange de fluides vitaux, le docteur Frick. Carnet de notes en main, il regarde son chronomètre. Combien de temps faut-il pour qu’elle la vide, pour qu’elle la tue ? Petite arme sur patte qu’il compte reproduire pour que tous soient égaux. Une nouvelle ère, une nouvelle race. Il s’y voit déjà. Là, au beau milieu de la foule à expliquer les capacités de ce vaccin hors norme. Les promesses d’avenir meilleur, l’humanité faisant face au chaos. Cette humanité qu’il sait devoir muer pour mieux s’adapter aux nouvelles conditions que la reine mère impose. Il se voit déjà le grand gagnant, le splendide chercheur qui aura le droit de donner son nom à une rue, d’être cité dans les manuels d’éducation.
Mais pour l’heure, il se concentre sur elles ; ordonne qu’on les sépare avant que l’une ne perde la vie bien qu’il n’y soit pas réellement attaché. C’est seulement qu’il ne veut pas attendre une nouvelle livraison de chair fraîche, se contente de celle qu’il possède déjà. Il sait aussi que sa perle semble y tenir et cela reste un excellent moyen de pression pour la forcer à faire ce qu’elle lui refuse obstinément.
Rapide vérification, le pouls battant beaucoup trop lentement. Injection de liquide dans les veines pour ne pas la perdre. Rythme qui retrouve son rythme après une poignée de secondes interminables. Il lâche un soupir, mélange de satisfaction et de soulagement. Le corps est traîné pour retrouver sa cellule.
Son regard se porte sur elle, sur la conquérante, l’œuvre de sa vie s’imagine-t-il.

« Tu vois, quand tu veux, princesse. Tu es capable de faire des choses merveilleuses. »

Coup de menton et la tige électrique s’appuie sur la carotide, crache ses satanés picotements pour la faire taire, pour la calmer. Il profite de la torpeur passagère, celle qui raidit les membres si forts que ça en est douloureux. Éprouvettes qu’il remplit avant d’ordonner qu’on la couche.
Poignet solidement rattrapé et à nouveau encagé. Le docteur Frick peut laisser libre court à ses envies. Morceau de chair scalpée sans anesthésie. Bout de carne flasque qui rejoint un tube pour de futures analyses. Mèche de cheveux coupés. Ces cheveux qui ont retrouvé tout leur soyeux. Et il passera plus d’une heure à entailler le derme et à mesurer la cicatrisation avant de la renvoyer dans sa boîte.  Il doit étudier, se concentrer. Il a besoin de silence et d’espace pour laisser libre court à toute sa folie.

Les ravisseurs peinent à canaliser la chose qui maintenant qu’elle est nourrie, a retrouvé de sa vigueur et de son insolence. Alors les menaces enflent, le type perd encore patience, arme son flingue et menace d’aller tuer l’autre. Celle qui gît inconsciente dans sa cage.

« C’est ça qu’tu veux ? Tu veux que je l’abatte ? Tu sais que j’pourrais faire perdurer sa douleur, pas vrai ? Un genou c’est douloureux, tu sais. Et on te la laissera, pour que tu puisses la voir s’vider de son sang. Quoi que, c’pas dit qu’elle veuille toujours que tu l’approches avec c’que t’as fait, le monstre. »

Il étire un sourire, grondement qui se veut être un rire qu’il crache en même temps que le trop plein de nicotine qui gorge ses poumons. C’est presque jouissif de la regarder s’imaginer qu’elle lui en veuille, le petite brune.
Trop fier de sa prouesse, il va jusqu’à l’enfermer dans la même cage qu’elle. Juste par plaisir malsain, pour les voir se déchirer. Il connaît trop bien l’être humain, sait d’avance que tout va se compliquer maintenant.



Tout au fond, le dos collé au mur et le front aux barreaux. Le tintement des clés fait tourner le minois quand tout le reste n’a pas la moindre importance. Et t’as qu’à me tuer, si ça te fait plaisir. L’espoir a crevé, ne reste que les peurs qui enveloppent la psyché. Et Kriss est là, tout près. Corps qui se replie un peu plus encore – comme si c’était possible.

« Pas encore, s’il te plaît. »

J’ahane, ne veux pas qu’elle s’approche, qu’elle recommence l’horreur ; qu’elle fracture et bousille tout à l’intérieur. Et y a les questions qui s’entassent dans le crâne. Pourquoi t’as pas dit ? Pourquoi t’as pas expliqué ce que tu pouvais faire ? Et maintenant, ce sera toujours comme ça ? Toi tentant de me becter d’une manière dont je saisis pas grand-chose ?
Ou peut-être qu’elle devrait le faire. Tout voler jusqu’à la dernière goutte pour qu’il n’y ait plus qu’un cadavre à ramasser. Mais je veux vivre, putain.
Les orbes du vicelard sont solidement accrochés à nous comme s’il ne voulait rien rater du spectacle. Elle s’approche et je me planque, y a pas la force pour les grands discours.
Dans le couloir, ça beugle, réclame sa présence. Un brin emmerdé, il gueule à son tour un « j’arrive » avant de s’approcher de la cage à nouveau.

« Allez Bambi, faut sortir maintenant. Regarde, ta cellule t’attend sagement. On a mis de l’eau propre ! »

Il se fout de sa gueule, évidemment. Arme toujours à la main, il attend qu’elle soulève son cul trop maigre, la petite gueularde.

(C) MR. CHAOTIK
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