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 Shadow Dancers

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Kriss M. Grimm
SUCKER FOR PAIN

Kriss M. Grimm
Féminin
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↳ Arrivé depuis le : 05/07/2017
↳ Age : 33
↳ Avatar : Lou de Laage
↳ Age du Personnage : 22 ans
↳ Métier : What do you want? What are you ready to trade?
↳ Opinion Politique : Chaos, Violence rule her world. Freedom could kill her, but she’d rather go on.
↳ Niveau de Compétences : Niveau 2 - Teenage Monster
↳ Playlist : Between the bars - Elliott Smith ¦ Seven Nation Army - The White Stripes ¦ John and Jehn - Vampire ¦ Bashung - Madame Rêve ¦ Queen - Killer Queen ¦ Hubert Félix Thiéfaine - Les Dingues et les Paumés

↳ Citation : Madness is the emergency exit. You can just step outside, and close the door on all those dreadful things that happened. You can lock them away. Forever.
↳ Multicomptes : Unique
↳ Couleur RP : Blanche



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MessageSujet: Shadow Dancers   Shadow Dancers EmptyJeu 23 Nov - 15:42

Shadow Dancers

 

You know how to dance in sunlight when everything is going fine, but you have to learn to dance in darkness when the sun is gone and nothing is going well.*

L’échine s’étire, s’allonge, se distord. Dans le miroir, il y a sur son dos, des taches bleues, des taches noires, le rouge d’une griffure, le jaune d’un amour passé. Multicolores, la peau arlequine est sensible. Alors qu’elle passe ses doigts sur le satin entaché de son corps, des vagues de douleurs glissent sur le derme blessé. Tant de coups, tant d’accrocs. C’est presque rassurant de voir que les hommes s’attachent à la vie, se débattent, même au bord de l’asphyxie.  Mais qu’en sera-t-il quand la proie sera plus forte qu’elle ? Et quand elle se déshabillera sous la couverture d’un nom mensonger ? Comment peut-elle être la douce et fragile Aurore alors qu’on devine sur ses côtes, les doigts insidieux de celui qui tenta de se débattre ? L’homme le plus naïf ne saurait que se méfier de ce corps bleui de tant de batailles gagnées et de celles, presque perdues, qui laissèrent sur sa peau tant de marques. Elle maudit ce corps fragile, cette peau sensible qui, si vite, s’habille des couleurs mordorées de ses meurtres. Dans sa jeunesse, le phœnix a la conscience aiguë qu’il lui faudra apprendre.

Kriss soupire et passe sur son corps fin, un cadeau d’Aritza. Une robe de velours, douce et agréable, qui dévoile le  haut de son dos sans défaut, comme épargné des griffures et autres désordres agressifs. Une robe simple qui avale la pâleur de sa peau pour la cacher dans les ombres. Elle sera parmi les grands bandits, trafiquants et autres habitants des ruelles noires et sinueuses, de ce paradis violent qu’est la nuit, aussi invisible qu’une ombre. Pareille à eux, animal nocturne, qu’embrasent les étincelles d’une lumière éblouissante. Et aussi, s’affichant comme une petite proie, une putain, à la gorge si pale qu’il serait facile d’y porter ses crocs, aux jambes si longues, qu’elle semble prête à chuter de ses talons, pourtant pas si hauts. Un appât, pour qui serait prêt à se laisser surprendre, pour une proie facile qui apaiserait sa faim. Le regard noirci par un maquillage simple et ombrageux. Les lèvres nues, comme ses poignets, ses doigts. Elle a de la féminité les prémisses simples et instinctifs. Il lui manque encore cette grâce élégante qu’ont les reines aux ports fiers, cette assurance maligne qu’ont les dames de la Nuit, cette Moira chez qui elle s’en va, ou même, cette femme qui lui offrit la robe, comme pour mieux l’aliéner à sa cause.

C’est la seconde fois qu’elle entre dans la bibliothèque, mais la première fois, si bien accompagnée, elle gagna son passe-droit. Aussi Kriss s’élance sans crainte et rejoint les insomniaques sans que nul ne s’intrigue de sa présence. Bien au contraire, la petite sauvage s’empare des dés qu’on lui tend avec facilité, parie quelques argents, en perds – c’est que l’argent lui-même ne lui importe guère, elle dissimule son impatience, entre ses lèvres souriantes et en gagne davantage – doublant alors sa mise sans se soucier d’une mauvaise fortune. Ne lui importe que ce qui s’en vient, ce qui s’annonce à grand cri, le début des combats. Et quand on lui demande, faussement intéressé, le pourquoi de son poignet bleui, où on devine des traces de doigts, elle répond d’une histoire savante. Ici même, elle ne donne son vrai nom. C’est que, dans le fond, qu’elle se glisse parmi les plus grands à la recherche de petits secrets pour ses commanditaires, ou qu’elle se déplace parmi les ombres avinées, c’est du pareil au même. Elle ne saurait être tout à fait elle-même. Kriss préfère le masque de ses existences multiples, comme mille facettes qu’elle expose au monde, dissimulant les autres.

Cela commence enfin. La jeune femme range l’argent gagné dans la petite pochette qu’une chaine fine retient à son poignet. Kriss s’avance, glissant entre les corps excités d’une foule qui se rassemble. Au centre, le ring comme une scène pour le public de loups qui se lèchent les babines. Cela commence, des hommes emmènent deux zombies. En silence, Kriss salue les porteurs de la mort, se rappelant dans une réminiscence celle qui lui offrit une seconde vie. Entre alors un homme, au torse nu, un géant, un colosse. De ces hommes plein de muscles qui portent en étendard leur puissance. Il rugit, brutal dans ses gestes, criant à ceux qui l’acclament, agitant la foule de vagues de trépignements. L’excitation monte, grondement qui s’enflamme et remonte, le long des échines dorsales. Kriss comprends alors que le combat n’en est vraiment un, c’est un début, un moyen de chauffer la salle, un spectacle sans suspense. Et alors que les zombies se jettent de lui, l’homme fort les entraine dans un combat brutal, sanguinaire, frappant d’abord leurs bras, leurs jambes, s’amusant à faire durer le spectacle sans se fatiguer vraiment, pour enfin briser leurs cranes dans ses mains d’étrangleurs.

Un colosse, les muscles saillants, certaines dents manquantes, immense et grand, parfois un peu lent. Un broyeur d’os, un destructeur de visages, une brute épaisse sans plume ni respect pour sa propre peau. Kriss ne peut rien apprendre de lui. Jamais ses doigts n’auront la puissance des siens. Jamais son corps ne pourra broyer un autre par son seul poids. Jamais ses bras ne seront aussi gros que les siens et son crâne, jamais, ne sera aussi dur.  Kriss a un corps de femme, long et fin, qui frissonne quand il gèle, et des os de verres qui se brisent sous les coups. Elle est fragile, et sensible. Brutale parfois, mais jamais en force. C’est qu’elle ploie souvent sous la charge, se blesse pour mieux tuer. C’est sa volonté qui forge son corps, c’est sa volonté qui entaille et qui  blesse plus que ses griffes de petite chatte affamée. Elle est comme l’araignée qui tisse sa toile. Elle brode son identité pour mieux dissimuler ses pièges. Elle est à cet homme immense, ce que l’ombre est à la lumière. Une projection de son âme violente qui caresse les murs alors qu’il se dresse sans faille. Il n’y a rien que le colosse pourrait lui dire, ou qu’elle puisse apprendre en l’espionnant qui ne pourrait l’aider. Il est inutile et vain. Frustrée, Kriss se recule dans la foule. L’extinction des morts lui laisse un gout amer entre les lèvres. Son sourire c’est éteint et sa joie a explosé entre les doigts du gladiateur. C’est qu’elle aime la métaphore désenchantée de ces poupées de la mort. Le spectacle fut une déception.  

L’atmosphère change, un air nouveau fait vibrer les cœurs avides de sang. C’est comme un silence, dans le brouhaha, l’attention se concentre, les regards se posent sur la silhouette de celui qui affrontera le colosse. Les pupilles de Kriss se posent sur lui et s’écarquillent, c’est qu’elle manque un instant de perdre son souffle tant il capture son attention. L’homme a la légèreté diaphane des danseurs Etoile. Sans la pureté cristalline de ceux dont la pâleur blesse son œil et affadie ses humeurs. Non, il est d’une autre tonalité, sombre et lourde, comme un vol de nuit. La danse des ombres, qui glissent et tombent, comme les feuilles mortes. Il porte sur son visage un masque, comme elle porte ses noms. Il se cache dans l’ombre, qui reste, l’habille, même sous la lumière du Bones, du velours délicat des ténèbres douces. Il a la finesse d’une calligraphie chinoise. Une ligne noire, racée, sur une page blanche. Tout aussi mystérieuse, tout aussi légère et mouvante quand bien même il est immobile. Le vent pourrait sans doute plier son corps dans tous les sens, tordre son âme qu’elle imagine aussi noire que son masque.  Et sans doute, le colosse le réduira en pièce. Et pourtant, il ne semble pas avoir peur.

Kriss non plus n’a pas peur. Comme un aimant, elle s’approche, tant et tant, qu’elle se retrouve au premier rang. Et, pariant tout son argent sur l’homme masqué sans pour autant le quitter les yeux,  elle découvre chacun de ses gestes avec la plus grande des fascinations. Il a la beauté chinoise des ombres insaisissables. S’il doit mourir, elle ne veut rien manquer de sa fin. Fut-elle aussi belle et pure que la silhouette qui a accroché son regard.




*Therese May
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Tristan K. Bellamy
SYMPATHY FOR THE DEVIL

Tristan K. Bellamy
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MessageSujet: Re: Shadow Dancers   Shadow Dancers EmptyVen 29 Déc - 11:54


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Kriss & Tristan
featuring

Dans la fosse, la mince silhouette de l'homme masqué demeurait immobile au creux des ombres. Il n'entendait pas la clameur des spectateurs avides de violence et de sang, amassés au dessus de lui, pas plus que les jurons de la montagne de muscles, qui lui promettait mille tortures. Les écouteurs glissés dans ses oreilles lui permettaient de se fondre dans une toute autre ambiance sonore où les autres n'existaient pas. Il avait toujours aimé davantage la musique que les gens. Dissimulés sous le masque intégral du même noir que le reste de sa vêture, les oreillettes étaient invisibles aux yeux de l'adversaire, ce géant qui hurlait ses imprécations. Mais le colosse avait beau tenter de l'intimider par des paroles et des attitudes agressives, Tristan ne bougeait pas d'un cil. Il n'était pas vraiment présent, en réalité, il ne l'entendait pas. Il écoutait la musique, il se concentrait sur le rythme des basses. Les vibrations entraient en résonance avec son corps, elles le pénétraient, elles remplissaient le vide, elles le soulageaient du néant. Habituellement, il ressentait toujours un intense sentiment d'exaltation à l’approche d'un combat, une sensation aussi grisante que dopante. Il savait qu'il aurait dû ressentir au moins les picotements de la peur, aussi infime soit-elle, il aurait dû être sensible au frisson du danger. Celui auquel il s'exposait était bien réel, Tristan en était pleinement conscient. Une part de lui-même était ancrée à la réalité et il mesurait clairement les risques qu'il encourrait, avec une objectivité lucide. Néanmoins, une autre part était absente, évaporée, inexistante. Il souffrait de cette perte d'élan vital qui le rattachait aux émotions concrètes. Tristan ne ressentait rien mais il pouvait tout du moins apprécier la musique. Elle compensait par ses vibrations le manque d'émotions.

Le signal du début du combat fut lancé et le géant s'élança dans un cri de guerre guttural. Son énorme poing fut projeté en avant comme une massue et Tristan l'évita de justesse, se décalant souplement sur le coté. Son adversaire était beaucoup plus lourd que lui et il possédait une force brute des plus redoutable. Un simple coup de sa part aurait pu lui briser les os. Durant les premières secondes, Tristan s'attacha à observer les mouvements du colosse, se contentant de l'éviter, reculant vers le centre de la fosse. Il ne négligeait pas la puissance de son adversaire, son poids et sa taille lui donnaient un avantage certain et il restait donc à bonne distance de ses poings. Pour l'approcher et l'atteindre, il devrait choisir le bon moment pour le contrer, bloquer et dévier ses coups. Il lui faudrait esquiver et frapper rapidement, pour qu'il ne puisse pas le toucher et lui faire perdre l'équilibre. Il s'agissait d'une manœuvre relativement risquée, mais qui serait efficace si correctement exécutée. Les lumières des projecteurs faisaient luire la sueur qui recouvrait les muscles saillants du mastodonte tandis que son visage se déformait par la frustration. La brute appréciait de voir la peur s'inscrire sur les traits de ses adversaires mais le masque ne lui renvoyait qu'une face neutre et muette, ce qui ne faisait qu'amplifier son désir de le lui arracher. Il le lui promit, d'une voix tonitruante, juste avant de se jeter sur lui dans le but de l'écraser de son énorme masse contre la paroi.

Tristan était perturbé. Les migraines ne le quittaient plus ces derniers temps, il avait parfois des passages à vide, des trous noirs où il perdait totalement le sens des réalités. Outre sa froideur émotionnelle, ses épisodes de phobie devenaient plus intenses, provoquant des crises d'angoisses profondes. Par fierté et par orgueil, il n'avait rien dévoilé de cela à personne, pas même à Helix, mais il craignait parfois de sombrer dans la folie. De temps à autre, il avait des flashs, des visions de situations qu'il avait vécues sans pour autant s'en souvenir. Il voyait du sang sur ses mains, des corps mutilés à ses pieds, des membres humains qu'il transportait comme s'il s'agissait de morceaux de viande. Dès que l'un de ses souvenirs affleurait à sa mémoire, il essayait de le retenir mais ils s'évanouissaient tous, aussitôt. Tristan cilla légèrement. Il n'avait pu éviter le coup de poing contre son oreille, et la main griffue déchira du même coup un morceau de son masque, au niveau de sa tempe. Ce faisant, l'oreillette sans fil fut arrachée et tomba sur le sol. Pendant une fraction de seconde, le regard de Tristan croisa celui d'une inconnue dans la foule. Le masque camouflait toujours son visage mais ses longs cheveux noirs s'en échappaient. Son sens de l'équilibre avait été atteint à cause du choc mais il se contraignit à tenir bon et contre-attaquer.

La gestuelle de Tristan était acrobatique et en se battant, il donnait l'impression de danser. D'un coup rapide, il frappa son adversaire au plexus solaire, ce qui lui coupa instantanément le souffle et il en profita pour bondir par dessus lui, exécutant un salto spectaculaire par dessus ses épaules en y prenant appuis de ses mains. L'homme masqué semblait maigre et son physique n'avait rien de massif mais en vérité, son corps ultra sec possédait une musculature dense qui camouflait sa véritable force. Sa légèreté lui permettait d'exécuter des figures impressionnantes au niveau technique mais également d'être bien plus rapide. Quand le colosse se retourna, il chercha à asséner un coup de son énorme poing et Tristan baissa vivement la tête. Sans qu'il n'ait été touché, il s'effondra sur le sol, manifestement soumis au vertige. L'homme masqué semblait avoir perdu conscience et son adversaire laissa échapper un rire moqueur, se croyant déjà vainqueur et se rapprocha pour lui offrir le coup de grâce. Pourtant, alors que tout semblait perdu pour lui, Tristan se redressa d'un saut carpé, sautant ainsi du sol sans effort, à la grande surprise du colosse.

C'était le bon moment. Il saisit l'avant-bras du géant, déviant le coup en même temps, et le frappa tout en se rapprochant. Le but était de bloquer son avant-bras et de l'attaquer pour le décourager. Il était plus facile de dévier une attaque que de la bloquer, une simple tape sur un coup puissant suffisait à le dévier.  Il enchaîna alors rapidement une combinaison de coups puissants et rapides, feintant, reculant rapidement pour ne pas se laisser attraper avant de revenir, choisissant de frapper les parties vulnérables avec précision et efficacité. Le nez, la gorge, le plexus solaire, les genoux, l'aine. L'homme masqué usait aussi bien de ses poings que de ses pieds, dans des coups bien plus puissants que son apparence de fragilité ne l'aurait laissé présager. Le colosse était dépassé par sa rapidité et tangua, soumis au déséquilibre. Enfin, le moment était venu de l'achever. Tristan n'hésita pas.

Saisissant les cheveux de l'adversaire, il tira sa tête vers le bas pour lui asséner un karaté chop dans la nuque, du tranchant de la main. Ce coup extrêmement dangereux eut raison du colosse qui s'effondra aussitôt sur le sol, comme un poids mort. Au vu du choc infligé à la moelle épinière, il ne se relèverait plus jamais. Le silence se fit durant une seconde parmi les spectateurs médusés, avant que la clameur reprenne, une stupéfaction secouant la foule qui ne s'attendait certes pas à une fin de combat pareille. Tristan redressa la tête pour les observer, ne sachant si réellement il appréciait sa victoire et les acclamations dépitées de ces inconnus qui avaient parié contre lui. Si son orgueil le poussait à redresser la tête sous les attentions de la foule, il s'en lassa rapidement. La mise à mort de son adversaire n'était pas nécessaire mais il l'avait tué sans s'émouvoir. Cette absence totale d'affect n'était pas aussi appréciable qu'elle aurait pu le paraître. Il ne ressentait que de la déception car l'homme qu'il désirait réellement combattre n'était pas présent ce soir. Breda, son ancien mentor, son esclave, son maître. Il n'était pas là.

On lui lança une échelle de corde pour sortir de la fosse et il l'escalada souplement, rejoignant ainsi la salle où étaient amassés les parieurs. D'autres combats allaient succéder au sien et des brancardiers se dépêchaient de retirer le corps massif du colosse. Tristan avait le temps de prendre une pause avant de s'engager dans un autre duel, peut-être, plus tard dans la soirée... Certaines personnes cherchaient à lui parler mais il les évita sans leur répondre. La plupart avaient perdu de l'argent en pariant sur la victoire du colosse et ce n'était que des visages consternés qui l'entouraient. Soudainement, la foule l'indisposait et Tristan s'en dégagea habilement, leur offrant une indifférence mortuaire. Il gagna le fond de la salle d'un pas arrogant, désireux de s'éloigner de cette populace grossière et bruyante. Il pourrait enfin s'offrir le luxe d'ôter son masque pour respirer plus librement. Dans son avancée, il croisa un regard féminin aux paupières ombrageuses qui s'attardait sur lui. Il la gratifia d'un infime signe de tête poli avant de la dépasser sans plus d'égard. Les spectateurs ne feraient plus attention à lui désormais, on lançait déjà le prochain combat, une lutte entre métamorphes...

Il fit quelques pas, jusqu'à se poser dans une alcôve située dans le fond de la salle, à l'écart du tumulte ambiant. Puisque plus personne ne le regardait, il ôta son masque déchiré. Il ne possédait plus qu'une seule oreillette et il l'ôta, dans une moue pincée. La plupart des groupes musicaux avaient été censurés par le gouvernement, car contraire à l'éthique et les valeurs de l'Etat. Tristan songea que c'était une bonne motivation pour continuer la lutte auprès des résistants, si ce n'était la seule.


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Kriss M. Grimm
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MessageSujet: Re: Shadow Dancers   Shadow Dancers EmptyLun 8 Jan - 15:39

Shadow Dancers



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C’est infime, imperceptible. Il y a tellement de bruit autour. Des lèvres qui jurent, des dents qui crochètent l’air, les grondements sourds d’une foule en colère. Un mouvement dans l’assemblée, qui fait rouler les sons au rythme chaotique des émotions brutales. Un doute, un frisson, et c’est tout ensemble qu’ils crient. Un choc, un fracas, et les cœurs manquent un battement, puis repartent, si vite. L’adrénaline les embrase, l’euphorie les gagne. C’est une marée humaine, des vagues brouillonnes qui montent et descendent le long des longs bras du géant. C’est une marée inhumaine, des zombies affamés par le sang, qui jettent leurs restes d’empathie dans la fosse. Là où les coups les écorchent. Là où les coups font battre la foule, du tambour puissant d’un duel à mort. Ce sont ses pupilles qui bougent ensemble, connectées par le même désir de ne rien manquer. Les mêmes ouïes qui avalent les bruits de peaux contre l’air, qui fracassent l’espace et rompent la paix. Mais les poings frappent dans le vide et la marionnette légère virevolte autour des muscles immenses du colosse. Il semble intouchable. Il semble ailleurs. Ses gestes battent une mesure différente. C’est infime, imperceptible presque. Il est ailleurs, et ici, ombre chinoise qui glisse sur l’air plus qu’il ne se bat contre la gravité.

Et puis soudain, la mélodie change, le rythme le rattrape. La silhouette fine est capturée par la masse du colosse. Le poing fouette l’air, la peau, le masque. Kriss cesse de respirer. Son âme avide s’asphyxie. Son cœur cruel s’affole, plein de doutes. Le broyeur d’os rugit, et la foule gronde, fureur jouissive d’une mise à mort qui semble imminente. Mais Kriss reste immobile, glacée d’effroi. Non pas par la mort, qui ne lui fait ni chaud ni froid. Mais par cette vérité qu’elle lui arrache. Sa finesse, sa légèreté, sa maigre corpulence et ses os féminins, ne lui permettront jamais d’attaquer les Goliaths, de vaincre les titans, de survivre aux géants. Dans ce regard qui la trouve, derrière le masque. Dans ces pupilles dilatées. Dans ce souffle difficile. L’homme, dans sa danse acrobatique, dans sa furtivité féline, dans sa légèreté hypnotique. L’homme, lui aussi, ne peut résister aux poings immenses et durs, aux os lourds et à la force de la montagne. Il est comme elle, il essuie les bleus sans pouvoir inexorablement les éviter. Et les bleus le blessent, les bleus le fracturent. Peut-être est-ce un masque pour cacher un visage blessé, comme elle porte une robe pour dissimuler le violet de sa peau ? Peut-être n’est ce qu’un faux espoir ?

Mais la foule s’exclame. Et la surprise glisse dans les pupilles. Les hommes s’essoufflent de tant d’excitations. Le spectacle est grandiose. Le spectacle fait vibrer sa petite âme chasseresse. Car ce que Goliath a éveillé alors, en frappant l’homme masqué, ce n’est pas sa peur, mais sa fureur. Une fureur furtive, comme ses jambes qui frappent vite, comme son corps qui se glisse dans tous les angles libres. Le champion ne se bat plus. Il danse. Et ce n’est pas la danse sage des rats d’opéra, ce n’est pas de blancs chaussons. C’est une ombre qui glisse, qui enlace le colosse, le tords dans tous les sens. C’est un chaos orchestré avec art, instinctif et maitrisé. C’est un artiste qui éveille les sens surnaturels de la voleuse d’énergie. Posés sur lui, légers et tendres, son ouïe, sa vue, son odorat, il la fascine. Il la fascine et elle ne perd rien de ses gestes, de son souffle. Il est l’incarnation même de ses espoirs. Alors qu’il danse, elle aimerait se glisser dans son corps, sentir sa force, ses muscles, percevoir l’excitation de son souffle, et ses jambes qui s’élancent. Elle aimerait être Lui. Elle aimerait être aussi légère, aussi furtive que ne l’est son torse, aussi souple que ne l’est son échine. Elle aimerait être Lui, et danser avec les ombres autour de son adversaire. Il la fascine. Et alors même que la foule ne le croit mort, les lèvres de Kriss s’ouvrent sur un sourire vif. Elle retient le rire qui manque d’éclore. C’est qu’elle retient à peine sa joie d’avoir trouvé celui qu’elle cherchait. C’est qu’elle retient à peine son amusement de le voir jouer avec les autres, comme elle le ferait peut-être, si elle le pouvait. Car la petite chatte est une menteuse, comme l’homme, elle ferait la morte pour surprendre sa proie. Et Lui. Il n’est pas uniquement un acrobate, il pose aussi des pièges, se joue de la réalité et l’illusionne pour la transformer à son avantage. Kriss est l’enfant d’une illusion, l’avènement d’une perception. S’il est maitre en cet art, alors, peut-être, il pourrait lui apprendre à les contenir, à les utiliser à son avantage.

Ce qui se passe ensuite prend ses sens de vitesse. Les gestes rapides la perdent, elle est aussi novice que la foule surprise. Il les impressionne. Malgré sa finesse, le danseur est puissant. Il chasse la force brute de coups précis, d’une puissance plus profonde, d’une adresse qui laisse Kriss rêveuse. Et puis, brutal, finit de danser dans un dernier pas cruel. C’est sans révérence qui laisse mourir l’euphorie. C’est dans ce silence, court, qu’il semble reprendre son souffle. C’est un murmure qui glisse, insidieux, entre les membres bouche bée. C’est un serpent venimeux aux écailles peintes du sang de la victime. Un soupir dans la foule soudain désargentée. Une stupeur dans l’œil glacé des parieurs. Le reptile se glisse à son oreille, contre sa peau chaude et tendre. Les écailles cruelles écorchent ses tympans. Il siffle. Il n’avait pas besoin de tuer. L’homme au masque. Il n’avait pas besoin. Il aurait pu. Juste. Gagner. Mais il a mis à mort le monstre. Il a achevé l’ennemi. Il a anéanti a jamais la menace. Il a tué. C’est comme s’il avait éteint une lumière. C’est comme si sa voix silencieuse s’était élevée et avait susurré que le jeu n’était plus un jeu. C’est comme s’il avait éveillé la nuit sur le visage de ceux qui regardent. Qu’il avait assouvi leur faim, apaisé leur soif de sang. Qu’il leur avait offert le fruit de leur désir et qu’ils gardaient sur la bouche le gout doux amer d’une victoire acide. La mort, enfin, puis aussitôt, l’hypocrite sentiment de dégout. Un sentiment que Kriss ne connait pas. Ses lèvres s’entrouvrent, stupéfaites, et sa faim semble soudain plus légère. Bouche bée, l’œil fasciné et le cœur en émoi. Elle le regarde, l’homme que les ombres enlacent. Aux cheveux aussi noirs que la nuit. Et il ne semble que de peu d’humeur. La clameur ne le déride pas. Son succès ne semble soudain d’aucune importance. Il n’était pas venu pour la gloire. Son esprit s’imagine déjà qu’il n’était là que pour le combat, que pour la mise à mort. Et le besoin d’apaiser les ombres noires. C’est que Kriss ne comprends encore l’importance de l’argent, et que, naïve, elle s’imagine que les autres n’agissent que par passion.

Alors qu’il s’échappe, comme chassé par la soudaine lumière, elle se voit offrir sa somme pariée multipliée par le peu de popularité qu’avait auparavant le danseur. Le combattant passe devant elle et si ses lèvres s’ouvrent sur un sourire, Kriss est trop stupéfaite encore pour pouvoir se saisir de son attention. Au contraire, elle ne sait encore comment formuler cette envie qui pourtant mordille ses lèvres. L’homme est fugace, furtif, il disparait dans les ombres. Ses iris verts le suivent, alors qu’elle arrête un serveur et lui demande.

Cet homme, là-bas, tu le connais ?

Le jeune homme hoche la tête, c’est que le combattant doit venir de temps en temps, disputer le trône des broyeurs d’os.

Très bien, ce qu’il boit d’habitude, sers nous en deux verres, amènes les là-bas.

Kriss lui montre l’alcôve avant de lui offrir bien davantage d’argent que le prix de deux verres. Alors que le serveur s’élance vers le bar, elle est un instant hésitante. Le doute est rarement sa faiblesse, c’est qu’elle s’aventure rarement à des rencontres qui ne soient fortuites, banales, ou courtes. Il est rare qu’elle cherche l’attention. Plus rare encore qu’elle ne vienne gentiment demander quoi que ce soit. Ce n’est pas tant par fierté, mais par solitude. Il n’est personne à qui elle demanderait une faveur, qui ne le lui doive au centuple. Mais, cette fois, elle aimerait d’un étranger qui lui offre son agilité, sa légèreté, sa rapidité. Qu’il lui apprenne. Elle aimerait qu’un étranger ne le soit plus. Et soudain c’est bien plus difficile. Aucune de ses identités fictives n’est assez pure, assez cristalline assez sombre et si délicatement fragile pour piéger le danseur d’ombres. Il n’y a qu’elle, elle toute entière qui a besoin de lui. Et elle n’est prête à n’abaisser aucune de ses carapaces devant un étranger. Elle n’est pas prête à lui souffler ses peurs, à luiavouer ses mœurs. Et pourtant, peut-être, elles seules pourraient le convaincre à la prendre sous son aile. Comme elles pourraient tout autant, l’inciter à la tuer. L’homme et ses possibles réactions sont une énigme. Elle ne connait rien de lui et ne sait comment l’approcher. Sa seule chance, peut-être, c’est de n’être que ce qu’elle est, sans davantage de masque que nécessaire, et de ne mentir qu’assez pour lui dissimuler ce qui ne pourrait être montré.

Lentement, Kriss se dirige vers l’alcôve. Elle se fait légère, chaton délicat qui tente de surprendre la mère chat. Elle avance dans les ombres, évite les lumières, dissimule son visage, pour enfin, venir s’asseoir dans le plus grand des silences à l’autre extrémité de l’alcôve. Elle attend patiemment qu’il pose ses yeux sur elle et la découvre, espérant lire une lueur de surprise dans ses prunelles. Puis, dans un sourire, lui souffle.

J’avais parié sur toi.

Un sentiment d’allégeance, déjà. Et l’inconvenante déconcertante timidité qui l’enserre. Il a ôté son masque et elle peut voir son visage, qu’elle dévore des yeux. Ses pupilles brillent de curiosité, elle retient à grand peine son bras, sa main. La tactile aimerait briser la distance qui les sépare. Elle aimerait pouvoir le toucher. Elle aimerait découvrir sa peau qu’elle imagine chaude, glaner les derniers battements rapides de son cœur. Découvrir de la sueur peut-être. Des effluves de peur. Ou une chaleur brulante. Mais il n’est pas une petite proie. Il ne lui appartient pas non plus. Elle n’a pas le droit de le toucher. Et voler son énergie ne saurait que de peu de ressources. Quand bien même elle y parviendrait, ce n’est pas tant son énergie vitale qui l’intéresse. Elle ne lui apprendrait rien, ou pas assez. Sa main légère glisse dans les lianes de sa propre chevelure, qu’elle agite, dissimulant sa gêne. La caresse de ses cheveux sur sa peau l’apaise toujours, la jeune femme y trouve un certain réconfort. Il est si proche, maintenant, et si lointain. Et si elle le dévisage, fascinée par le spectacle dont elle fut témoin, il lui semble davantage distant maintenant qu’il ne porte plus son masque. Distant et étranger. Comme s’il redevenait soudain comme tous les autres. Elle murmure.

Je n’ai jamais vu personne se battre comme toi.

Sa peau s’affame. Si elle ne peut le toucher encore, elle désire mieux le connaitre. Kriss retire la chaine qui retient son poignet, posant la pochette sur la table. Puis, comme si l’impudente n’était pas envahissante mais invitée, elle déploie furtivement son poignet jusque le masque qu’elle attrape. Muette, elle contemple son petit larcin quelques secondes, l’œil curieux et soudain plus sage. Et alors qu’elle le pose sur son visage, le retenant aux tempes de ses deux mains, elle respire profondément en fermant les yeux. L’odeur de Tristan est légère, agréable. Quelques gouttes de sueur épousent la peau frêle de Kriss. Une humidité fine glisse le long de son visage, comme si c’était elle qui avait combattu, comme si elle lui volait quelques secondes son identité. Une chaleur douce envahie son visage, dénoue les muscles délicats de la jeune femme. Ses paupières battent et s’ouvrent, elle découvre alors sa vision, et les angles morts. C’est étonnant, elle a l’impression de se dissimuler dans son ombre. C’est grisant, ce sentiment soudain de pouvoir voir par ses yeux, d’être sous le masque d’un autre, même brisé par la violence du combat. De la malice se glisse dans ses iris joueurs. Et le sourire qui passe sur ses lèvres, est plus sincère cette fois, Kriss se sent à l’abri de son regard sous son propre masque. Alors, impudente, elle ose.

As-tu déjà initié quelqu’un à ton art ?

La question est innocente. Même si, si Tristan dit oui, elle tentera probablement de tuer son disciple pour prendre sa place. La question est douce. Même si, son cœur possessif, est partagé entre la peur infime qu’il dise non et qu’il lui refuse tout apprentissage, et le désir mordant qu’il lui avoue le besoin de transmettre son art, pensée terriblement naïve.

Le serveur entre brutalement et sert les deux verres. Kriss retire brusquement le masque et le repose sur la table, devant elle, comme une deuxième paire d’yeux qui la regarde. Elle renvoie son sourire au jeune homme, le visage empli d’une innocence toute imaginaire puis pousse l’un des verres vers Tristan, dans une offre de paix. Quoi que ce soit, cela ne l’intéresse guère, ses pupilles sont insensibles au gout, et entre ses lèvres, tout liquide est une rivière de cendres. Kriss espère cependant que cela est alcoolisé et que l’homme est sensible aux morsures de l’alcool. Puisqu’il faudra bien le convaincre de lui offrir un masque.

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Tristan K. Bellamy
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MessageSujet: Re: Shadow Dancers   Shadow Dancers EmptyLun 22 Jan - 19:28


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Kriss & Tristan
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Assis à sa table, le dos droit, le front seul de Tristan ployait légèrement vers l'avant, comme s'il était plongé dans quelque observation fascinante. Ainsi, ses longs cheveux noirs formaient un rideau autour de son visage tandis qu'il inspectait ses mains, paumes ouvertes devant lui. Dans cette posture, on aurait tout aussi bien pu le croire en train de psalmodier tout bas une prière, à la gloire des dieux qui lui avaient permis de vaincre. Néanmoins, ce n'était absolument pas le cas. Si Tristan cherchait à contacter un monde immatériel, ce n'était pas celui du divin mais simplement celui de ses propres abysses. Sa mémoire semblait avoir été fracturée. Ses paumes portaient en elles le souvenirs de ses actes, elles savaient d'où provenait ce sang qui les avait recouvert mais lui, l'ignorait. Il ne percevait que des flashs qui lui revenaient à des moments impromptus, comme ils l'avaient fait au milieu de ce combat, des visions brèves et fugitives de ses mains poisseuses de sang frais, des mains de meurtrier. En cet instant, bien qu'il venait tout juste de tuer un homme, ses longs doigts pâles étaient propres. Et Tristan avait beau plonger au fond de lui-même, il ne rencontrait qu'une masse de brouillard épais et intangible. Que ressentait-il ? Que désirait-il ? Qui était-il vraiment ? Autant de questions que le brouillard avalait, donnant la sensation à Tristan de n'être qu'un spectre dépourvu d'âme qui errait au travers du monde, sans le moindre but.

Les doigts de Tristan se refermèrent sur ses paumes et il redressa lentement la tête. Dans sa concentration, il n'avait pas réellement pris garde à l'arrivée de cette inconnue, désormais assise en face de lui. Cette découverte lui inspira une vague d'irritation mêlée de malaise. Parfois, il imaginait qu'en évitant de croiser le regard des autres, ceux-ci ne le remarqueraient pas. Or il se souvenait des yeux de cette impertinente qui s'imposait maintenant dans sa solitude. En arrêtant son regard dans le sien, même durant cet infime instant où il l'avait saluée, le charme s'était rompu et il était redevenu visible. Une erreur regrettable.

Le combattant avait ôté son masque mais le visage qu'il avait découvert portait la même neutralité impassible tandis qu'il soutenait le regard de la visiteuse. Peu importait si l'une ou l'autre personne l'apercevait sans son masque, tant que cela restait exceptionnel et passager. Son but était avant tout d'éviter une trop grande célébrité qui aurait pu nuire à la discrétion exigée par ses activités dans la résistance. Moins on le voyait dans des lieux illégaux, mieux c'était. Néanmoins, l'inspection de cette étrangère l'indisposait passablement.

Ses yeux noirs et froids se posèrent ainsi sur celle qui semblait lui porter la plus grande attention. Lorsqu'elle parla, il ne bougea pas d'un cil, surveillant ses gestes tandis qu'elle agitait sa longue chevelure. Tristan ignorait la plupart du temps comment interpréter le langage des corps. Pourtant, ses dons lui offraient désormais une intuition très vive et la gêne de l'inconnue lui apparut dans toute son incompréhensible complexité. De plus, il constata que le regard de la parieuse était habité. Une simple remarque qui le traversa en priorité, un détail assez frappant pour le chatouiller un instant avant de s'envoler comme tout le reste. L'indifférence de l'expression du combattant restait invariable, tout comme son silence. L'idée l'effleura qu'en ignorant cette visiteuse, il retrouverait peut-être son invisibilité si confortable. Une perspective aussi fantaisiste qu'attrayante pour son humeur asociale.

Pourtant, loin de se laisser décourager par son silence, l’intrigante pénétra plus avant dans le cercle de son intimité. Lorsque la main se posa sur le masque, Tristan se crispa insensiblement. Néanmoins, il resta aussi immobile qu'une pierre, comme le faisaient les crocodiles tapis dans la vase, les yeux si fixes qu'on aurait pu les croire morts. Il observa le comportement étrange de la visiteuse sans le comprendre et sans pour autant tenter de le faire, jusqu'à être à nouveau frappé par les étincelles qui luisaient dans ses yeux. Sans doute étaient-elles d'autant plus visibles à présent que le masque couvrait sa figure et que seul l'éclat de ses yeux transparaissaient entre les fentes. Il avait entendu dire un jour que les yeux étaient le miroir de l'âme et cette sentence l'effleura distraitement.

Une question fut prononcée, par dessous le masque et il la soupesa un moment. Depuis qu'il participait aux combats du Bones, personne n'avait jamais cherché à rentrer en contact avec lui et sans doute ne s'était-il pas attendu à ce que cela arrive un jour. Il resta là, à la contempler sans un mot, inspectant son propre masque aux orbites désormais habités. Jusqu'à ce qu'une nouvelle présence s'impose à ses cotés. Un verre fut déposé, puis un autre, et en quelques secondes, Tristan eut la sensation d'être plus visible que jamais, du moins aux yeux de cette étrangère. C'était comme si ses propres contours se dessinaient avec plus de netteté, que son corps prenait plus de consistance et que les couleurs de sa chair, de ses iris et de ses lèvres devenaient plus saturées. Plus vives, plus intenses. Les verres réaffirmaient ce contact social qu'il avait voulu nier tout comme l'était ce sourire solaire qu'elle découvrait à nouveau en délaissant le masque. Perdu dans ses rêveries, Tristan ne vit pas moins le verre se rapprocher, dans une invitation manifeste et, après une brève hésitation, il consentit à rompre son mutisme.

« Pourquoi parier sur moi ? »

Une question, articulée posément de sa voix douce au ton toujours impassible. Tristan sonda les prunelles de l'inconnue, dirigeant vers elle toute son attention. Si elle mentait, il le saurait de manière intuitive, grâce à cette sensibilité toute particulière qu'il avait développée au cours des dernières années. Bien peu auraient parié sur lui et il acceptait désormais ce qui avait été une source de rage et de frustration dans sa lointaine adolescence. Personne n'aurait parié sur la survie de cet orphelin malingre, de cet enfant sauvage, de ce garçon trop fragile et trop sombre. Mais il avait fait de ses faiblesses une force. Ainsi, si on le mésestimait, si son apparence délicate et discrète jouaient en sa défaveur pour imposer le respect, il parvenait d'autant mieux à surprendre. Dès lors, il lui aurait paru étonnant que cette parieuse l'ait perçu différemment. Peut-être avait-elle misé sur lui par hasard ou par esprit de contradiction, une possibilité qu'il aurait sans doute pu comprendre, étant lui-même si peu enclin à suivre la masse.

Tristan guetta du coin de l’œil la présence éventuelle d'amis de cette femme, qu'elle aurait pu narguer de sa victoire imprévue. Néanmoins, elle semblait seule et aucune personne ne regardait dans leur direction. Il s'en trouva quelque peu soulagé, bien que la perspective d'une discussion, même en tête à tête, ne l'enchantait guère. Non pas que l'apparence de cette étrange soit désagréable à la vue ou même que quoique ce soit dans sa personne soit déplaisant de prime abord. Mais le vide qui creusait son propre cœur lui imposait un effort démesuré pour paraître humain, un tant soit peu. Échanger sur des sujets variés lui était aisé lorsqu'il était dans de bonnes dispositions, il se savait capable d'être de bonne compagnie, mais ce soir, ce n'était absolument pas le cas. Ses paroles suivantes furent robotiques, dictées par la méfiance autant que par son habitude à se montrer direct, au risque de paraître vexant.

« Lorsqu'une personne prend la peine de porter un masque ou de s'isoler à l'écart, c'est qu'elle ne recherche manifestement pas le contact avec autrui. J'imagine que vous étiez préparée au risque d'être mal accueillie mais le fait est que je n'ai aucune envie de bavarder. »

Ni de partager un verre avec vous, allait-il ajouter. Pourtant, en les observant, il remarqua à leur couleur ainsi qu'à leur odeur poivrée qu'il s'agissait du jus de citron et gingembre pur – un cocktail sans alcool et sans sucre, particulièrement piquant et acide mais formidablement requinquant – qu'il savourait habituellement. Les deux boissons étaient pareilles, suggérant ainsi que cette personne avait fait l'effort d'un choix en fonction de ses goûts et de les partager. Redressant le regard vers elle, il l'étudia à nouveau, percevant les étincelles de vie dans son regard. Celle de la passion. L'inconnue était jeune, elle semblait du même âge que lui, en apparence et probablement aurait-il dû la tutoyer également, comme elle l'avait fait. Il ramassa son verre songeusement, lui faisant la grâce de trinquer, d'un geste léger vers elle, avant d'y porter les lèvres pour en savourer une gorgée. Peut-être cette jeune spectatrice l'avait-elle abordé dans le but de le séduire, tout simplement ? Tristan envisagea cette possibilité sans certitude. Il aurait sans doute pu se laisser faire et l'accompagner dans une chambre d'un hôtel quelconque. Si c'était le cas, au moins, il ne serait pas obligé de parler.

Il haussa les épaules, reposant son verre, tout en la jaugeant du regard. « Je n'ai jamais initié personne à mon art. Du moins pas aux arts du combat si c'est de cela dont tu veux parler. » Ajouta-il d'un ton moins froid. Et il n'avait jamais prêté son masque à qui que ce soit non plus. Tristan ignorait si la question de la jeune femme n'était qu'une manière d'engager la conversation où si elle était réellement intéressée par les arts martiaux. Dans les deux cas, elle n'avait rien fait qui justifie de la remballer de manière trop rude et sans doute pouvait-il réussir à se montrer poli, l'espace de quelques instants. Il se demanda vaguement si elle apprécierait le cocktail, rares étaient ceux qui réussissait à en boire une gorgée sans grimacer. Songeant encore une fois aux possibilités qu'elle ait ramené une bande d'amis – aussi bruyants que bavards – il lui posa la question, par précaution. « Es-tu seule ? Pourquoi venir ici ? » Accro aux jeux d'argent, curieuse désœuvrée, aventurière au pays de l'illégalité, peacekeeper sous couverture ? Tristan s’apprêtait encore une fois à sonder la vérité dans ses paroles.


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Kriss M. Grimm
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MessageSujet: Re: Shadow Dancers   Shadow Dancers EmptyJeu 1 Fév - 17:47

Shadow Dancers

 

You know how to dance in sunlight when everything is going fine, but you have to learn to dance in darkness when the sun is gone and nothing is going well.*


Le danseur a les yeux fixes et sombres. Perles noires qui ne brillent que par leurs reflets. Cuirasse d’indifférence, il a la patience rompue de ces vieux prédateurs qui attendent dans l’ombre. Lui qui si furtif s’élançait sur la piste de danse, il semble aussi vivant qu’une pierre. Sa vitalité fulgurante s’est transformée en une immobilité troublante. Une statue de corps, que le vent ne caresse ni ne porte. Et des yeux fixes, qui la regardent. Kriss peine à distinguer les pupilles dans les iris.  Elle reconnait à peine la calligraphie vivante qui tournoyait autour du colosse. D’une pirouette élégante, elle aimerait éviter sa question, et le faire sourire peut-être. Aussi sa voix chantante souffle.

Je n’aimais pas l’autre.

Mais il la regarde, du fin fond de ses yeux noirs, comme s’il pouvait lire dans le vert sauvage et tempétueux de ses iris, une vérité qui ne soit celle d’un jeu, une vérité vraie, comme il en éclos peu sur ses lèvres. Le danseur la décortique, en silence, et elle se sent épiée. Epiée différemment. Pas pour son visage, ni même par curiosité. Elle se sent testée, du bout des cils, comme s’il cherchait ces vérités qu’elle murmure plus qu’elle ne clame. Alors, elle aussi, le fixe. Droit dans les yeux. Comme s’ils étaient des enfants dans un jeu de dupes. Comme si captiver son regard pouvait capturer son attention.

Parce qu’il était lent, et vulgaire.
Et parce que tu n’avais pas peur.

Mais déjà il la chasse. Le vouvoiement est distant. Le verbe également. Les phrases écailleuses repoussent l’attention de la jeune femme. Son énergie l’éloigne, la bouscule, de ses syllabes sifflantes, comme si de tous ses contes de fées, elle en avait oublié les vérités moins chantantes, et l’intelligence des serpents solitaires. Les yeux de Kriss sont soudain plus clairs, plus fuyants, et s’ils brillent de la même intensité, la lumière se déporte, comme chassée par les ombres. La réalité la rattrape, banalité vague qui la dépasse. L’homme la lui rappelle, cruel, comme s’il grondait une enfant. Dans le creux de ses lèvres nait un pli, une dureté comme un sourire. Et sa voix, retenue, se tait. Kriss n’a que faire de ses grondements, elle ne compte pas partir. Ni davantage s’enfuir. Mais sensible, elle lui offre cependant la délicatesse d’un peu plus de paix et cesse de le dévisager. Le silence, puisqu’il l’exige. Son dos se dépose sur le dossier, comme frappée par la distance soudaine. Sa nuque lentement se courbe, sa tête chute légèrement en arrière, déposée comme un papillon léger sur une feuille. D’un instinct animal peut-être, elle expose légèrement sa gorge. Et de ses lèvres pastelles nait un sourire vague. Le pli devient une lumière, comme un dessin sur sa chair. La petite chasseresse a l’habitude qu’on la chasse. Kriss n’appartient à aucun de ses mondes. Ni à cette réalité, qu’elle tente de courber des lignes ardentes de ses désirs singuliers. Ni à l’imaginaire, dont elle s’est échappée, conte cruel qui habille ses nuits de cauchemars. Ses yeux se redirigent vers la foule lointaine et si proche. Ce brouhaha qui affame ses sens, cette armée bruyante de parieurs. Kriss non plus n’aime pas parler. Elle soupire. Sa voix est douce, les mots s’enfilent comme des petites perles sur le collier de ses lèvres satines.

Très bien. Nous ne sommes pas obligés de parler.

Douce et imperturbable. Kriss ne le laissera pas partir, pas si vite. Pareille au lierre qui épouse l’écorce des arbres et s’invite sur leurs hauteurs, elle se fait discrète, et silencieuse. Déployant ses racines dans le sol en attendant qu’il la laisse, venir tout contre lui, l’enlacer de ses inflexions sauvages. Pour le perdre dans ses feuilles qu’elle expose si rarement au soleil et dans les nœuds de ses branches, aussi tortueux que les contes glacés dans lesquels elle se sent presque réelle. Kriss attend les brèches, les soupirs, et même les silences qui la laisseront s’avancer.  Jusque se lier à son âme aussi surement qu’elle en a le désir, s’insinuant sous sa peau pour mieux s’en vêtir. Pour devenir, comme son ombre, sa réplique, la marionnette de la danse des ombres et être capable d’en garder les secrets. Son indifférence ou son attention mêlant les mêmes inclinaisons magnétiques, elle est patiente. C’est d’un mystère complexe dont elle veut le dévêtir, du secret de sa danse. S’il veut la tenir à l’écart, elle apprendra par l’imitation, disparaissant derrière ses gestes. S’il ne veut pas de sa présence, elle sera comme lui, aussi immobile qu’une pierre. Et légère parfois, comme soudainement prise par le vent. Au jeu des miroirs, elle a grand art. Quand il trinque, elle se fait son reflet, l’imite à la perfection avant de gouter au liquide étrange. Le gout ne traverse ses pupilles mais l’odeur réveille des sensations inconnues. Avant de reposer le verre, elle en respire le parfum, en découvre les malices. C’est une odeur qui lui échappe. Une saveur sans doute, qu’elle ne reconnait plus. La curiosité embrase ses prunelles. Mais elle ne fera pas l’erreur de lui poser une quelconque question.

Il passe du vouvoiement au tutoiement, comme apaisé par son silence. Ses yeux pales se reposent sur lui. Et si son visage reste calme, le cœur ne peut retenir un soubresaut, qui palpite dans ses pupilles. Ainsi il n’appartient à personne. Il n’y a nulle âme qu’elle se doit de défier pour pouvoir hériter de son art. Nulle bataille si ce n’est de conquérir celui qui ne désire guère être importuné. Kriss songe un instant à se revêtir des armes de la séduction féminine. Ce serait plus simple, peut-être. D’un regard elle l’envisage. Il a la beauté hypnotique de quelqu’un qu’elle pourrait aimer. La froideur, aussi, qui pourrait apaiser ses braises, et ses furies. Il ne s’embarrasserait probablement pas de questions, les abrasives. Elle n’aurait pas à séduire son cœur, ou son âme. L’approche serait simple, et elle ne serait plus tout à fait cette étrangère qu’il éloigne. La jeune femme y songe. Puis rebrousse chemin. Comment espérer de lui qu’il la frappe s’il ressent à son égard la moindre attache corporelle ? Il est risqué aussi qu’il la prenne pour une de ces petites filles qui croient encore au prince charmant et ne prenne pas au sérieux ses désirs de batailles.

Si ses yeux sont vivants, ses lèvres sont éteintes. Il y a un doute dans sa pupille. Un frisson qui court le long de son échine. Pourquoi savoir si elle est seule ? Pourquoi lui demander ? Une méfiance fait fléchir ses cils. Kriss n’est ni dans un endroit fréquentable, ni avec quelqu’un qu’elle puisse occire s’il s’avérait dangereux. Sur son visage glissent des mensonges, puis des vérités, les doutes comme des plis autour de ses yeux inquisiteurs, et une lueur d’incompréhension dans les iris. Kriss est hésitante. Et puis ses cils se courbent, ses paupières ploient et elle lui avoue sa faiblesse.

Je suis venue seule.

Kriss attend quelques secondes de lire sur son visage un danger, une menace. Soudain moins légère, elle est comme crispée, prête à bondir comme un chat plein de griffes. Puis, alors qu’il reste calme, ne s’alarmant guère, elle reprend d’une voix plus enjouée.

Peut-être suis-je venue chercher un masque, comme celui-ci ?

Ses doigts s’infiltrent dans les yeux du masque et le soulève, pour ensuite le porter entre eux, l’installer comme une troisième personne. Comme l’idée qu’elle aimerait souffler à son cœur. Il y a mille détours qu’elle pourrait prendre pour lui soupirer son désir. Et sans doute mille façons non brutales de l’inviter à l’accepter. Mais alors que sa peau est au contact du masque, et que ses lèvres se font plus rêveuses, elle raconte son envie comme s’il s’agissait d’une histoire.

Je suis déjà venue ici. Avec un idiot, un parieur. Il a joué gros et il a gagné.
L’homme ne pariait que sur des monstres d’ossatures.

Si demain, elle ne doit rien lui cacher des faiblesses de son corps. Kriss n’a aucune raison de mentir aujourd’hui. Elle tait cependant le destin fatal de son compagnon d’infortune, qui crut si facilement l’impressionner et lui faire oublier ses désirs carnassiers. Kriss ne parle que de ceux qui lui inspirèrent l’idée farfelue qu’elle lui soumet. Comme une offrande.

Les combattants passaient les uns après les autres. Ils se battaient avec férocité.
Mais ils ne se battaient pas aussi bien que toi.

La voix qui fut évasive, revient à lui, comme son regard, soudain plus fixe. Elle le jauge quelque seconde, puis sans un battement de cils, termine son histoire.  

J’aimerais me battre comme toi.

Kriss aimerait lui dire sans détour, l’acier de son âme et le tendre de sa peau, la fureur de son cœur, et la douceur de ses membres, la violence de son âme et le sensible de ses os. Ou mentir, parler de la peur et inventer des histoires, des mythes. Les griffes du Minotaure, ou le conte de sa dernière victime. Montrer son poignet bleui par une main trop dure, ou dévêtir sa robe pour le laisser apprécier les dessins mordorés de ses combats passés. Kriss aimerait lui demander, ce qu’elle désire si fort, cet animal capricieux qui palpite dans son regard, mais ses lèvres restent closes. Sa question plane dans les airs, phalène aveugle, aux ailes de velours, qui glisse sous la lumière, sans jamais se poser.
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MessageSujet: Re: Shadow Dancers   Shadow Dancers EmptyMar 20 Fév - 22:47


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Kriss & Tristan
featuring

Le silence est un ami qui ne trahit jamais. Il s'étendait entre eux, le silence, dans cette vaste salle saturée du bruit des autres. La présence de l'inconnue paraissait déjà moins dérangeante tandis qu'elle se confondait avec le décor, en prolongement de la chaise sur laquelle elle était posée. Ses phrases étaient courtes, spontanées, précises. Ses mots ne s'embarrassaient ni de superflu ni du voile grotesque de l'hypocrisie sociale. Tristan apprécia cela. Il apprécia également la vérité qui brillait sur chacune de ses syllabes, la sincérité qui sublimait la tonalité lumineuse de ces iris, dépourvues des artifices du mensonge.  Parfois, dans les gestes des menteurs, il ressentait un tel manque de grâce qu'ils lui paraissaient s'embourber dans une gadoue poisseuse et répugnante. Ignorants de l'aspect si visible de leur maladresse, ils s'empêtraient niaisement dans leurs absurdités jusqu'à en être ridicules. Mais ce n'était pas le cas de cette étrangère au regard droit dont le sourire accommodant ne se souillait d'aucune impatience. Si elle mentait, elle le faisait avec trop de talent pour qu'il puisse le détecter.

Il l'avait observé humer avec curiosité le breuvage qu'elle avait elle-même commandé. Peut-être faisait-elle partie des rares personnes qui appréciaient l'amertume sans l'ivresse. Le gingembre était réputé aphrodisiaque mais pas seulement, il possédait de très nombreuses propriétés médicinales. Tristan se dispensa néanmoins de tout commentaire, profitant du confort du silence qu'elle lui offrait. Une délicatesse appréciable. Même quand elle parlait, il devait reconnaître qu'elle n'était pas réellement gênante. Contrairement à bon nombre de donzelles criardes qu'il était contraint d'escorter, la voix de cette jeune femme était douce et assez plaisante à écouter. Si tel n'avait pas été le cas, il aurait été obligé de se plaquer les mains contre les oreilles pour reposer son esprit. L'un de ses écouteurs avait été abîmé par le combat et Tristan ne pouvait désormais plus compter sur la musique pour le protéger des bruits qui l'agressaient. Souvent, les sons le blessaient plus que les coups.

L'aveu de sa solitude lui fut apporté sans qu'il ne bronche. A peine abaissa-t-il ses paupières avec complaisance, pour l'encourager à poursuivre. La réponse suivante le laissa songeur alors qu'il tournait son regard vers le masque, porté entre eux comme un invité muet qui observait leur conversation. Il le considéra un moment, pendant qu'elle poursuivait, lui narrant son histoire en quelques mots brefs. Ainsi, elle se trouvait là pour les combats et elle s'était désolidarisée de la compagnie des idiots. Une bonne chose, probablement. Tristan retourna ses yeux sombres vers elle, déviant malgré lui vers sa gorge gracile qu'elle lui avait exposée précédemment. Parfois, au fond de lui, des pulsions sauvages s'éveillaient et il perçut au fond de ses entrailles un grondement sourd, semblable à la lamentation d'un crocodile. Meurtrissure. Il cilla légèrement tandis que ses billes charbonneuses se redressaient vers le regard trop droit de sa visiteuse. Le cœur de Tristan possédait plusieurs facettes. L'esprit de Kayiman se perdait dans ses rêves. Mais le parasite qui corrompait son âme lui chuchotait des mots étranges. Morsure. Crac. Croque.

 « Hum. » Tristan ferma les yeux une seconde, ramassa son verre et en savoura une gorgée plus profonde. Il aimait le gout mais il n'avait pas vraiment soif. Il soupesa l'expression du regard de l'inconnue un moment, sensible encore une fois à l'intensité de la vie qu'il abritait. Ses prunelles luisaient, comme si elles couvaient un feu ardent. Il ne s'agissait pas de flammes agressives qui brûlaient leur destinataire dans leur ardeur provocante, comme le faisaient parfois les combattants trop farouches. Elles ne ressemblaient pas non plus aux lueurs libertines, destinées à allumer le désir chez une proie convoitée. Leur chaleur était interne, irradiant naturellement d'une source prolifique et Tristan resta silencieusement fasciné par leur éclat. La vie, la vie qui était si absente de sa propre aura. S'il n'était qu'une ombre, cette inconnue symbolisait la lumière dans leur espace. Elle aimerait se battre comme lui. Il aimerait être vivant comme elle. Mais il conserva sa pensée pour lui même et recula au fond de sa chaise, conservant les lèvres closes encore un bon moment. Ils n'étaient pas obligés de parler avait-elle dit. Tristan ne se sentait jamais obligé de rien.

Le masque. Il allongea son bras pour y poser ses longs doigts pâles et se le réapproprier. Sans doute n'aurait-il jamais dû quitter son visage et il hésita à s'en couvrir à nouveau, mettant fin à la conversation du même coup. Elle avait évoqué la possibilité d'être venue pour chercher un tel objet et la voix de Tristan s'éleva enfin, distraite et volatile, comme un souffle. « L'anonymat est une bonne chose lorsqu'on commet des actes illégaux. » Ce qui était son cas, comme elle avait pu le constater en direct lors du combat dans la fosse. Le masque était également utile pour les personnes qui se renfermaient sur elles-mêmes, qui répugnaient au contact des autres, par crainte, malaise ou dégoût. Tristan témoignait d’une certaine dualité dans sa personnalité. Imprévisible et complexe, il était tiraillé entre une facette active, autoritaire et ambitieuse, ainsi qu’une autre plus sensible et angoissée. Par fierté et par orgueil, il ne dévoilait cette seconde facette qu’en d'extrêmement rares occasions mais elle existait bel et bien. La demande de cette fille était à peine voilée mais il croyait à présent comprendre ce qu'elle cherchait en venant à lui. Sa précédente question sur la possibilité qu'il ait initié des gens à son art aurait sans doute dû le mettre sur la piste. Son intérêt était donc éveillé mais il se garda bien de le montrer, mesurant ses paroles. « Tu n'as pas pu voir tous les combattants. Certains se battent peut-être mieux que moi. » Ou pas, songea-t-il avec arrogance. Néanmoins, le métamorphe serpent, son ancien maître, valait indubitablement la peine d'être admiré. Qu'il soit absent le remplissait d'amertume et Tristan expulsa un léger soupir.

Le silence reprit sa place durant quelques instants méditatifs où le regard inquisiteur du taciturne caressait sa proie. Une proie. Encore une fois, des flashs envahissaient son esprit, des images de scènes macabres et sanglantes. Il se pinça les lèvres, troublé comme souvent par ces pensées envahissantes qui surgissaient de nulle part et lui donnaient la sensation d'être fou. Si cette demoiselle avait désiré le séduire, il aurait pu se perdre avec elle dans une danse charnelle qui lui aurait fait oublier pour un temps une part de ses tourments. Ce n'était manifestement pas son intention, néanmoins le sujet de conversation qu'elle amenait pourrait peut-être jouer le même rôle de distraction. Alors très bien, elle s'intéressait à l'art du combat. « Pourquoi aimerais-tu te battre comme moi ? » L'interrogea-t-il d'un ton neutre en ramassant à nouveau son verre. La conversation ne s'étendrait que le temps de les terminer, comme il se l'était promis, dans un effort de politesse. Si elle l'ennuyait dans ses réponses, il prendrait congé et s'en irait récupérer ses affaires personnelles auprès de Grayson Hawk – clefs de moto, porte-feuille et gains – et fumerait une cigarette en sa compagnie. L'homme parlant peu, quoique rustre, Tristan se sentait bien avec lui et depuis les Forgiven Days, ils s'étaient étonnement rapprochés.

Alors, il attendit qu'elle perde patience, que la lumière si fascinante dans ses yeux s'éteigne ou que la douceur de sa voix s'éraille. Elle ne tarderait pas à perdre de ces belles qualités, il n'en doutait pas. Rares étaient les personnes qui s'obstinaient longtemps lorsqu'il leur opposait son indifférence implacable et ses yeux vides. Il l'était, vide. Son cœur n'était plus qu'un gouffre où soufflaient des vents glacés. Et il ignorait ce qui pourrait le remplir. Sa curiosité pour les motivations de cette poupée diaphane le maintenait pourtant assez à flot pour qu'il consente à la regarder réellement, à mesurer ses mots, à sonder sa sincérité – jusque ici toujours fidèle – et à   tenter de deviner ses intentions. Car au de là de son gout pour la beauté du combat, leur rapidité et leur grâce, elle semblait désireuse d'y participer. Alors pourquoi ? La mort. souffla une voix parasitaire au fond de son crâne et Tristan se raidit insensiblement, une pensée le traversant subitement. Était-elle venue chercher un meurtrier ? Une personne capable de causer la mort sans un bruit. Il murmura son interrogation, l'intrêt gravissant dans la noirceur de ses prunelles.

« Qui veux-tu tuer ? »


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Kriss M. Grimm
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MessageSujet: Re: Shadow Dancers   Shadow Dancers EmptyLun 12 Mar - 18:34

Shadow Dancers

 

J’ai toujours aimé le désert. On s’assoit sur une dune de sable. On ne voit rien. On n’entend rien. Et cependant quelque chose rayonne en silence.*

Alors que le silence se dépose autour d’eux, voile délicat et délicieux qui calme ses humeurs, les pensées de Kriss glissent vers cette réalité oblique. Et s’il était venu à elle, l’aurait-elle chassé comme il se prépare peut-être à le faire ? Peut-être, Kriss est un être solitaire. Elle n’est que faussement sociale quand elle s’habille d’une de ses identités factices. Et peut-être pas. Tristan l’intrigue. Et pas seulement pour la violence de son combat et la légèreté de son corps. Pas seulement parce qu’elle peut apprendre de lui ce qui lui manque si intimement. Il l’intrigue. Parce qu’il n’a pas besoin de parler. Parce que sa froideur et son immobilité apaise le feu violent de son instinct sur le qui-vive. Parce qu’auprès de lui soudain, elle se sent en paix. Et qu’elle ne ressent pas le besoin de le connaitre davantage, d’éplucher son histoire comme elle le ferait des écailles d’un artichaut, jusque toucher un cœur tendre mais sans intérêt. Elle ne ressent pas le besoin de comprendre chaque infime battement de ses cils, ou même de s’inventer des fausses histoires sur son passé. La jeune femme se sent bien, peut-être fragile, mais en paix. Et il est rare qu’elle soit si calme, si détendue. Il est si rare qu’on ne la bombarde pas de questions assourdissantes, appelant inévitablement l’explosion et la fuite. Peut-être parce qu’il pose les siennes avec douceur et un intérêt si léger qu’indécelable, elle ne ressent pas le besoin de les éviter.

Kriss lui laisse le masque et ses doigts soudain nus, se reposent autour de son verre. Elle boit une gorgée du curieux breuvage. Quand il parle des autres combattants, sa langue rapide réponds. Douceur enfantine, boomerang plein des éclats malicieux de cette jeunesse qui brille encore en elle. Kriss n’est pas dupe, mais elle peut jouer aussi. S’il s’agit de fausse modestie ou du désir de l’éloigner d’une douce pichenette ne suffira pas.

Certains, peut-être.

Mais elle n’y croit guère. Et puis, s’il s’agit d’une brute, cela ne l’intéresse pas. Kriss le veut lui et s’il veut jouer à chat, elle peut faire la souris. Elle aime courir, si on la chasse. Et n’a pas peur d’être prise aux filets de ses griffes furent-elles douces ou tranchantes. Tristan la regarde sans détour, attendant peut-être qu’elle brise sa promesse, comme si sa volonté était si légère, et si vacillant, son esprit. Certaines personnes n’aiment être regardées, encore moins avec autant d’intensité. Et il ne leur suffirait qu’un regard long et intrusif pour les chasser. Mais Kriss ne se décompose pas si vite au contraire, elle le laisse la dévisager attendant patiemment qu’il engage la conversation ou qu’il ne l’engage pas. Tant qu’il reste ici, avec elle, elle consent à jouer selon ses règles.

Tristan la questionne enfin. Et c’est comme une infime victoire.

La force brute ne m’intéresse pas, de toute évidence, ce n’est pas quelque chose que je puisse apprendre.

Kriss lève son bras, encercle ses doigts autour de son poignet. Même avec toute l’entrainement du monde, elle ne ressemblera jamais à l’un de ces colosses. Ses paroles sont plus légères et plus douces que ses mots.

Je veux que ce soit toi. Tu es rapide, tu es léger, tu es fort.

Ce qu’elle veut dire ensuite, est plus difficile. Kriss cherche à mettre des mots sur des impressions. Elle ferme quelques secondes ses yeux pour se remémorer ce qui l’avait tant fasciné chez lui. Et murmure.

Tu distords la réalité. Tu uses d’illusion et de théâtre.
Tu l‘as pris au piège de ce qu’il voulait bien voir.

Ses paupières se rouvrent. Kriss n’est pas avare de compliment et il est rare que ce soit le cas.
Et puis soudain, il parle, comme s’il connaissait déjà le fond de son cœur. Et qu’il en avait déjà lu la noirceur.

Ce n’est qu’un murmure. Une question qui passe dans l’air. Reptilienne. Papillon qui glisse sur sa peau. Frôle ses cils qui battent. Un souffle d’air, la danse aérienne d’une question qu’il sait incisive, prononcée avec douceur. Et cette envie dans les yeux de Tristan, de découvrir le fin fond de ses pensées. La seule véritable question peut-être, qui appelle tant de mensonges. Et, sans doute, aurait-elle du s’y attendre. Les prunelles l’appellent, noirceurs soudain plus chaudes alors qu’il cherche à distinguer la nuit dans ses iris pales.  Ses pupilles se dilatent. La surprise frappe son visage. Et son cœur manque un battement, le palpitant ne sait pas comment répondre au rythme furieux qui l’enserre. La peur ou la fuite. Ou peut-être, déposer les armes devant celui qui inconnu ne le serait peut-être plus. La vérité brule ses lèvres silencieuses. Personne. Tout le monde. Peut-être toi un jour.

L’air se serre dans sa gorge. C’est comme une étau, la poigne du colosse autour de sa trachée. La mort de son souffle de femme. Son visage s’immobilise, fossilisé par cette nuit qu’exhale ses pupilles. Sa peau diaphane reflète les lumières de l’ailleurs. Et l’envie palpitante de ses iris trop claires, trop innocentes et si foncièrement cruelles. Sa gorge est serrée, mais elle n’a pas besoin de respirer pour vivre. Elle a besoin de tuer. Et c’est la mort qu’elle lit dans ses prunelles. Il a tué dans l’arène. Il a tué avant. Elle aussi. L’a-t-il compris déjà ? Certains s‘éloignent et disparaissent, mais elle se rapproche comme happée par son appel. Et sa voix douce, peut-être plus grave, comme enrouée, lui murmure enfin sa véritable requête.

Je ne t’ai pas demandé de m’apprendre à tuer, je t’ai demandé de m’apprendre à me battre.

Et puis, dans ce qui pourrait être une provocation si ce n’était une confession.

Et puis peut-être que je sais déjà tuer.

Son instinct tout entier est mortel désir et autant de façon de tuer que de vivre. L’instinct du chaton, comme ses griffes, et l’appétit carnassier des araignées. Depuis qu’elle est revenue de l’illusion, Kriss est affamée, égarée dans les rues comme ces chats sans maison. Elle n’a pas besoin d’apprendre à tuer, ce n’est qu’un détail, et elle n’a plus peur de la mort depuis longtemps. Elle a besoin d’apprendre à survivre. Ses yeux quittent ceux de Tristan, et elle se recule un peu. Comme gênée soudain. Il veut la vérité sans défaut, elle la lui offre à demi-mot. Elle pose son poing sur sa poitrine, et ses yeux devient.


Je veux tuer la faiblesse. Tout ce qui est faible à l’intérieur.
Et quand je t’ai vu te battre, c’est ce que j’ai vu. De la puissance, du contrôle.
Et je ne croyais pas qu’un corps comme le mien puisse être aussi fort.

Sa main sur son cœur, quelques secondes. Sur les battements de cet astre irrégulier, qui brule de lumières éparses. Ces brulures d’hier dans l’océan de cendres de son passé. Ces envies dévorantes dans le flot irrégulier de ses avancées. C’est comme une mélopée nocturne, velours sur ses lèvres, morsures fragiles, où ces papillons violacés sur son poignet. Kriss est fragile. Ses os sont fins, sa peau est un tableau dont les peintures mordorées tachent la beauté. Kriss se sent aussi sensible que les proies qui se glissent entre ses griffes. Et peut-être, un jour, sera-t-elle celle qui se meurt sur le trottoir. Ses yeux sont de nouveau vagues, elle n’aime pas s’avouer des faiblesses dont il pourrait se moquer. Il lui semble s’exposer, s’offrir comme une petite proie facile quand elle connait son instinct vif de tueur. Sa main fine passe dans sa chevelure, l’agite un peu comme si elle chassait sa confession. Le jeu s’allonge et s’étends dans le temps. Elle sent qu’elle ne retiendra plus Tristan longtemps. Et elle n’est pas sure qu’elle puisse lui offrir des réponses plus intimes.

Alors ses yeux se reposent sur ce masque qu’il tient encore. Puis sur son visage. Et elle se sent, comme le renard qui parle au petit prince. Comme le jeune loup qui essaie de rejoindre une meute. Et qui baisse échine, qui dépose les armes. Qui se blesse, au souffle de ses prières teintées de fierté comme de crainte. Et qui attends, attends que ne vienne le coup de crocs réprobateurs, ou l’approbation silencieuse.  Kriss s’approche subtilement, et la rivière de ses cheveux sauvages glisse sur son visage. Ses yeux s’écarquillent et elle demande enfin sans plus ni maquillage ni artifices.

Alors, qu’est-ce que tu en penses ?

Et la question est innocente. Kriss aimerait même qu’elle soit anodine. Comme si elle ne lui demandait vraiment, ce que désire si ardemment son cœur. Mais sa voix est plus fragile comme sous l’éclat d’un doute soudain. La jeune femme qui était si sure d’elle, a l’assurance qui se fissure, sous le tonnerre des battements de son cœur. Et s’il disait oui, et s’il disait oui vraiment ? Elle serait sienne alors, elle ne pourrait plus rien lui cacher, elle ne serait plus vraiment libre, libre comme l’air. Kriss a cette vision ancienne, du Sensei et de son ombre. De ce que l’esclave est au maitre, et le maitre à l’apprenti. Et s’il disait non ? Ce ne serait pas une surprise, il faudrait le convaincre alors. Le chasser jusque dans sa tanière. Le pister comme elle le ferait d’un loup solitaire. Et le forcer à lui montrer ses crocs. Qu’il gronde et la menace, la morde ou la griffe. Elle se soumettra si tel est le prix à payer. Mais jamais elle ne le laissera s’enfuir.



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Tristan K. Bellamy
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MessageSujet: Re: Shadow Dancers   Shadow Dancers EmptySam 14 Avr - 13:06


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Kriss & Tristan
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Certains étaient peut-être meilleurs que lui. Tristan ne l'avait pas nié. Il lui arrivait parfois de mordre la poussière, de se manger sa part de coups et de douleur, encore aujourd'hui. Pourtant, si un rival démontrait plus de valeur en combat, soit en force soit en technique, personne n'égalait sa vaillance. Parce que le désir de se surpasser le poussait à se battre sans cesse, sans jamais s'avouer vaincu, jusqu'à ce qu'il parvienne à la hauteur de la victoire. Alors si jamais certains étaient encore meilleurs que lui, il était sûr qu'ils ne le resteraient pas bien longtemps. Son verre en main, Tristan était resté méditatif, observant les réactions de l'inconnue. Elle demeurait à sa place, sans broncher et sans paraître importunée par l'excès de silence ou la fermeture de son regard. Les paupières de Tristan s'ouvraient sur des gouffres de ténèbres. Il avait posé les yeux sur le poignet dévoilé et avait remarqué ainsi les meurtrissures qui coloraient la peau claire. Des traces de coups, des vestiges d'agression, des symboles d'humiliation, peut-être. Il avait écouté les explications offertes sans l'interrompre, soupesant les raisons qui la poussaient à le choisir comme modèle. Entendre la manière dont il était perçu par un regard extérieur lui inspirait une curiosité très mesurée. Tristan se moquait habituellement de ce qu'on pensait de lui, mais le point de vue d'une amatrice de combat était relativement intéressant, malgré tout. Assez pour qu'il s'interroge et que soudain, un regain d'intérêt n'éveille une question morbide. Cherchait-elle un meurtrier ?

Le visage serein de la douce jeune femme se déforma, l'espace de brèves secondes. Tristan la vit se figer sous l'effet de la stupeur, comme s'il venait de la frapper avec sa question. Ce trouble ne l'empêcha pas de répondre et, tandis qu'il buvait posément une gorgée, il mesura la gravité qui animait la voix toujours calme de l'inconnue. Peut-être savait-elle déjà tuer. Cette proposition anima un vague sourire sur les lèvres pulpeuses du guerrier. Un sourire aérien, presque invisible, alors que son regard devenait plus opaque, des désirs malsains rôdant dans son esprit. Sa demande précisée, l'inconnue semblait hésitante et Tristan perdit son regard alors qu'elle reculait, ce qui ne l'empêcha pas de continuer à la dévisager avec la même insistance sereine. Il attendait patiemment qu'elle s'exprime, observant sa gestuelle avec une certaine fascination.

Les sourcils froncés avec curiosité, il la vit poser sa main contre son cœur, comme pour une promesse solennelle alors que sa voix s'habillait d'émotion, dont la profondeur s’avérait parfaitement authentique. Il reconnaissait la vérité dans chacun de ses mots et la sonda un moment, observant les mouvements de sa chevelure qui dansait autour de son visage. Ayant reposé son verre, il conservait encore son masque dans sa main et remarqua que le regard de l'inconnue s'y posait. Peut-être considérait-elle ses cheveux comme un genre de masque. Lui-même appréciait de les porter longs mais il les effleurait rarement. Il songea à cela et à d'autres choses mais ne perdait rien des mimiques ni des paroles qui s'offraient à lui. Quand elle l'interrogea, il constata que ses yeux s'élargissaient, comme si elle désirait y faire pénétrer toute la lumière et toutes les images. Comme si elle voulait s'approprier ses réponses sans en perdre la moindre étincelle. Sa voix semblait plus frêle mais il n'y prit pas garde. Sans cette question directe, sans doute n'aurait-il plus rien rétorqué, laissant la conversation mourir sans aucun scrupules. Mais elle lui demandait son avis et il ne voyait pas d'objection à le lui offrir.

« Tes motivations sont louables. La faiblesse n'est pas un défaut, elle ne le devient que lorsqu'on s'y complaît. Si ton but est de la tuer alors je ne peux que t'encourager à poursuivre dans cette voie. »

Il aurait pu en rester là, l'abandonner avec ce bref conseil aux allures de conclusion. Parfois, la froideur de Tristan accroissait cette impression d'arrogance et de dédain qu'il renvoyait au reste du monde. Pourtant, il ne souhaitait pas réellement se montrer méprisant ou moqueur vis à vis de cette spectatrice, si différente des autres, et ses paroles, quoique concises, étaient sincères. Lui-même ne pouvait admettre la moindre faiblesse, ni chez lui ni chez les autres, et cette intransigeance le poussait systématiquement à un souci de perfectionnisme. Il ne pouvait que reconnaître le vœu de cette jeune femme comme des plus honorables et, si sa volonté était aussi sincère que tout ce qu'il avait pu lire de vivant et d’authentique au fond de ses yeux, il ne doutait pas qu'elle puisse aller au bout de sa quête. Néanmoins, il n'était pas sûr de désirer l'accompagner en tant que mentor. Devrait-il le lui signifier de manière claire ? Elle-même avait prononcé plusieurs fois des demandes explicites qu'il ne pouvait décemment pas ignorer.

Je veux que ce soit toi. Je t'ai demandé de m'apprendre à me battre. Qu'est-ce tu en penses ? Du mal.

« Je suis un professeur de danse. Je n'enseigne rien d'autre. »

Tristan se mura dans une expression impassible. Il avait essayé, peu de temps auparavant, mais sa tentative s'était avérée désastreuse. Vaas Milligan avait été son élève durant plusieurs mois, au cours desquels Tristan l'avait aidé à maîtriser ses nouveaux pouvoirs, à contrôler sa peur, à lutter contre ses angoisses. Ils s'étaient battus également, jusqu'à ce que leur opposition dépasse le cadre du combat amical pour laisser place à la colère et à la haine. Jusqu'à ce que Vaas revive les humiliations et brimades que lui imposait son propre père et qu'il superpose  ce souvenir à l'image de Tristan. Jusqu'à ce que leur amitié explose et que tout soit réduit au néant. Aujourd'hui, il ne gardait que des souvenirs confus de sa dernière rencontre avec son ami. Il revoyait leur course dans les boyaux de Darkness Fall, leurs combats contre les monstres et puis... tout devenait noir. En songeant à cela, Tristan fut piqué par une vague d'amertume qu'il chassa aussitôt. Dans le même temps, il changea radicalement de sujet.

« Si tu sais déjà tuer, je serais curieux de connaître tes méthodes. Mais ce sont des choses qui ne se partagent pas, j'imagine.» Le poison ?  Un rictus cynique l'effleura tandis qu'il ramassait son verre pour le terminer posément. N'aurait-il pas été ridicule de mourir ainsi, par inadvertance, en acceptant naïvement un breuvage de la part d'une inconnue ? Il n'y aurait aucune gloire à triompher de la sorte. Dans le fond de lui-même, il espérait ne pas avoir affaire à une empoisonneuse, non pas par méfiance, mais parce que cette technique l'aurait sans doute passablement déçu. A quoi s'attendait-il venant d'elle ? Il n'en savait rien. Pas à grand chose, sans doute, et cela valait mieux comme ça, il ne le savait que trop. Tristan n'avait jamais de trop hautes attentes concernant les autres, tout au contraire, il avait pris l'habitude de ne rien espérer de qui que ce soit.

Son verre était vide, il aurait pu partir, comme prévu. Il l'aurait fait sans la moindre culpabilité mais il devait reconnaître que cette demoiselle ne méritait tout de même pas d'être rejetée sans la moindre explication. Il lui accorda donc cet insigne marque de respect en reprenant la parole, de sa voix basse et insensible.

« Je t’intéresse parce que mon corps te parait aussi fragile que le tien. J'ignore ce que tu attendrais d'un mentor mais je n'ai aucune astuce ou secret miracle à te révéler. Tous ces atouts que tu as énumérés ne se gagnent pas sans efforts mais au prix d'un entrainement long et rigoureux. C'est la même chose, pour la danse, d'ailleurs. »

Son adversaire possédait des muscles gonflés et nettement visibles qui impressionnent alors que les siens étaient plus discrets. Les gens s'y trompaient, comme elle l'avait affirmé, mais le corps de Tristan n'en était pas moins taillé pour le combat, il était entièrement constitué de muscles secs sans un atome de graisse. Concernant cette jeune femme, il ne pouvait déterminer si elle était athlétique ou non en la voyant habillée mais il n'estimait pas impossible qu'elle parvienne à de bons résultats en travaillant. Si elle était capable de volonté et de courage, les techniques pouvaient s'apprendre, autant en danse qu'en combat. Tout en réfléchissant, Tristan se rendit soudain compte qu'il l'évaluait malgré lui. Sa décision lui paraissait pourtant claire, il ne désirait pas enseigner ce genre d'art...

Doucement, il se redressa, son masque à la main. Ses yeux sombres s'attardèrent encore un moment sur elle avant qu'il ne se décide à cette précision. « Je vais fumer dehors. J'imagine que tu ne partages pas cette fâcheuse addiction.» La cigarette était fortement déconseillée aux sportifs, il se répétait souvent qu'il devrait se résoudre à abandonner cette habitude. Ils souffla ces derniers mots dans une ébauche de sourire avant de reposer son masque sur son visage et de tourner les talons pour plonger dans la foule. Tout en avançant, il se disait que peut-être, si elle était assez obstinée, elle aurait l'audace de le suivre, malgré tout.



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MessageSujet: Re: Shadow Dancers   Shadow Dancers EmptyVen 27 Avr - 20:38

Shadow Dancers

 

J’ai toujours aimé le désert. On s’assoit sur une dune de sable. On ne voit rien. On n’entend rien. Et cependant quelque chose rayonne en silence.*

Il a la douceur narquoise de ces Non qu’on souffle davantage que l’on ne crie de peur de leur donner trop de valeur. Tristan est d’une grande délicatesse dans ses refus. Mais aussitôt, peu flattée par les compliments, le visage de Kriss se recule, comme si elle refusait d’entendre ce qu’il pourrait lui dire, et la manière dont il détourne son attention. Son visage n’est soudain plus sous la lumière tamisée, elle se dissimule instinctivement dans les ombres, comme pour cacher une faiblesse, cette lueur d’espoir qui clignote avant de s’éteindre, et celle, plus vive encore de sa résolution combative. Le danseur croit peut-être qu’elle manque de gravité, d’un centre autour duquel virevolteraient ses pensées, furent-elles parfois sporadiques et chaotiques. Il croit peut-être qu’il suffit de lui suggérer un non pour qu’elle s’évanouisse dans la nature. Lui aussi sera déçu. Ses doigts passent sur les mèches échappées de sa chevelure, les repoussent derrière son oreille. Son échine se repose contre le dossier, elle retient un soupir. Sa solitude s’empare d’elle comme autant de pics ardents. Peut-être devrait-elle cesser de se battre contre cette destinée qui semble pourtant toute écrite pour elle. Peut-être devrait-elle revenir auprès de ses pères, rentrer dans les rangs de la résistance, cesser de s’obstiner à croire qu’elle puisse jouir un jour de liberté. Peut-être est-elle trop différente pour être acceptée ailleurs. Peut-être est-ce trop tard, qu’il ne sert plus à rien de se débattre contre le court du temps. La voix de Tristan resonne, elle y répond dans un souffle.

Ton partenaire de danse, ce soir, est dans un bien mauvais état.

Les paroles seraient peut-être acides s’il n’y avait cette infime ironie dans sa voix, ce sourire qui se cache au ceux de ses lèvres comme un secret. Tristan peut tenter de lui dire non, de fustiger la réalité, de l’enrober d’un semblant de raison, lui expliquer le possible et l’impossible. Ce qui est et ce qui ne pourrait être. Mais ce qu’elle a vu dans l’arène, sa silhouette, habillée par les ombres, la légèreté de son corps, la violence de ses uppercuts restent imprimés dans ses pupilles. Il n’a pas pu apprendre seul. Elle ne peut pas apprendre seule. Kriss est déjà aux limites de ce que l’on peut apprendre sans direction. La jeune femme a désespérément besoin de lui. Tristan peut lui souffler d’autres vérités, d’autres facettes de sa personnalité, peut-être plus douces, plus faciles, plus simples, mais elle ne s’intéresse qu’à la partie la plus complexe, la plus difficile, l’inaccessible. L’essence même de son art se mêlant à ses gestes, à ses mots comme une assurance de pouvoir toujours donner la mort.

Kriss s’attends à ce qu’il parte, pour pouvoir le suivre, le traquer comme elle le ferait d’une bête sauvage, ou d’une énergie qui diluerait sa faim. La jeune femme sait intimement qu’elle ne pourra pas la convaincre à la force de ses mots s’il ne fut déjà séduit par l’idée de la prendre comme disciple. Elle attend patiemment qu’il ne coupe court à leur discussion, mais Tristant la surprend d’une nouvelle question. Un instant Kriss envisage de lui souffler sa nature prédatrice, se serait si facile, peut-être même la connaitre jouerait en sa faveur. Mais s’il refuse de prendre soin de son apprentissage, elle ne peut se permettre de lui souffler ses secrets. Et puis, il n’attend pas vraiment de réponse.

Ce sont des choses qui se partagent, parfois.

Entre l’élève et son maitre. Kriss ne lui refuse vraiment la réponse, elle l’éloigne dans le temps et dans l’espace, l’invitant à la poser encore, peut-être, plus tard, si cela l’intéresse toujours d’en connaitre la réponse. Le verre de Tristan est vide, le sien l’attends toujours mais n’attire guère ses envies. Il rompt le silence une nouvelle fois. Cette fois il attire davantage son attention. Dans ce soin qu’il prend à lui expliquer pourquoi ce serait une mauvaise idée, et peut-être, aussi, à tenter de la détourner de son but, lui disant avec raison que le chemin qu’elle aimerait emprunter est fastidieux est difficile, que cela ne puisse être juste un coup de tête. Kriss comprends alors que sa requête passe peut-être pour un caprice, qu’il ne prend pas sa demande au sérieux. Une intelligence passe dans son regard. Comment pourrait-il ? Il ne la connait pas. Un reste de désillusion brise le silence, s’échappant de ses lèvres alors qu’elle songe déjà à un moyen de lui faire comprendre que son audace est certes impromptue, mais que sa demande est bien réelle.

Je ne crois pas aux miracles.

Kriss devrait pourtant, les effluves de la magie de nombreuses fois se sont posés sur elle. Dans l’illusion, il n’y avait que des miracles, ces faux espoirs d’échappatoire, ces impasses cruelles comme autant de pièges dorés pour qu’elle cesse de courir. Kriss ne croit pas aux miracles, pourtant il lui semble déceler dans le regard de Tristan un intérêt soudain, comme s’il la regardait une nouvelle fois sans détour, mais cette fois pas uniquement dans ce présent, dans ce qu’elle est, mais aussi dans ce qu’elle pourrait être. Il la jauge. Cela ne dure qu’un battement de cœur, qui l’invite à revoir ses plans, à ne pas songer tout de suite aux moyens les plus brutaux de lui faire entendre raison, qui pourrait le braquer quand il y a encore cette infime possibilité qu’il dise oui. Tristan se lève, se rhabille de son indifférence blanche, ce faux visage. Et s’il lui ouvre une porte sans pour autant l’inviter à le suivre, Kriss le prends comme tel.

Kriss pourrait se lever et emboiter son pas. Mais alors que la foule engloutie celui sur lequel elle a posé son révolu, un sentiment étrange s’empare d’elle. Elle prend son temps, rattache sa pochette autour de son poignet fin. Se donner comme ça, la terrifie. La jeune femme ne demande jamais, jamais rien. Elle exige, elle prend, elle vole, elle gagne, elle séduit. Kriss obtient toujours ce qu’elle désire mais parfois l’obtenir d’une manière qui lui plait lui enlève le plaisir ensuite. Cette fois c’est différent. Il y a bien trop d’enjeux pour qu’elle puisse accepter de perdre. En se levant pourtant, Kriss envisage la possibilité qu’il ne puisse jamais vouloir d’elle. Un vrai NON. Sans doute alors, s’il le prononçait, ne pourrait-elle plus jamais le voir comme elle aimerait le voir. Traversant la foule à sa suite, elle emprunte la même sortie et rejoint la nuit. Ses yeux se reposent sur sa silhouette sombre. Une hésitation palpite le long de son échine vertébrale.

Il y a cet espace, court, dans le temps. Cette distance entre leurs corps, et peut-être, leurs esprits. Les voluptés de fumée sont comme ce masque qu’il porte. L’air est toxique et clair, comme portée par la froideur du ciel et la fraicheur de la nuit. Kriss devrait avoir peur de lui, maintenant qu’il porte son masque, mais ce n’est pas de la peur qu’elle ressent. Il fume, sans l’attendre et peut-être malgré son indifférence, l’attend-il un peu. Il fume, la fumée l’habille de cet irréel qu’ont les acteurs sur scène. Le froid le couvre de mystère, de cet intense sentiment d’être retenue dans les airs, un trac, une attente, le froid électrisant, comme un instant perdu le temps. Le masque le rend lointain et fantomatique. Aussi glacé que ces montagnes à l’horizon que l’on envisage de gravir. Une ascension vers les neiges éternelles, pour se trouver plus près de la voute terrestre. Certains cherchent les étoiles, Kriss se perds dans la nuit et ses ombres chavirent à l’abrupt des falaises. Il semble intouchable. Il semble déjà parti. Ou peut-être juste à la lisière du réel attendant de disparaitre dans la nuit.

La jeune femme n’a pas la timidité des biches qu’effraient le moindre bruit, ou le placide des bovines à l’œil fade et las. Elle a le courage de son jeune âge, l’impertinence de ses insolences. Son pas est léger, elle a la grâce des chats, elle rejoint Tristan et se pose juste devant lui. Devant ses yeux qui aspirent la nuit, entre les trous pales de son masque brisé. Qu’il la voit. Kriss pourrait parler. Et ses mots glisseraient dans l’air, lettres épistolaires qu’elle aimerait qu’il ouvre, qu’il lise comme il lirait dans le fin fond de son âme, les réponses aux questions qu’il ne pose pas. Mais les mots lui manquent. Une brise fait frémir les mèches de sa chevelure. L’électricité du ciel passe sur sa peau fine. Un éclat de faim, l’envie de gouter à cette énergie dévastatrice qui se cache sous ce masque. Tristan pourrait ne plus être personne. S’il part, si elle le laisse partir, il sera à jamais étranger.

Mais pas encore, pas tout de suite. Sans les fausses lumières pour éclairer son visage factice, les ombres déchirent les traits lisses de son masque. La profondeur de son regard, ce noir sombre si plein d’ombres mouvantes, lames de fond du crocodile, iris qui ne se distinguent des pupilles que pour mieux noyer leurs adversaires, Kriss s’y engouffre, laissant les eaux froides la dévorer de toute part. La jeune femme ne sait pas exactement ce qu’il veut qu’elle dise, mais elle sent la possibilité infime qu’il repose son attention sur elle si de ses lèvres s’échappent des paroles qui retiendraient son intérêt. Pour qu’il l’observe, encore, de haut en bas, comme l’on jauge un cheval de course avant de l’acheter. Kriss est si proche de lui, et patiente. Elle attend qu’il respire l’air asphyxiée de la demoiselle blanche qu’il tient entre ses doigts. Peut-être ne perçoit-il pas la volonté profonde qui l’anime, le sérieux de sa demande, cette violence sauvage et dure, glacée par les étoiles trop lointaines, brulée par ses souvenirs trop intenses. Une volonté forgée au fer de quelques remembrances, brutales et vaines. Ce labyrinthe impossible et sans autre sortie que la mort qui noya tous ses espoirs et transforma son âme. Il n’y a rien que Kriss ne puisse endurer. Sa voix se pose dans l’air comme une évidence.

Rien ne me fait peur.

Rien de réel. Rien qu’elle ne connaisse déjà.
Sa main est délicate, papillon léger qui glisse dans l’air jusque ses doigts. Elle vient voler cette cigarette comme s’il la lui avait offerte. Les peaux s’effleurent à peine, contact fugace. Les doigts retiennent le feu froid, le passe à ses lèvres. Elle inspire sans cesser de le regarder. L’air toxique glisse dans son corps comme la brume caresse les collines. Un brouillard qui vient engourdir ses sens, et qui les allume, un poison qu’elle dévore sans se soucier des blessures qu’il pourrait laisser sur son corps, puisque son corps guéri si vite. Ses lèvres charnues soufflent la fumée comme s’il s’agissait d’un jeu, comme si elle voulait étendre dans le ciel le feu de ses pensées. Si seulement la fumée était de ces magies qui ensorcellent, si seulement Tristan pouvait respirer son souffle et son espoir, pour qu’ils deviennent siens.

Je suis beaucoup plus solide que j’en ai l’air.
Et je ne demande jamais rien à la légère.

Tristan la prend peut-être pour une de ces poupées de porcelaine, ses danseuses fines aux ailes de cygnes et aux pieds étriquées dans des chaussons. Frappe moi, tu verras, rien ne me casse. Et il peut lui apprendre à danser, s’il en a envie. Le moindre des exercices, ou la moindre fantaisie, cela ne lui importe peu si elle peut rester à ses côtés et apprendre de lui. Gracieusement, elle lui rend sa cigarette, portant sa main à la sienne, sans s’y loger. La plaçant entre ses doigts avant de s’échapper. Une lueur de défi brule soudain son visage.

Teste-moi. Je ne te décevrais pas.

Dans ses pupilles scintillent une nouvelle résolution. Et alors, se mettant en danger, sans se soucier de ce qui pourrait arriver, de ce qu’il pourrait dire, lui laissant sans vergogne la main mise sur son existence comme s’il avait déjà dit oui, comme s’il était déjà son mentor, elle parle du venin de sa langue trop habituée à prendre la vie pour pouvoir respecter la sienne. Ses mots sont lents, soigneusement énoncés, pour qu’il n’ait nul doute qu’elle ira jusqu’au fond de ses pensées.

Si tu veux, on peut retourner à l’intérieur, j’emprunterais ton masque.
Et on verra combien de temps je tiens contre l’une de ces brutes.

Et qu’importe la robe, sans valeur, ou sa peau fine qui trop vite se tache des couleurs mordorées de ces bleus qui si mal vieillissent. Qu’importe ses os, trop fins pour trop de coups, ou même ses poumons, qui s’essoufflent si on les frappe. Qu’importe tout ce qui se passera à l’intérieur. Et qu’importe même si elle se refuse d’utiliser ses pouvoirs surnaturels. S’il s’agit du seul moyen d’obtenir son attention, elle s’y résoudra sans le moindre frisson.
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Tristan K. Bellamy
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MessageSujet: Re: Shadow Dancers   Shadow Dancers EmptyMar 22 Mai - 12:29


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Kriss & Tristan
featuring
Il s'était faufilé comme une ombre vaporeuse entre les corps trop bruyants, sa haute silhouette masquée s'éloignant dans la pénombre. Au dehors, la nuit était fraîche et silencieuse. Tristan happa une bouffée bienfaisante de solitude et se lova dans la quiétude de l'air. La devanture de la librairie n'attirait pas le regard mais il s'en éloigna en quelques pas prudents avant de s'abriter sous le auvent d'un porche. Son masque ne dévoilait que ses lèvres entre lesquelles il coinça le bâton de nicotine. Le silence était davantage qu'un manteau, il se faisait armure contre le reste du monde. La plupart s'y heurtaient et n'insistaient guère, contrairement à cette inconnue au regard habité. Si un spectacle de danse pouvait inspirer du plaisir sur le plan esthétique, peu de personnes venaient au Bones pour admirer les combats d'un point de vue artistique. Il semblait cependant que ce fut différent pour cette jeune audacieuse au parfum aventureux. Tout en inspirant une bouffée de sa cigarette, il se surprit à s'interroger sur elle et sur cette notion de partage qui le laissait méditatif. Les miracles n'existaient pas et l'on ne transmettait guère certaines choses de manière simple ou superficielle. Peut-être s'était-il investi auprès de Vaas plus qu'il ne voulait bien l'admettre et cette pensée l'écorcha désagréablement.

Ses pensées confuses s'entrechoquèrent quelques secondes et Tristan les souffla hors de lui dans une volute de fumée grise. Il aurait pu s'évanouir dans l'espace, lui aussi, cesser les combats pour ce soir et oublier cette rencontre furtive. Néanmoins, lorsqu'il  perçu le bruit léger des pas sur le trottoir et qu'une mince silhouette apparu dans sa vision périphérique, une pointe de satisfaction le piqua. Elle l'avait suivi et il tourna le visage vers elle pour la contempler sobrement au travers de son masque. Il faisait trop frais et Tristan ignorait si le léger frisson qui courrait sur son corps était dû à la fraîcheur du temps où à une bribe d'excitation. La curiosité possédait la vertu de percer la carapace d'indifférence qui enrobait son être, il aimait la ressentir et ses sens s’aiguisèrent le temps d'une respiration. La brise chassa la fumée dans le visage de la poupée diaphane mais elle ne recula pas. Rien ne lui faisait peur. A ces mots, un éclat de rire sournois résonna au fond de son crâne et Tristan frissonna encore une fois, un sourire aérien se dessinant au coin de sa bouche.

« L'absence de peur n'existe pas. Tu feras face à la tienne tôt ou tard. »

L'arrogance ne lui déplaisait pas. Qu'elle vienne le défier par des bravades prouvait en effet un certain courage qui le poussa à attendre la suite avec intérêt. Il ne cilla pas lorsqu'elle lui subtilisa la cigarette, le contact était léger et le geste aérien même si elle forçait l'échange, le temps que leurs souffles toxiques se mêlent l'un à l'autre, dans ce bref espace qui les séparait. Des bouffées qui faisaient connaissance avant que les esprits ne puissent se comprendre, tandis que les regards s'évaluaient. Dans les tribus indiennes, le fait de fumer ensemble symbolisait le partage et le souhait de faire des choses en commun. Tristan s'imagina quelques secondes en tant que porteur d'un calumet onirique sur lequel un papillon de nuit était venu se poser. C'était logiquement au porteur de décider s'il offrait ou non ce symbole mais le papillon était un voleur gracile qui venait chercher ce qu'il désirait ardemment. Tristan songea à cette autre voleuse qui était venue à lui autrefois. Helix avait dérobé sa machette, symbole de guerre et d'autorité. Helix avait volé son cœur. Mais cette inconnue aux manières délicates ne souhaitait emprunter que son attention. Alors, il l'écouta, il apprécia la solidité dissimulée sous son allure fragile, il évalua la force de son obstination.

Tristan était difficile à atteindre, il s'échappait sans cesse dans les méandres de son esprit et sous la cuirasse de sa méfiance. Pour l'attraper, il fallait vraiment le désirer, et la volonté de l'inconnue demeurait tout aussi vive et brillante au fond de ses yeux. Il recueillit la cigarette empruntée qui revint se glisser entre ses phalanges et la laissa se consumer un instant, les cendres se désagrégeant dans l'air en de fines particules grises. Les mots étaient puissants, ils résonnèrent à l'intérieur de lui quelques instants, tandis qu'il se perdait dans la lumière qui irradiait des pupilles scintillantes. Au fond de lui, Tristan éprouva l'envie de rire à pleine voix, comme un enfant ébranlé par une décharge d'enthousiasme. Son cœur vibra un peu et il hocha doucement la tête. Cette fois, il ne s'agissait pas d'un rire parasite et déconcertant, c'était un rire plus profond et sincère, un rire qu'il garda au fond de lui et se marqua simplement dans l'éclat de son regard.

« C'est d'accord. »

Annonça-t-il d'un ton égal. Muré dans une attitude éternellement hautaine et indifférente, il profita des ombres et de la pudeur que la rue déserte leur offrait pour ôter délicatement son masque. La proposition était alléchante et si elle l'avait prononcée sans y réfléchir, il n'était plus temps pour elle d'y renoncer. Tristan n'attendit donc pas pour la mettre face à son propre défi et lui fournir ainsi l'objet qui lui permettrait de conserver son anonymat. Retrouvant son regard, il haussa un sourcil condescendant. Parfois certains vantards criaient trop fort et trop vite des promesses qu'ils n'imaginaient jamais être contraints de prouver. Il la prenait au mot et au vol. Le papillon aux longues ailes graciles se les feraient-il arracher pour l'honneur ?

« Comment imagines-tu te battre avec de telles ailes ? Je veux dire... ta robe. Tes chances de rester debout plus d'une minute sont minces mais je suis curieux d'admirer ta danse. » Certes, elle était davantage vêtue pour un bal que pour un combat mais c'était là son choix et Tristan ne songeait nullement à l'en dissuader, bien au contraire.
« Pour t'inscrire parmi les combattants, demande Kostia au comptoir. » Souffla-t-il, avant d'inspirer une nouvelle bouffée.

Son regard sur elle se voulait moqueur et distant, une rebuffade de plus pour la décourager, de manière plus ou moins inconsciente. Pourtant, au fond de lui même, il espérait qu'elle aille jusqu'au bout de son défi et qu'elle parvienne enfin à lui démontrer sa valeur concrète. Peu lui importait qu'elle vainque son adversaire, il n’espérait pas plus qu'elle parvienne à encaisser les coups plus de quelques secondes avant de déclarer forfait. En vérité, ce n'était pas réellement ses aptitudes qu'il souhaitait tester mais son courage et sa volonté. Celle qui lui permettrait de poursuivre un entrainement digne de ce nom. Parce que oser prendre des risques, s'exposer au danger et accepter de mordre la poussière faisaient partie des preuves qu'il attendait. Lorsque l'esprit était fort, c'était ce qui comptait vraiment. Ainsi, il déposa le masque dans le creux de la main gracile au poignet bleui et une ombre de sourire s'étira sur ses joues creuses.

« Je t'attendrai parmi les spectateurs. Ne meurs pas. » Cela aurait été dommage.

*

Dans la fosse, les nettoyeurs ôtaient les corps décharnés des zombies qui s'étaient repus d'un participant trop peu prudent. Il ne restait pas grand chose de lui, après ces macabres ripailles et des traînées de sang recouvraient certains cotés des murs pierreux. Tandis qu'on préparait la scène pour le prochain combat, les organisateurs peinaient à trouver un adversaire intéressant à proposer aux parieurs. Il semblait que personne n'osait affronter le diable qui attendait son concurrent aux abords de la fosse, roulant des mécaniques. Ce combattant était connu au Bones comme étant rarement vaincu, il s'agissait d'un métamorphe donc la force n'avait d'égal que son endurance à encaisser. Petit et trapu, il ressemblait à un satyre avec ses larges cuisses musclées et son torse poilu, constellé de cicatrices. Il possédait des cornes de fer sur un casque vissé sur sa tête et souvent en faisait-il usage pour transpercer ses adversaires. On ignorait en quoi il se transformait mais, même sous sa forme humaine, ses capacités et sa force étaient phénoménales. Tournant autour de la fosse, il haranguait la foule, défiant quiconque d'oser l'affronter, dans des rires de stentor. Les organisateurs auraient aimé lui proposer un adversaire original au lieu de se rabattre une fois de plus sur les zombies de Grayson Hawk...

Souplement, Tristan s'était glissé parmi la foule, ayant retrouvé dans les coulisses son blouson à capuche dans lequel il s'était enveloppé. La mystérieuse amatrice de combat avait-elle été jusqu'au bout de ses promesses ? S'était-elle réellement inscrite ? Sans doute ne tarderait-il pas à le savoir et ainsi, Tristan s'installa non loin de la fosse, surveillant les allées et venues du molosse qui attendait sa prochaine victime.



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Kriss M. Grimm
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MessageSujet: Re: Shadow Dancers   Shadow Dancers EmptyDim 24 Juin - 13:57

Shadow Dancers

 

J’ai toujours aimé le désert. On s’assoit sur une dune de sable. On ne voit rien. On n’entend rien. Et cependant quelque chose rayonne en silence.*


Ses pupilles brûlantes tentent de lire au travers du masque les pensées de l’homme crocodile, qui, immobile, semble aussi calme que ses frères plein d’écailles. Ses yeux se plissent, ses sourcils se froncent. Elle se concentre, cherche, dans la moindre brillance, cette vérité qu’elle veut entendre. Avec cette peur intime, grondante, qu’il ne s’intéresse plus à elle. Les secondes sont peut-être courtes, mais elles lui semblent plus longues. Les secondes sont peut-être bruyantes, mais elles lui semblent terriblement silencieuses. Kriss observe ses lèvres comme si sa vie en dépendait, et, peut-être, le court de sa vie en dépends. Elle l’observe et l’attends, patiente bien que fourmillant de cette énergie presque brutale. Il souffle sur des braises qu'il allume, la faire attendre fait frémir ses sens. Il lui semble que le monde autour est pareil a cette métaphore terrible. Comme si elle était seule vivante, et que son souffle était plus rapide. Il lui semble que le monde autour s’est arrêté. Comme si le chat errant là-bas était plus lent, comme si l’oiseau de nuit restait suspendu dans les airs. Comme si la nuit elle-même ralentissait. Et peut-être n’est-ce que les battements de son cœur plus rapides qui excitent des sens, qui, furtifs, lui renvoient tout si vite qu'il lui manque la notion de temps et d'espace. Peut-être est-ce l’attente qui allonge le rythme du monde. Ou est-elle juste terriblement plus rapide, oiseau flamboyant tenu en cage sous le diaphane de sa peau.
 
Et enfin il parle. Sa voix est neutre. Et peut-être cherche-t-il à l’éloigner encore, à lui souligner que de ses émotions et désirs, elle n’en touche rien et se noie dans son ennui. Qu’elle est seule. Mais Kriss a toujours été seule. La solitude ne lui fait pas peur, il y a des batailles qu’elle seule peut mener, elle n’a pas besoin qu’on l’accompagne, qu’on la rassure ou qu’on la protège. Elle n’a besoin que de ce qu’il lui offre, le défi, l’accord, la direction. Une raison de se battre, peut-être sous le feu des projecteurs, elle qui se réfugie toujours dans les ombres. Une raison de combattre quand elle n’a aucune chance de gagner. Et d’entrer dans l’arène, sachant qu’elle en sortira blessée. Les perspectives devraient lui faire peur, mais ce n’est pas la peur qui fait battre son cœur, c’est la victoire. Kriss a son attention, elle la détient enfin. Capturée entre ses doigts, ses gestes. Elle peut la sentir courir le long de ses paroles pourtant calmes, battant la mesure alors même qu'il semble l'ignorer. Elle lui réponds dans un sourire.

Ne t’inquiètes pas pour ça.
 
Kriss ouvre alors sa pochette pleine d’argent, en sort une fine arme dissimulée dans la couture. Elle la retire de son fourreau. La lame est une pointe, elle l’enfonce dans sa robe, la trouant sans le moindre frisson d’hésitation. Tirant vers le bas, elle ouvre le tissu le long de sa cuisse, libérant ses jambes du fourreau de sa carapace féminine. Comme s’il ne fut rien, et sans pudeur, elle remet la pointe dans sa pochette qu’elle ferme avant de la tendre à Tristan. Il y a beaucoup d’argent, et aussi une arme, mais elle la lui tend avec ce qui ressemblerait à de l'innocence si elle ne s’amusait si souvent à tester les gens dont elle s’entoure. Kriss lui donne une raison de fuir son regard. S’il prend l’argent, et la lame, il n’est d’aucun temps futur où elle pourra lui faire confiance si, alors qu’elle se prête à son jeu et met en danger sa vie, il ne pense qu’à lui voler quelques pennies. Le test est dans les deux sens. Elle doit faire ses preuves, lui aussi.

Il lui souffle un nom et voila qu'un frisson s'empare de son échine. Est-ce le tract ou la réalisation qu'elle se jette au milieu des fauves, enfin, pour son bon plaisir? Peut-être est-ce un peu les deux. Une excitation papillonne dans ses veines, mélange troublant de faim, de plaisir et de crainte. Il y a dans l’arène ce qui fait battre son cœur si fort, et pourtant c'est la première fois ce soir qu'elle envisage d'y entrer. Comme si auparavant il y avait un mystère, un secret, une raison plus profonde qui l’éloignait de l'action pour la laisser parmi les spectateurs. Elle se saisit du masque qu'il lui offre. Elle ne compte pas mourir.

Pas ce soir.
 
Elle dépose le masque sur son visage. Cette fois il est sien, elle ne lui a pas volé, ne serait-ce qu'un instant. Et s'il est pareil à tout à l'heure, il est différent. Il y a moins de sueur, comme si elle avait séché.  Ou que la nuit en avait évaporé l'essence. Il est toujours brisé mais il lui semble parfait, s’emboîtant sur son visage comme s'il fut sien. Sa chaleur la surprend, son odeur aussi, un mélange de fumée et de nuit, du reptile et de l'homme. Kriss serre le nœud dans ses cheveux. Le regarde au travers de son propre masque. Ses lèvres victorieuses s'ouvrent sur un sourire puis se referment. Ses yeux se déconnectent et son attention se reporte sur cette bataille à venir. Ses muscles se tendent, sa marche s’entame, elle remonte le temps, l'espace, et revient à l’intérieur affronter Kostia et la foule, l’arène et son vainqueur.  


***

 
A l’entrée de l’arène, elle retire ses talons hauts et les pose dans un coin, presque avec soin. L’un à côté de l’autre, gardien et protecteur, cette identité qu’elle porte comme un visage et qu’elle dépose devant l’arène. Kriss n’a jamais vraiment besoin de masque, le mensonge est le voile qui floue ses traits. Mais ce soir, elle ne peut plus mentir. Quand elle se bat, Kriss ne ment pas. Et d’habitude elle se bat pour tuer. Mais ce n’est pas une question de mortelle morsure, de fugace vol d’énergie ou de violence manipulatrice. Ce soir le chat doit se battre sans sortir ses griffes puisqu’il sera sous le feu des protecteurs et qu’il ne veut pas qu’on les lui lime ensuite. Ce soir Kriss ne se bat même pas pour la victoire, ce n’est pas un combat qu’elle peut gagner encore. C’est celui qui sera dans l’esprit du crocodile qu’elle doit nourrir, c’est son imagination qu’elle doit enflammer, c’est à travers ses yeux qu’elle doit briller.

Alors, elle entre, à pas de chat. Des sifflements vrillent ses tympans. Le rythme de l’arène semble aussi rapide que le sien. Le vainqueur est moqueur, s'il cesse sa course folle dans l’arène, tournant en rond pour se chercher un challenger, il ne la prends pas au sérieux. Les yeux de Kriss cherchent dans la foule en hauteur, mais ne se plongent que dans le regard aliéné de quelques vautours. Tristan est peut-être parti déjà. La lumière étincelle sur son masque, la pâleur de sa peau l'habille d'une lueur presque électrique. L'air est toxique, elle peut sentir les odeurs d'histoire passées, une odeur de sang et de transpiration. Une odeur de peur et de victoire. Les phéromones magnétiques de batailles à mort. Son âme carnivore s’excite. Une faim papillonne à la surface de sa peau si fine. L'envie de toucher et de prendre, l’énergie comme les souvenirs. L'envie de le faire sous la lumière, et de faire taire ses insultes qui cognent à son ouïe.

Un homme parle, plus fort que les autres, mais elle peine à entendre, son cœur bat bien trop fort. L'autre homme dans la fosse semble s’arrêter, se mettre en position. Si elle le croisait dehors, sans doute ne l’envisagerait-elle même pas. Il est trop fort. Il y a de la hargne dans son sang, fiel de ténacité, ce serait le genre d'homme qui se débattrait jusque la mort, le genre d'homme qui arriverait peut-être à la décrocher de sa prise et à prendre le dessus sur elle. Un homme qui n'aurait pas besoin d'air pour se battre. Et pourtant, il fait la même taille qu'elle. Elle l'entends qui siffle, qui jure, qui la prends pour une putain et demande un vrai adversaire. Elle le sent qu'il la regarde, elle se sent presque blessée par le transpercement de ses pupilles. Il dévore ses jambes longues et sa croupe qu'il imagine docile. Il la regarde comme s'il s’apprêtait à bondir sur elle pour la manger. Alors ses lèvres s'ouvrent sur un sourire enjôleur, elle souffle les braises de son imagination d'une provocation.

Viens, approche, je vais bien prendre soin de toi.

Sa gorge se déploie en un rire gras, il s'apostrophe, mais son œil est méfiant. Il s'approche dans une caricature un peu lourde de l'animal dont il doit être l'ombre. Mais d'un coup de jambe elle l’éloigne. Souple et rapide, elle frappe son visage. La tête masculine bouge à peine, elle l'agace davantage qu'elle ne le blesse. L'homme aux cornes se repose sur ses appuis et cette fois ci s'approche avec plus de convictions, ses poings fusillant l'air, Kriss évite le premier avec facilité, mais le second cogne son ventre. De quelques coups de jambes, elle l’éloigne d'elle pour reprendre son souffle. L'homme semble davantage s'amuser que la prendre au sérieux. Il s'approche à nouveau. Kriss est rapide et ses sens sont surnaturels, elle prends le rythme de l'homme et se concentre uniquement sur lui, oubliant la foule autour, oubliant les cris et la nuit dehors. Sous la lumière des projecteurs se recentre son existence. La jeune femme anticipe ses gestes, les évite comme elle le peut, tentant de le toucher chaque fois qu'il lui en donne l'occasion. Kriss n'a pas de force dans ses poings, chaque fois qu'elle se bat, elle touche pour voler l’énergie, vidant progressivement son adversaire de son feu vital alors qu'elle recharge ses batteries. Elle n'a jamais eu besoin de percuter, de cogner, de frapper pour blesser. Ses coups sont faibles, mais ils agacent le métamorphe. Ses poings se font plus durs quand il la frappe, certains l'affaiblissent et la laissent, quelques secondes, si faible qu'il lui semble que jamais elle ne pourra briller au yeux de Tristan. Il semble pareil au Minotaure qui court dans les labyrinthes cruels de ses rêves les plus sombres. Toujours derrière elle, toujours prêt à la frapper. Aucun de ses coups n'abat sa volonté, il semble qu'elle ne puisse rien faire pour ralentir sa course. Et ses cornes de fer, qui se moquent et s'amusent, de lesquelles naissent les ombres dentées de ses craintes qui lui soufflent, Va-ten, échappe toi, tu ne peux pas gagner ! Pourquoi te battre ? Kriss ignore les ombres et les cornes, elle ignore la foule et ses cris, elle se bat pour sa vie.Tentant une nouvelle attaque, elle se laisse surprendre, le poing de l'homme cogne sa tempe, ouvre la peau fine de son arcade, bleuie sa pommette sous le masque. Kriss se retrouve projetée en arrière, tombant dans le sable. Elle l'entends rire derrière.

Ma jolie, tu devrais t’arrêter avant que ce ne soit trop tard.
Je ne veux pas abîmer ton joli minois.

Du sang coule le long du masque, brouillant sa vue et ses sens. Un sang sombre qu'elle ne peut laisser voir. Un instant, court et chaste, elle songe à demander que tout s’arrête, à se retirer du combat avant qu'il ne soit trop tard. Mais ses iris claires se lèvent, elle voit Tristan, juste au dessus d'elle, si près soudain. S'il est là, s'il est là encore, elle ne peut pas le décevoir, il est hors de question qu'elle abandonne le combat. Alors elle se redresse, lui lance un léger signe de tête, plein de défi, avant de se retourner en courant, se jetant sur son adversaire, les jambes en avant pour mieux encercler sa taille à laquelle elle s'accroche. Ses mains frappent son visage, retire les cornes du minotaure comme s'il lui eut fait offense de les porter ainsi. Et, alors que les coups de poings pleuvent le long de son corps, blessant ses reins, elle frappe de ses deux mains plates ses tympans, le plus fort qu'elle peut, lui adressant pour la première fois une blessure qui fut peut-être réelle, et au moins assourdissante. Se laissant tombée en arrière alors qu'il la rejette, elle ne lui laisse pas le temps de reprendre ses esprits, et tente de le frapper de ses jambes.

Mais s'en est assez, elle a blessé le métamorphe. Il a perdu le goût du jeu et de la chasse. Il attrape sa jambe en vol et la projette toute entière contre le mur de la fosse. Sa tête frappe la première, juste au dessus de la nuque. Et Kriss se sent partir, s’évanouir. L'inconscience se saisit d'elle comme l’écrin protecteur entoure la pierre. Douce, sombre, aveuglante, sensation de perdre pied. Son corps tente de se relever mais ses yeux voient blancs, puis noirs et elle retombe dans le sable. Poupée sans vie, marionnette au souffle léger et persistant malgré la violence de l'impact, elle semble s’être perdue dans l’arène. Pantin sans maître. Corps échoué dans la nuit. L'énergie brillante qui anime son corps semble s’être évanouie.
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Tristan K. Bellamy
SYMPATHY FOR THE DEVIL

Tristan K. Bellamy
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MessageSujet: Re: Shadow Dancers   Shadow Dancers EmptyVen 20 Juil - 22:00


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Kriss & Tristan
featuring
Les yeux de Tristan brillaient dans les profondeurs de son capuchon. Son blouson était probablement trop chaud dans cette salle surpeuplée où les corps se pressaient les uns contre les autres pour s'amasser autour de l'arène. Mais ni la promiscuité ni la chaleur ne le gênaient présentement. Habituellement, il se sentait mal à l'aise au milieu d'une foule et la sensation d'étouffement l'agressait tout autant que la présence puante des autres. Mais ses changements d'humeur le conduisaient à ressentir les choses de manière aussi anarchique qu'imprévisible. Aussi, à cet instant, ne songeait-il qu'au combat à venir et à la possible entrée d'un papillon aux longues ailes déchirées au cœur de l'arène. Il leva les yeux vers celle-ci, qui semblait avoir radicalement changé d'aspect depuis un moment indéterminé, sans qu'il n'y ait pris garde. Mais il se déconnectait si souvent de la réalité que ce genre de différences brutales qui lui sautaient parfois aux yeux de façon inopinée, ne l'étonnaient pas véritablement. Ainsi donc, le molosse solitaire attendait son concurrent dans cette arène avec une impatience grandissante que Tristan partageait en silence.

Il avait coincé la pochette féminine sous son bras avec naturel, comme s'il s'agissait de son propre sac à main, mais les bousculades de la foule le motivèrent à la dissimuler plus sagement sous son blouson. Comme dans tous les lieux peuplés, les pic-pokets avaient vite fait de subtiliser ce genre d'objet, raison pour laquelle Helix évitait généralement de porter ce style d'accessoire, comme elle le lui avait expliqué. Son passé de voleuse la rendait méfiante, à juste titre. De son coté, Tristan n'avait jamais été tenté par l'idée de dérober les biens d'autrui et l'idée de fouiller dans cette pochette ne l'avait pas même effleuré. L'innocence de la jeune femme s'était reflétée dans ses yeux sombres, en même temps qu'une vague surprise d'être ainsi désigné comme garant de ses effets personnels. Pour autant, si le vol ne l’intéressait guère, c'était moins par honnêteté que par orgueil, car il tenait à mériter par lui-même ce qu'il possédait. L'un des multiples principes qui gouvernait son esprit trop fier.

Mais au delà de cela, sans doute avait-il davantage été intrigué par cette dague, à la lame effilée, avec laquelle elle avait déchiré sa robe, pour plus d'aisance. Ce pragmatisme dont elle avait fait preuve témoignait d'un esprit aussi vif que déterminé, ce qui lui avait plu, tout particulièrement, sans qu'il ne l'exprime tout haut, seules ses prunelles avaient brillé d'un éclat sincère. Cette fille pâle dont il ignorait encore le prénom s'était donc rendue au combat, jambes nues et visage masqué, avec un sourire qui flottait encore dans les pensées de Tristan. Un sourire à la fois doux et assuré, à la fois arrogant et plein d'entrain. Un sourire Habité. Par la joie énergique de la lutte à venir. Et d'une certaine façon, elle avait partagé avec lui cet élan vital, insufflant une bribe de vie dans les yeux trop vides du maudit.

Un mouvement dans la foule fut l'avertissement d'une arrivée qui fut saluée par des sifflements. Ou plutôt, des croassements, semblables à ceux d'une nuée d'oiseaux voraces qui guetteraient leur pitance morbide, des charognards aux becs cruels dont la simple évocation en image mentale dans son esprit, le fit frissonner.Des croassements Tristan ferma les yeux quelques secondes, perdu au cœur de la foule piaillante, et ne bougea plus. Parfois, des pensées étranges le traversaient, comme des électrochocs de décharges haineuses puissantes qui le poussaient à désirer la mort et la destruction de tout ceux qui l'entouraient. Des scènes de massacre et de tortures flottèrent dans ses pensées, comme des images parasites et cette fois, il frissonna d'extase. Ces émotions étranges le surprenaient par leur extrémisme et parfois, quand il les exprimait de manière trop visibles, Helix parlait étrangement : elle parlait de sourire sans âme, de maladie de l'esprit, de psychopathie. Il soupira, secoua la tête et rouvrit les yeux. Sottises

Il avait entendu les insultes du satyre au casque cornu, et ressentit confusément une brève sensation de déjà vécu, comme s'il avait déjà assisté autrefois à cette scène : un homme au rire gras qui siffle et prononce des mots vulgaires. Une femme qui lui répond d'un ton doucereux et menaçant à la fois. Des souvenirs du temps d'avant où les femmes ne valaient rien pour des violeurs barbares, une chose qui semblait se répéter continuellement comme si rien ne changeait jamais. Mais il n'y avait aucun véritable oiseau dans les parages, seul des humains en quête de sensation forte et de violence, alors Tristan délaissa ces étranges impressions et son immobilité trop rigide. Il profita de sa minceur pour se faufiler parmi la foule, se rapprocher de l'arène et se placer dans le meilleur angle de vue d'où il pouvait voir les deux combattants s'affronter rudement. Elle était là. La femme-papillon, mouvante et légère, semblait deviner les gestes du Brutal avant qu'il ne les ébauche. Les prunelles du spectateur silencieux suivit avec la plus grande attention les mouvements des combattants, analysant leurs techniques, leurs parades, leurs offensives et chacun des coups qui s'échangeaient.

Le métamorphe bénéficiait de plus de puissance et lorsqu'il frappait, elle chancelait mais ne renonçait jamais, assumant le jeu cruel avec une hargne valeureuse. Elle tenait bon, jusqu'à ce coup de poing qui la percuta avec plus de violence, l'envoyant ainsi valdinguer contre le sol. Sous les quolibets de l'adversaire, les spectateurs se préparaient déjà à l'abandon de la frêle créature, qui avait déjà résisté pendant un temps considérable, compte tenu de sa fragile ossature. Elle aurait pu renoncer, certains le lui conseillaient parmi la foule, mais les lèvres de Tristan restaient scellées. Il avait déjà eu le temps d'apprécier les qualités mentales et physiques de la "putain" comme l'appelait l'autre, pourtant, une curiosité malsaine le poussait à attendre encore. Le spectacle qu'elle lui proposait était élégant, finement pervers et profondément désespéré. Mais le désespoir de la plus faible n'avait rien de criard, tout au contraire du Rustre qui la haranguait stupidement. Tristan songea distraitement que l'homme ne savait rien de son joli minois, puisqu'il n'avait pas eut l'opportunité de la contempler sans masque. Ce n'était que des paroles sans aucun sens, destinée à accabler son adversaire à terre, probablement. Dans sa vision glaciale au détachement morbide, Tristan s'avança jusqu'à se trouver au niveau de la blessée, dégagea son capuchon pour découvrir sa tête, et chercha son regard au travers des fentes du masque. Si tu te redresses encore, j'accepterai ta demande, semblaient dire ses prunelles insensibles.

Leurs yeux se rencontrèrent, l'espace d'un bref instant avant qu'elle ne retrouve de sa combativité alors que tout semblait perdu. Il la salua du regard et la vit opérer, avec une audace qui laissait de coté toute peur, comme elle le lui avait en effet promis. La douleur ne semblait pas l'arrêter alors qu'elle tentait une manœuvre pour le moins risquée. Les oreilles n'étaient pas simplement le siège de l’ouïe mais elles jouaient aussi un rôle important dans l'équilibre du corps immobile ou en mouvement, ce qui n'était pas donc pas une simple recherche hasardeuse d'un point faible ; cependant, une telle position l'exposait aux coups de l'homme qui aurait tout aussi bien pu lui briser les os, de ses gros poings massifs. Néanmoins, en dépit de cette attaque suicidaire, elle s'accrochait sans relâche avec une obstination remarquable. Tristan pu constater qu'elle allait jusqu'au bout de son idée, sans renoncer, jouant des pieds et des mains dans une résolution visible de se donner à fond. Et lorsqu'elle fut projetée contre le mur, le choc aussi dur ne l'empêcha pas de tenter une dernière fois de se redresser. La volonté était encore présente mais le corps était trop faible, cette fois elle ne bougeait plus. Était-elle morte ? Peut-être.

Les cris s'intensifièrent et le métamorphe ramassa son casque, tout en lançant un regard farouche vers sa proie inerte, qui gisait sur le sol sableux. Dans l'éclat de ce regard, Tristan détecta l'envie d'achever l'arrogante à terre, alors que le casqué se préparait à charger sur elle, pour l'écraser. Néanmoins, il n'en eut pas l'opportunité. Tanguant sous la perte d'équilibre, le guerrier fronça les sourcils sous cette brutale fièvre qui s'emparait de lui. Le regard du Hellraiser restait braqué sur sa cible et tandis qu'il se concentrait sur la haine qui vibrait en lui, le sang du métamorphe subit sa macabre influence. Tristan ignorait comment expliquer ce prodige mais il avait eu la possibilité de s’entraîner à améliorer cette étrange compétence qui lui permettait de contrôler le flux sanguin des autres. L'oreille interne déjà malmenée par les coups de la téméraire se mit alors à saigner, sous l'impulsion du pouvoir macabre, et l'homme se prit la tête entre les mains, dans une grimace de douleur, incapable d'aller au bout du meurtre. Le vacarme ambiant dérangeait Tristan dans sa concentration mais il n'eut guère besoin d'intensifier son offensive mentale plus que nécessaire. Il ferma les yeux et reprit son souffle. En tous cas, le combat était terminé et le vainqueur leva douloureusement les bras en l'air sous les acclamations des parieurs, pressés de récolter leurs gains. Dès que l'arbitre eut déterminé officiellement le nom du gagnant, des hommes de Konstantin pénétrèrent dans l'arène pour ramasser le corps inanimé de la perdante afin de libérer l'espace au plus vite. Show must go on.



***



Combien de temps était-elle restée inconsciente ? Tristan lui-même n'aurait pas pu le lui préciser. On s'était contenté de la ramasser sans ménagement, comme on l'aurait fait d'une charogne, dans le but de la balancer dans un coin crasseux de ces caves sordides où gisaient déjà bon nombres de comateux, sonnés par les combats ou par l'alcool. Il n'avait eu qu'à tendre les bras pour la réceptionner dans une douceur relative et lui éviter un nouveau choc contre le sol pierreux. Chargé de son léger fardeau, Tristan s'était éloigné pour rejoindre ce coin plus calme de la grande salle où ils avaient précédemment partagé un verre. Puisqu'elle ne semblait pas en état de tenir assise sur une chaise, il l'installa à même le sol où il s'assit lui-même posément, lui offrant sa cuisse en guise d'oreiller. Il eut été dommage en effet que sa chevelure soit souillée par ces traînées puantes de bière et de crasse. Lui ôtant le masque poisseux, il constata le gonflement de son arcade, le haut de sa paupière violacé et surtout ce liquide d'un rouge si étrangement sombre qui recouvrait son visage. Un sang presque noir, particulièrement épais et visqueux qui rendait à son derme un aspect d'autant plus diaphane. Curieux, il médita en silence, patientant jusqu'à son réveil car il savait désormais, qu'elle n'était pas encore morte. Il l'avait craint pendant un moment, ce qui ne l'avait pas empêché de prendre soin de son corps, dans une infime marque de respect pour sa dépouille. Mais depuis qu'elle reposait sur sa cuisse, il pouvait observer les mouvements réguliers de sa respiration et percevoir les pulsations cardiaques contre sa gorge. Sortant la pochette qu'il conservait sous son blouson, il la reposa contre la main de sa propriétaire - comme on rendait ses armes à un chevalier moribond - et attendit. Lorsque les yeux de la combattante s'entre-ouvrirent enfin, laissant entrevoir la blancheur de sa cornée, il parla doucement, comme pour lui-même.

« Un jour, des marins ont fait passer un enfant par dessus le bastingage, le jetant en pleine mer pour vérifier s'il savait nager. Il aurait pu en mourir mais il a réussi le test. Tout comme toi. »

Les flibustiers étaient des hommes durs, la souffrance physique et morale saisissait l’enfant isolé, dans la promiscuité d’un espace réduit, régi par des règles viriles. La position sociale de son grand-oncle, en tant que médecin de l'équipage, n'avait nullement favorisé Tristan. Il avait appris la magie auprès de son aïeul mais c'était l'esclave de ce dernier qui lui avait enseigné l'art du combat. Josemar Breda avait été un maître extrêmement sévère, le meilleur qui soit. Tristan était loin d'avoir résolu la relation complexe qui l'unissait à cet homme et la perspective de se placer aujourd'hui dans le rôle d'un maître était aussi déconcertante que grisante. Il posa son regard sur le visage tuméfié de l'étrange jeune femme au sang noir et à la robe déchirée et pour la première fois, il la regarda en tant qu'apprentie. Cette vision le remplit de diverses sensations où se mêlaient la curiosité et l'enthousiasme.

« J'ignore comment t'appeler, Survivante. Tu avais raison, l'heure de ta mort n'est pas celle-ci. Allons-nous parler de ton absence de peur ou de ton intuition surnaturelle... ? Donnes-moi ton nom, ange au sang noir, si tu es encore capable de parler. J'espère que tu l'es. Ton crâne semble solide.»

Pour tout remède, il avait commandé deux verres de Rhum qui les attendaient sur la table au dessus d'eux. Ils pourraient y goûter, comme le faisaient les flibustiers autrefois, pour se remettre de leurs blessures, de leur ennui, pour festoyer ou pour toute autre occasion. Tristan buvait rarement mais sans doute était-ce symbolique, car autrefois Breda lui avait offert ce breuvage au cours de ce qui ressemblait à un passage rituel. Pourtant, quelque chose lui disait que ce n'était pas d'alcool dont cette créature avait besoin. Il avait bien-sûr déjà croisé ce genre de démons dévoreurs d'énergie qui sévissaient autrefois dans les ténèbres fumeuses de Darkness Fall et dont le sang avait cette même consistance noirâtre. L'un de ses plus proches amis avait été mordu par un mort-vivant et, après quelques jours de fièvre, il s'était réveillé avec une faim inhumaine, tout en conservant malgré tout sa conscience. Sans la moindre frayeur, Tristan posa sa main aux longs doigts arachnéens contre la joue ensanglantée de la blessée.

« Je n'ai pas retrouvé tes chaussures. » Chuchota-t-il. « Bois, maintenant. »

Bois mes pensées et partons d'ici. Mes souvenirs. Celui de l'homme crocodile sans âme, en quête de vie.Enivre-toi de mes pulsions de mort.



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