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 Time bomb | Itzal

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Priya Gadhavi
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Priya Gadhavi
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MessageSujet: Time bomb | Itzal   Time bomb | Itzal EmptyVen 29 Juin - 11:22


Itzal & Priya

Time Bomb


Un bourdonnement incessant lui perçait les oreilles. Priya redouta le pire. Elle était morte, s’en était fini de son existence parmi les mortels. Elle se demanda si elle avait atterri en enfer. Elle était allongée contre quelque chose de dur, elle sentait un bloc qui lui bloquait la jambe. Son corps tout entier n’était que souffrance mais le pire était cette masse qui l’empêchait de respirer. Petit à petit elle revenait à elle, réalisant l’horreur. Doucement l’Indienne osa ouvrir les yeux. Son regard ne put que constater le désastre. Tout était allé tellement vite que la jeune femme n’avait pas eu le temps de comprendre ce qui arrivait. Au-delà du nuage de poussière qui lui obstruait la vue, Priya n’arrivait pas à distinguer ce qui l’entourait pour la simple et bonne raison qu’il n’y avait plus rien. La tour gouvernementale dans laquelle elle se trouvait quelques instants plus tôt venait d’être réduite en poussière. Hagarde, la jeune femme fit une grimace lorsqu’elle tenta de dégager sa jambe. Elle poussa un hurlement d’horreur lorsqu’elle constata que la chose qui lui bloquait la jambe n’était autre qu’un corps. Un cadavre dont la chemise blanche était imbibée d’un liquide pourpre. Un bloc de pierre avait écrasé la tête du mort. C’est là que l’Indienne se souvint de ce qui était arrivé, son visage se mit à blêmir tandis qu’elle retenait un haut-le-cœur.

Un peu plus tôt dans la journée Priya avait pris place dans son bureau accompagnée de Dimitri. Elle ne quittait plus son garde du corps depuis la mésaventure qui l’avait conduite à fuir sur la moto d’Itzal. Un fou voulait sa peau et ses supérieurs ne la lâchaient plus d’une semelle. Priya ne voulait pas faire de vagues, il était inutile de s’attirer de nouveaux des ennuis qui finiraient par lui coûter sa place. Elle n’avait pas eu le temps  de recroiser le Vénézuélien, ce n’était pas pour autant qu’il avait quitté son esprit. Au fond elle espérait qu’il comprendrait. La situation n’avait rien d’évident. Se voir en cachette restait leur seule option mais cela s’avérait impossible sous la surveillance de Dimitri. Assise derrière son desk, Priya finit par retirer ses lunettes et se lever. Elle avait enchaîné les malchances aujourd’hui et maudissait déjà cette journée. Son regard s’attarda sur l’horizon que lui offrait sa baie vitrée. Les bras croisés contre sa poitrine, la jeune femme soupira. Elle croulait sous le travail et commençait à être sérieusement fatiguée. Elle sentit soudainement le besoin de prendre l’air. « Je vais descendre un peu Dimitri, vous pourrez prendre votre pause je ne risquerais rien. » dit-elle en s’approchant du russe. Ce dernier acquiesça mais insista pour l’accompagner jusqu’à l’entrée. Le bâtiment était ultra-surveillé mais par ces temps de crise, aucun n’endroit n’était sûr à 100%. La descente fut rapide, l’Indienne salua Matters, un de ses collègues, lorsqu’il grimpa à son tour dans l’ascenseur. Ils échangèrent des banalités jusqu’à ce que le trentenaire ne les quitte à l’étage d’un autre service. La jeune femme l’ignorait mais c’était la dernière fois qu’elle croisait cet homme, bientôt il ne serait plus qu’un tas de chair inerte coincé quelque part sous des gravas meurtriers.  

Ce fut une fois arrivée en bas que les ennuis commencèrent pour Priya. Elle traversait le hall, trop pressée de prendre l’air, lorsque l’onde de choc balaya tout sur son passage. Sans comprendre la jeune femme se retrouva propulsée dans les airs pour atterrir contre un bloc de béton et perdre connaissance. La dernière image qu’elle avait vue était celle de Dimitri se jetant vers elle pour jouer les boucliers humains. Elle était restée inconsciente durant quelques minutes avant de se réveiller dans un paysage apocalyptique. Priya était miraculée, elle n’avait pratiquement rien, Dimitri lui avait permis de s’en sortir. L’Indienne dégagea sa jambe de sous le cadavre et pris une énorme inspiration avant de dégager le bloc qui écrasait le visage du mort. Lorsque la tête tuméfiée du russe apparut, Priya plaqua sa main sur sa bouche, elle s’écarta pour régurgiter son déjeuner un peu plus loin. S’essuyant du revers de la manche, elle sentit les larmes lui monter aux yeux. Ils étaient tous morts ou presque. Autour d’elle des tonnes de gravas s’amoncelaient sur des cadavres ou des blessés agonisant. Quelques secours s’étaient mis en place le temps qu’elle reprenne connaissance, des shadowhunters patrouillaient déjà. La jeune femme se précipita vers un officier. Elle avait le visage en partie noir de cendres et ses vêtements étaient en piteux état.

« Que s’est-il passé ? demanda-t-elle un peu hystérique. Le jeune homme en uniforme la regarda, il sembla la reconnaître.
- Une attaque madame. C’est un attentat, c’est encore un coup de ces traîtres ! » s’énerva-t-il en secouant la tête.

Priya resta silencieuse et le laissa repartir. Cette fois la résistance avait fait fort. Un sentiment de haine agita l’Indienne. L’humanité la dégoutait, la dépitait. Peu importait de quel côté on se plaçait, le prix à payer serait élevé pour obtenir la paix. Soudain alors qu’elle était plantée au milieu de ce capharnaüm, la jeune femme entendit des éclats de voix. Elle détourna la tête et constata qu’un soldat chassait un homme. Il s’approchait de lui en hurlant des choses incompréhensibles. Priya entendait mal, ses oreilles sifflaient néanmoins elle reconnut l’homme sur lequel l’autre hurlait. Son cœur manqua un battement et malgré la douleur que lui arrachait le moindre mouvement, elle se dirigea vers eux. Il fallut éviter les cadavres et se concentrer pour y voir à travers ce nuage de fumée noire. Itzal, voilà qui était la cible des menaces du soldat. Après tout ce qui venait d’arriver, les shadowhunters ne semblaient pas décidés à lâcher du leste. « Hé vous ! Arrêtez immédiatement ce que vous faites ! » hurla Priya folle de rage. Elle n’en revenait pas qu’on gâche de l’énergie pour rien dans un moment pareil. Elle constata en s’approchant qu’Itzal était lui aussi en mauvais état, se trouvait-il dans le secteur lors de l’explosion ? Pourtant il n’avait rien à faire là… Le sang noir qui s’échappait de ses plaies ne laissait pourtant aucun doute ni sur son état, ni sur sa nature de voleur d’énergie. Voilà ce qui avait attiré les foudres du soldat. Ce dernier se retourna vers Priya qui agitait son badge d’employée du gouvernement à moitié fondu. « C’est une affaire qui ne vous concerne pas, circulez ! » cracha-t-il sans savoir que Priya ne se laisserait pas impressionner si facilement.


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Itzal Macaro
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Itzal Macaro
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MessageSujet: Re: Time bomb | Itzal   Time bomb | Itzal EmptyMar 10 Juil - 22:51

Time bomb
Jamais chemin ne lui avait paru aussi long et aussi pénible. Pourtant, il en avait connus des walks of shame depuis l’extérieur, toutes ces fois où il en avait réchappé de peu et qu’il traînait la patte au pied des murs de la ville avec l’impression que s’il n’allait pas crever là, il crèverait forcément demain, un zombie de plus, un zombie de trop, et ce serait fini, et le regard narquois des soldats au check-point, comme si à chaque fois ils pariaient entre eux, rentrera, rentrera pas… Un petit délire auquel Itzal s’adonnait pleinement, là, tout de suite, au milieu des décombres. C’était toujours mieux de ressasser ce genre de souvenirs que de constater de ces yeux tout ce qu’il ne voulait pas voir. L’état du quartier. Les blessés et les morts sur lesquels parfois il marchait littéralement pour avancer. L’impression, pour le dire cash, qu’il se vidait de son sang par tous les trous, et surtout des trous pas naturels. Et la certitude, contre laquelle il luttait de toutes ses forces, à mesure qu’il approchait du building gouvernemental où avait pété la bombe, que personne n’aurait pu survivre à ça. Que si Priya ou Matthias s’étaient trouvés à l’intérieur, ils étaient morts, forcément morts, enterrés sous les décombres, probablement à jamais. Il aurait mieux fait de faire demi-tour et d’aller se faire recoudre par le premier charlatan venu, même quelques coups d’agrafeuses suffiraient. Ce n’était pas l’espoir qui le faisait avancer, ça c’était sûr. Chaque pas qu’il faisait, lourd et douloureux, était un coup de marteau de plus dans le clou de ses certitude. Morte. Mort. Morte. Mort. Morte. Comme les autres. Ils n’étaient spéciaux que pour lui, après tout. La vie, le hasard, la malchance, tous ces trucs se foutaient bien de savoir qui étaient Matthias et Priya, deux êtres vivants de plus ou de moins, que dalle, rien du tout, et on s’en fout qu’Itzal, lui, ne s’en fout pas. Il s’arrêta, posa la main sur un pan de mur encore debout et leva enfin les yeux, pour la première fois depuis longtemps. Face à lui, le squelette du building où, il en était certain, Priya travaillait. Morte. Forcément. Forcément morte.

Il se remit à marcher, avec une pensée pour Jooley et son flingue, et franchement, dans d’autres circonstances, il aurait été fier d’elle, comme un connard d’Américain accro à ses armes et qui voyait sa gamine tirer pour la première fois mais putain ! il avait fallu qu’elle lui troue la peau à lui, maintenant, en plus. Il n’avait même pas eu le temps de réagir, de se retourner complètement, et il s’était fait tirer dessus comme une vache. Il avait eu beau se peloter dans tous les sens à la recherche d’un point de sortie, il n’avait pas trouvé, ce qui ne voulait rien dire. Il avait vu quelques têtes se retourner à son passage, et il savait très bien pourquoi, mais heureusement, tout le monde avait autre chose à foutre que ce demander pourquoi le Latino qui se traînait là-bas saignait du sang sombre. Il le savait, il avait de la chance, et la chance ne durait jamais. Ce quartier venait de l’apprendre à la dure. Il fit une nouvelle pause pour reprendre son souffle. Bien bien. Par où commencer ? Il pouvait toujours appeler son nom. Peut-être qu’elle était tranquillement enroulée dans un plaid, chez elle, à boire du thé devant sa télé, et lui, le connard de service, au milieu des cadavres, à se la jouer Shakespeare… Elle se foutrait tellement de sa gueule, quand il lui raconterait ça. Cela le fit sourire comme un débile. C’était vrai qu’il avait l’air con d’être venu ici, comme ça, maintenant. Elle ne manquerait pas de le lui faire remarquer. Et lui insisterait sur la nature héroïque de son geste. Gentiment empêtré dans son nouveau délire, il sursauta en entendant claquer un coup de feu, puis un autre, puis un autre. Il tourna les yeux sur la droite et vit trois miliciens debout en ligne, le fusil encore fumant. Itzal savait parfaitement ce qu’ils venaient de faire. Formation exécution. Sommaire, apparemment. C’était fini, l’illusion du procès, de la justice. Voilà à quoi ça tenait, les droits de l’homme : une explosion dans le mauvais quartier. Si ça avait été sa rue qui avait sauté, les miliciens auraient été armés de balais pour pousser les morceaux de pauvres dans le caniveau, et pas de fusils.

Il commença à reprendre sa marche, mais bien sûr, il entendit une voix l’interpeller. Enfin, « hey toi ! », ça pouvait s’adresser à n’importe quel fantôme qui errait comme lui sur le champ de ruines à la recherche d’un proche. Il ne se retourna pas, ne ralentit pas – s’il ralentissait plus, de toute façon, il repartirait en marche arrière. « Arrête-toi tout de suite, ou je tire ! » Avec un grognement de chacal, Itzal s’arrêta donc, sans même se fatiguer à se trouver une excuse. Il portait sa nature partout sur lui, ce sang noirâtre et poisseux qui l’identifiait mieux que n’importe quel passeport, et eux en tout cas, ici, maintenant, avec la bénédiction du gouvernement, n’avaient besoin de rien de plus pour lui en coller une dans la tête. Super façon de claquer la porte, ma foi, Macaro. Il leva les yeux pour voir un milicien le tenir en joue de son fusil. Si d’habitude, il lisait du mépris ou du dégoût dans leurs yeux, celui-là avait carrément une lueur de folie dans ses prunelles, à croire que c’était lui, Itzal, qui avait personnellement posé cette bombe. « Connard… » Le milicien ne pouvait pas l’entendre, mais il n’en avait pas besoin. En revanche, tous deux entendirent très bien la voix féminine qui éclata sur leur droite, et ils tournèrent la tête dans un bel ensemble, même si le fusil resta braqué sur lui. Itzal crut en tomber par terre. Déboulant des ruines, l’air d’avoir dû se frayer un chemin depuis six pieds sous terre, c’était Priya. Le soulagement et l’incrédulité de la voir, de la voir en vie, et peut-être un peu aussi tout le sang qu’il avait perdu, allégea si bien son humeur qu’il se sentit soudain plus léger. Ils devaient avoir l'air malin, le soldat et son air agressif dirigé sur elle, et lui qui lui souriait comme un demeuré, hey salut Priya, ça va ? Puis il entendit le milicien lui gueuler dessus et il reprit contact avec la réalité. Mais qu’est-ce qu’elle foutait ? Il lutta contre son envie de lui gueuler dessus. C’était le plan. Leur plan. Ne pas montrer au reste du monde qu’ils se connaissaient. Il hocha vivement la tête quand le milicien lui ordonna de circuler. C’est ça, circule, ma jolie ! Peut-être que s’il le disait à haute voix, elle lui en voudrait tellement de lui parler comme ça qu’elle le planterait là. Mais il ne le dit pas. Il y avait le canon de ce fusil pointé sur lui et l’éventualité plus que probable que le milicien appuie sur la détente sans même s’en rendre compte tant il était sur les nerfs, et la mort pas très loin, et il se contenta de la regarder encore un peu.

Il avait eu ce qu’il voulait, après tout. La preuve qu’elle était en vie, alors quoi, hein, il pouvait rentrer chez lui, maintenant. Il n’avait rien fait de mal – enfin rien fait de mal là, tout de suite, dans ces circonstances. Que le milicien s’en prenne à lui était injuste au sens littéral du terme. Il n’aurait pas dû s’en formaliser. Mais ce type était de trop, là, putain. Les immeubles ne tombaient jamais sur la gueule des bonnes personnes, décidément. Il fit un pas en avant, raclant le bitume de sa semelle, et le milicien sursauta et tourna brutalement la tête vers lui. « Un geste et tu es mort ! » Un geste ? Juste un geste ? Ça ressemblait à un défi, ça. Il laissa échapper un ricanement. Voilà à quoi ça tenait, une vie. À un geste. Enfin, un geste, et une femme très, très énervée qui les massacrait présentement tous les deux du regard et n'allait pas tarder à joindre le geste à la parole. Il commença à baisser lentement la main vers son holster. Tout ça allait finir en impasse mexicaine.

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Dernière édition par Itzal Macaro le Lun 16 Juil - 15:36, édité 1 fois
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Priya Gadhavi
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Priya Gadhavi
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MessageSujet: Re: Time bomb | Itzal   Time bomb | Itzal EmptyLun 16 Juil - 9:29


Itzal & Priya

Time Bomb


La situation lui parut soudainement irréaliste. En d’autres circonstances sûrement que Priya se serait laissée aller à rire, à user de son sarcasme pour ponctuer cette confrontation complètement dingue et pourtant… Elle clignait frénétiquement des yeux, comme si elle avait voulu s’assurer que tout ceci était bel et bien entrain d’arriver. Pour son plus grand malheur, aucun des deux hommes ne disparut. Après tout ce qui venait d’arriver, après l’explosion, l’effondrement des tours, l’urgence des blessés qui agonisaient sous les gravas, l’indienne n’en revenait pas qu’un type perde son temps à menacer la vie d’autrui. Bien sûr que Priya était une supportrice du gouvernement mais cela n’était qu’un choix purement stratégique. Parce que ça lui assurait une belle carrière, des revenues confortables et la réussite après laquelle elle avait tant couru, pour laquelle elle avait tant souffert. Ce n’était pas pour autant qu’elle avait perdu son humanité, elle. Comment ce type pouvait-il menacer de prendre la vie de quelqu’un dans un moment pareil ? Déjà qu’en temps normal c’était douteux mais là. La jeune femme se dit que ce militaire devait avoir reçu un bout de mur sur le crâne et qu’il ne devait plus bien se rendre compte de son environnement. Les voleurs d’énergie étaient considérés comme des moins-que-rien mais au fond ils avaient jadis été des hommes, une vie était une vie. Les envoyer travailler dehors et les tuer en leur collant une balle entre les deux yeux étaient deux choses très différentes. Bien que la seconde solution s’avéra moins hypocrite.

Plantée là, Priya ne bougea pas d’un cil bien au contraire. Elle se contenta de hausser les sourcils et au moment où elle s’apprêtait à rétorquer, Itzal bougea, attirant de nouveau l’attention du militaire. L’indienne serra les poings. Elle lui aurait bien hurlé dessus au vénézuélien, pourquoi bougeait-il d’abord ? Ne voyait-il pas le cinglé qui pointait son arme droit dans sa direction. Alors qu’une énième menace jaillit d’entre les lèvres du shadowhunter, Priya prit une grande inspiration. Elle avait mal absolument partout, venait de voir la tête de son garde du corps complètement déformée, venait de survivre à une explosion et n’avait donc pas de temps à perdre. Surtout si c’était pour voir quelqu’un menacer le seul homme auquel elle tenait. C’était assez ironique qu’elle ne s’en rende compte que maintenant. Voir Itzal menacé par cette arme fit ressurgir tout ce qu’elle avait pris soin de cacher, d’ignorer et un flot de sentiments se déversa en elle. La détermination déforma son visage. Personne ne tuerait le vénézuélien tant qu’elle tiendrait encore sur ses jambes. « Vous êtes sourd ? Je vous ai dit d’arrêter. Est-ce que vous savez seulement qui je suis ? » se mit-elle à hurler si fort que sa voix raisonna parmi les ruines. Le garde en fut décontenancé durant une fraction de seconde, il baissa légèrement son arme. Priya en profita pour se précipiter devant Itzal. Le militaire se ressaisit et pointa désormais son arme sur elle.  Le cœur de l’indienne se mit à battre à une vitesse incroyable. Ce type n’était pas là pour blaguer, oserait-il tirer sur une femme, blessée en plus de ça ? Priya commençait à douter du fait qu’elle s’en sortirait. Déjà il était fort probable qu’elle souffre de lésions internes mais cela n’aurait pas d’importance si elle se prenait une balle. « Ne jouez pas l’idiote, bougez d’là. » cracha le milicien dont le regard suintait de haine. Encore un qu’on avait persuadé que les voleurs d’énergie était le diable en personne. Priya l’avait peut-être pensé, au commencement, quand elle n’en avait pas encore côtoyé, mais sa raison était vite revenue. La nouvelle nature d’Itzal lui avait fait peur au début, mais depuis qu’elle l’avait revu, elle avait bien compris qu’il n’était peut-être pas si dangereux que ça.

La jeune femme écarta ses bras, comme si ce geste protégerait un peu plus Itzal qui la dépassait d’une tête. Il fallait faire vite avant qu’il ne se vide de son sang. L’indienne était perdue, elle ne savait pas trop en quoi l’organisme d’Itzal différait du sien si ce n’était ce sang sombre qui auréolait ses plaies. « Bougez d’là où je vous butte tous les deux, vous comprenez pas que ce type est dangereux ?! » insista l’autre en agitant son arme à chaque mot. Un fin voile de sueur commença à recouvrir le visage de Priya déjà bien marqué par des égratignures. « Écoutez je sais ce que je fais. Croyez-le ou non cet homme m’a sauvée la vie plusieurs fois. Si vous me tuez vous aurez de graves ennuis, vous le savez aussi bien que moi. Alors dégagez maintenant, y’a des gens qui meurent là bas. » tenta Priya en ne se laissant nullement impressionner. En vrai elle avait peur, bien sûr qu’elle n’était pas rassurée ni même certaine que ce type la lâcherait. L’homme sembla réfléchir durant des secondes qui parurent éternité puis baissa son arme, un sourire mauvais au coin des lèvres. « C’est vous qui allez avoir des ennuis, miss Gadhavi. » répondit-il avant de partir.

Si Priya avait pu se liquéfier, elle l’aurait fait, au lieu de quoi elle lâcha un long soupir de soulagement. Ses jambes tremblaient encore un peu. Décidément elle ne faisait que frôler la mort dès qu’Itzal était dans les parages. Elle se retourna fasse à lui, parcourant ses plaies de ses yeux noisettes. « Ca va ? Qu’est-ce que tu fais là ? Tu as vu ce qui s’est passé ? » demanda-t-elle, complètement affolée. Pour l’instant elle n’en avait rien à faire que ce type aille raconter partout que Miss Priya Gadhavi ait voulu protéger un nettoyeur, pour l’instant tout ce qui comptait était de savoir dans quel état se trouvait le vénézuélien, elle lui devait bien ça après tout. Après toutes les fois où il avait pris des risques pour elle. « Dimitri est mort. » finit-elle par annoncer l’air triste. Oui le russe l’agaçait à la suivre partout, mais il fallait bien reconnaître que lui aussi avait donné de sa personne pour la protéger, jusqu’à en mourir. Elle ne s’imagina alors pas devoir assister à la mort d’Itzal non, elle se rendait compte finalement qu’elle avait été bien stupide de le rejeter comme elle l’avait fait, mais l’heure n’était pas aux regrets, l’heure était aux soins, jusqu’à nouvel ordre.



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Itzal Macaro
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MessageSujet: Re: Time bomb | Itzal   Time bomb | Itzal EmptyDim 22 Juil - 19:59

Time bomb
C’était difficile de ne pas se laisser aveugler par la rage en cette seconde, au milieu des ruines encore fumantes de ce qui avait été un centre d’affaire, avec les cadavres qui les entouraient, l’odeur de mort et de cramé partout, le goût métallique du sang sur la langue, la folie des hommes devenue réalité, qui leur avait explosé à la gueule à tous, les grands et les miséreux, les puissants et les faibles, tous logés à la même enseigne dans ces moments-là… Et malgré tout cela il y avait ce type, cette ordure, qui se permettait de pointer son arme sur lui au prétexte de quoi ? C’était la terreur qui lui faisait tenir son arme ainsi, le doigt sur la détente, le canon dirigé en plein sur son cœur, et c’était l’ignorance qui lui permettait de se cacher ainsi de sa conscience, de sa raison, de ses émotions, même. L’ignorance, et les ordres, aussi, voilà qui aidait pas mal les soldats à commettre les choses les plus abjectes. Qu’est-ce qui l’empêchait de tirer à part la petite voix autoritaire et tremblante de Priya ? Itzal ne savait même pas pourquoi le soldat lui obéissait. Il ne savait même pas pourquoi il était encore en vie, lui. D’ailleurs, ce n’était que l’adrénaline et la peur qui le maintenaient debout, et autant il était habitué à la première, autant la seconde n’était pas vraiment une copine de voyage. Il n’avait pas peur de mourir, mais il n’en avait pas envie du tout, ça c’était sûr. Ce qui l’effrayait, à un niveau plus global, c’était la sale tournure que cette situation pouvait prendre. Le soldat pouvait le tuer, aussi facilement que ça, réduisant sa vie à pas grand-chose, finalement, quand on voyait la facilité avec laquelle il aurait pu y mettre un terme. Il pouvait aussi tourner son arme vers Priya. Itzal était certain qu’on ne le lui reprocherait pas. Qu’on estimerait qu’en ce temps de crise, tout était pardonné. Qu’aux yeux des grands pontes du gouvernement, la vie de Priya ne valait guère mieux que la sienne. Vivants tous les deux, bien sûr qu’elle était importante pour eux, et pas lui. Mais morts, leurs deux cadavres ne généreraient pas plus d’ennui l’un que l’autre.

La voix de Priya retentit de nouveau, faisant l’effet d’un coup de feu aux oreilles du Vénézuélien. Est-ce qu’elle venait de jouer la carte de la VIP ? Mais putain, si ce tocard ne savait pas qui elle était, il allait le savoir, maintenant ! Il dut faire à peu près la même gueule que le soldat quand elle se précipita soudain pour se planter devant lui. Une petite partie de lui aurait adoré la mettre de suite devant le fait accompli, et face à ce que ses actes insensés disaient d’elle et d’eux. Mais il était bien trop occupé à étouffer de rage pour y prendre le moindre plaisir. N’importe qui aurait été admiratif ou reconnaissant de ce sacrifice mais la seule chose qui empêcha Itzal de l’engueuler était sa tentative de plus en plus vaine de cacher au soldat que Priya et lui se connaissaient. Non pas qu’elle lui facilitait la tâche, alors qu’elle continuait à dégoiser sur eux devant le soldat, qui ne devait pas en perdre une miette. Profitant que la jeune femme le dissimule à moitié, il porta la main à son flanc, sous le biceps, geste que le soldat aurait pu mal interpréter. Il baissa la tête, dissimulant son visage. « Priya… » À peine un souffle, mais il savait qu’elle l’entendait. « Priya, laisse tomber. » C’était trop absurde, comme situation. Il eut envie de rire soudain, mais alors tout le monde ici aurait eu la preuve qu’il était cinglé. Il était content qu’elle soit en vie. Oui, content. Aussi incroyablement content que cette fichue bonne femme qui faisait face à un flingue en cette seconde était incroyable. Et bien sûr qu’elle n’allait pas laisser tomber. Quand le soldat partit enfin, non sans mettre toute l’emphase dont il était capable sur le nom de Priya, Itzal aurait voulu réagir, dégainer une arme et lui tirer dans le dos, pour la protéger comme elle venait de le protéger, mais il n’en était plus capable.

Il baissa les yeux sur elle de nouveau, qui lui faisait désormais face, observa ses lèvres qui bougeaient, répondit spontanément : « Ça va, je te cherchais, j’ai rien vu. » Puis elle lui annonça la mort de Dimitri et il hocha la tête comme si c’était la chose la plus normale du monde dans ce monde devenu soudain complètement dingue. Mais c’était bel et bien normal, en quelque sorte. Qu’elle soit en vie et que son garde du corps soit mort, c’était ça, la normalité, c’était la terre revenue sur son axe. Il avait bien fallu qu’il meure pour elle, tout comme Itzal l’aurait fait aussi quand il était son garde du corps. « C’est bien », eut-il envie de dire, puis « c’est normal », avant d’opter pour quelque chose de plus adapté et de tout aussi véridique : « Désolé… » Puis il l’attira contre lui, aussi brusquement que brièvement. « Je suis content que tu ailles bien. Même si ce que tu viens de faire, c’était de la folie. » Il avait un peu l’impression de s’exprimer comme un môme de huit ans depuis tout à l’heure, et peut-être que c’était mauvais signe, mais alors il vit qu’il avait généreusement laissé quelques traces de sang noir sur les vêtements déchirés de Priya, ce qui lui fit l’effet d’un électrochoc. « Il faut qu’on bouge. On ne peut pas rester là. » Et ils n’auraient pas dû rester ensemble, même. Elle pouvait aller trouver n’importe qui et demander de l’aide, et on lui tendrait la main – tant que ce n’était pas le soldat crétin de tout à l’heure. Et personne ne l’aiderait s’ils étaient ensemble. « On se sépare ici. Mets-toi l’abri, je vais faire pareil, et on se donne rendez-vous dans quelques jours, d’accord ? » Un plan d’enfer. Il était certain qu’elle serait d’accord avec lui.

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